- L"E CONCILE. -
JUIN
1811.
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rend1;e, et 3 fnii·e cessfr l'íntel'ruptio11 clugou–
vemcment ecclésiastiquc en Francc, afin qu'o11
ne lui rcproch•\L plus de l'intcl'rornprc dans un
intérct qui lui était pcrsonncl; mais sur la clausc
additionnellc au concordut, te11dant
!t
limitcr le
temps dans Jeque! l'institution canoniquc serait
accordée' il ne pouvait se résigner
a
céder.
D'aborcl il trouvait le tcrme de trois moisbeau–
coup trop court; mais, que! que ft\t ce tcrmc,
il disait que si en définitivc le terme écoulé
l'institution pouvait etl'odonnée par le métropo–
litain, lechef de l'Églisc était dépouiilé et privé
de l'une de ses prérogativcs les plus précieuscs.
A
cela les trois prélats réponclaicnt en rccourant
aux souvcnirs tirés dessiCclcs passés. Ils disaient
que le pape n'avait pas toujours joui de la faculté
d'instituer les évCqucs ; c1ue six mois, si on
jugeait trop court ·1c tcrmc de trois, suffisaient
pour examincr l'i"donéité des sujcts prdposés, la
eritiqucr si elle-méritail d'ctre eritiquée, ets'en–
lcndre, enun mot, avcc le pouvoir lemporcl sur
les choixqui dcvaicnt étre réformés·; qu'il
aprcs t.out ne pas supposer ce pouvoi1· en dé–
mcnce, et s'appliquant
n
nommer des évcqucs
indignes ou d'uncfoi doutcusc pom·
le
pfoisir de
mal composcr son clcrgé ; que si on ne jugcait
pas ces garnntics sufiisantcs, c'est
qu'ttlors on
''otilait fúire de l'institution un
nut.reusagc que
celui d'nssurer le bon choix des sujcls, el en
faire un moycn d'nction sur le tcmporcl, nfin ele
le lenir plus ou moins dnns sn dépendnnce. Or
il
n'y avait personne, ajoutnient-ils, dansaucun
partí, qui fút pret
a
adrncttrc que la faculté
d'instiLucr pUt
dcHnir
une éil'me dans la nrnin
des popes. Sur ce point
il
fnllnil rcnoncer
a
trou–
ver de l'appui dnns quelque portion du clc1·gé
quece fút.
J,'infortuné Pie
Vil,
qui, avcc beaucoup d'es–
prit:, n'avait cepcndnnt pas toutc la force ele
ruisou
néccssairc
pour rcmontcr nux grands
principcs sur lcsqucls repose la doublc inves–
titurc eles puslcurs par le pouvoir te111porclet
par le pouvoir spirilucl, qui d'aillcurs, quand
on lui <lisait que l'insLitu lion ne pouvait CLrc
une ;.11•medans la main des papes, croyaiLapcr–
cc,1oir
un reproche dans ccL argurncnt, parce
qu'cnoífcL bcaucoup degens lui avnicnt
rnppo1té
qu'on FaccusaiLen rcfusanL les bulles de sacl'i–
ficr les intérCts de la religion aux intérCts du
soint-siégc,
Pie V
JI
ne sa\'ait que répondrc,
rccon11aissnit qu'il ne fallait pus qu'on pút nLuse1·
a
Home de la faculté d'institu
1-,
et puis ccpcn–
dant ne se rcndait pas, parce qu'il s'.1gissaiL
~o,tc~
N°Añlt\
.. r--''t!.
d'alrnndonncr une dcs·prérogntivcs dolit
il
a.vait
trouvé
le
saint-siégc pourvu. Or,
il
ses yeux,
trcmsrnctlre
Je
saint-siége
ü
ses sucecsseurs
moins riche
de
¡Hérogatives qu'il ne l'avait
trouvé, étnit une faiblcsse, uue Iacheté, dont
a
prix il ne voulait souillcr sa mémoire.
Tres-sensible
t\
l'opinion publique, il craignait
d'etre accusé par lo chréticnté de céder
01i.
¡,
In
peur, ou
n
l'cnnui de la captivité,
Et
quanJ on
lui représcnlait qu'il s'abusait sur le jugement
que le monde cntholique portcrait de 'luí s'il
céelail (ce qui était cxnct, car on n'était pas alors
aussi romhin qu'on a aujourlrhui la prélcntion
de l'etre),
il
répliquait: "Maiscomment .voulcz–
vous que je puisse
en
juger, sc11l, prjsonnicr,
sépnré de touL conscil, ne sachant sur l'opinion
de qui m'appuycr pour prcudre des délermina–
tionssi importantes?...
»
Et,
it
cctargumcnt,aussi
vrni que
douloureux,
les trois prélats, indignés
de su captivité<juoiquc cuvoyés de Nnpoléou, ne
savaicntque répondrc
i1
Icur
tour,
et se taisaient
les larmcsaux ycux, ou lui pnrlnient deconsultcr
un cnrdimll qui élait dnns Je voisinagc, le cardi–
nal Spina, le scul dont ils fusscnt autorisés
it
luí
oO'i·ir l'assistance.
Sur l'établisscment de la papauté engénéral la
qucstion étnit bien plus diílicile cncore
¡,
abor–
der. Proposcr au pape de consacrcr par son
consentemcnt l'nbolition de In puissancc tempo–
rcllc du sailit-siégc, au prix d'une richedotation
et de bcaux palais dans les capitales impérialcs,
c'était proposcr nu pape la plus désolantc et Ja
plus dóshouorantc desabdications. Ccpcndant il
connaissaiL le décrct qui avaiLréuni les Etats
romains
it
l'Empirc, et il follait admctti·c la
chute Je Napoléon, ce que bien pcu d'csprits
prévoyaient alors, pou1· ne pns rcgardcr ce Jé–
crct commc i1·rérocablc. On pouvait done, et les
prélats l'cssayerent, luí conscillcr par prudcnce
et dans l'intérót mCme du s;Jint-siége, d'acccpter
un
déUommngcment
que plus Lard peut-Ctrc on
n'obliendrniLplus, dédomnrngcmenl accompngné
d'niltcurs <le tanL d'avnntagcs pÓur Ja protection
et la propogation ele la foi catholiquc. MM. de
llarral et Tiuvoisin, !out en lui
cxpl'iman~
une
doulcur sincCrc <les cntJ•eprises de Nnpoléon,
insistCrcnl benucoup sur la néccssité
e.leménagcr
un homme qui
pou,
1
nit joucr
si
facilcmcnL en
Frunce le rólc de llcnri Vlll en Anglctcrrc, sur
la sogcssc qu'il
y
aurait pcut-ctrc
i1
profiter des
dédommagcments
qu'il
se
c1·oyrtit oLligé
d'offrir
dans le momcnt oú il dépouillait
l'Eglisc,
et qu'il
ne :;ongcraiL probablcmcnL poinL
ü
accordcr