LE CONCILE. - '"'" 1811.
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l'un et l'aulre osscz connus par lcur méritc, Jcur
rOJc conciliatcur, 1cur réccnlc mission USnvonc,
en obtinrcntchncundix-ncur. Commc il ncfallnit
qu'un mcrnbrc pour complétcr les trois nominn–
tions qu'on nrnit
a
fairc, on nppcla le sort
a
pro–
noncercntrc MM. de llnrrnlet Duvoisin, ctccder–
nicra11a siégcr au bureau. AprCs la composition
du hurcau, on lut le mcssagc. Sa rédaclion dure,
hnutninc, proeluisit In plus péniblc impression.
Tous les griefs cnvcrs l'Églisc étaient rappclés
dans ce mcssagc
an~c
une cxccssive amcrtumc,
ce qui ne concorelait pas avec la mission paci–
fique de Savone, qui scmblait avoir été ordonnéc
dans le désir d'un nrrangement aminble, et elont
Je gouvcracmcnt afTcctait mCmc de se montrcr
sntisfait afin de disposcr farnrablemcnt les es-
- prits. On se sépnra done trislc el troublé.
Les choix du concilc pour
Je
bureau étaicnt un
prernicr symplómc f:icheux. C'cst en eJTct par les
cboix de pcrsonnes que les assemblécs' mcmc
les plus discrctes, trahisscnt leurs véritables in–
clinations, car clics ont ainsi l'avantage de ma11i–
fcster lcurs opinions sans s'cxposer i1la peine ou
au dnnger de les cxprimer. Or ici, au milicu ele
l'éparpillement des suJTragcs résultnnt du défaut
de direclion, le scul mcmbrc du concilc qui ctlt
oblenu une vraic m:ijorité aprCs l'archc\•Cquc de
Ravcnne, élu par convcnancc, élnit l'archcvcquc
de llordcaux, notoircmc11t improbntcur ele la
politique religicusc du gouvcrnemcnl.
JI
s'était proeluit un nutre symplomc non
moins füchcux, et du en grande portie aux tcrgi–
vcrsalions du cardinnl Fcsch, c'était In situation
faite aux évéqucs nomrnés et non institués. Sur
vingt-scpt prélats qui se trouvnicnt dans ce cas,
il y en avait dix-huit dont on ne pouvait pas con–
teslcr la qualité épiscopalc, bien qu'on plit con–
lcstcr leur siégc.
C'étaient
ccux qui,
prornus
d'un diocCsc
a
un autrc, n'avaicnt un titre con–
testable que rclativcmcnt i1lcur nouvcau dioccsc,
mais en avaicnt un incontestable relativcmcnt ;\
l'ancien. Ainsi le cardinal Maury, aux ycux du
pape, pouvait n'étrc pas cncorc archevcquc de
Paris, rnais il était ccrtaincmcnt évequc eleMon–
lcfiasconc. Ncuf ccclésiastiqucs sur vingt-scpl ,
promus pour la prcrnicre fois
a
des siégcs, n'é–
taicnt pos cncorc tout 1 fait évcqncs pour l'icglisc,
quoiqu'ils Je fusscnt pour le pouvoir qui les avait
nommés. Puisqu'on les avait convoqués, il était
pcu séant de lcur rcfuscr voix délibéralivc, les
anciens concilcs surlout offrant l'cxcmplc de
rpcrnbrcsclélibérants qui n'étaient point évcques.
Dans les réunions préparatoircs chcz le cardinal
CO•SULU.
4.
Fcscl1, le cardinal Mnury nyont voulu introduirc
!'un eles évequcs non institués, M. de Iloulognc,
l'aulcur clu scrmon d'ouvcrturc, s'étnit écrié que
la préscncc ele ces prélats dnns lcur dioccse élait
déji1un scnudalc, que ce scandalc scrait bien
plus granel, qu'il scrait inlolérable cluns l'asscm·
bléc oú l'on allnit décielcr de lcur sort. Cctlc ''é–
hémcnlc a¡rostrophc, souffcrtc chez le présidcnt
du concilc, chcz l'onclc de l'Empcrcur, aurait
dü rcccvoir une réponsc 1 l'instant mcrnc. Tout
le
monde, aucontrairc, s'étaiL incliné
a\
1
cc une
sorlc de sournission elcvaut les parolcs de M. ele
lloulogne-, le cardinal Maury aussi bien que le
cardinal Fesch, et les
non i11slit11és,
cornrnconles
appclait, avaicnt été cxclus sans opposition des
réunions préparatoircs. Dans le scr·utin pour la
cornposilion du burcau, on lcur avait accordé
voix elélibératirc, mais enspécifiant que ce scrait
pour cctlc fois sculcmcnt, et sans lircr
il
consé–
qucncc pour !'avenir. Personnc n'avait osé com–
baltrc l'opinion qui écartait les prélals
11011
institués.
11
dcvcnait évirlcnt quesi hors ducon–
cilc on trcmblail dcvanl le rnaitrc qui dominait
l'Empirc, dansl'intéricur clu concilc on tremblait
davantagc cncorc, s'il était possiblc, elevan! u11
nutremaitrc déja fort apparcnt: c'élait l'opinion
publique, qui conelarnnait les violcnccs dcspo–
tiqucs de Nnpoléon cnvcrs le saint-siégc, et con–
darnnait ses violcuccs, il faut le dire, bcaucoup
plus que ses doclrincs théologiqucs, puisquc
M. de Boulognc lui-rncmc paraissait disposé
h
aelmctlrc des limites
a
l'institution canoniquc.
Sans doute d'ancicns royalistcs, se cachan! dans
l'ombrc, s'agitaicnl pour cxcitcr celtc opinion.
Mais l'opinion travnilléc se rcconnait bien vite :
il
faut la pousscr pour qu'cllc éclatc. L'opinion
spontnnéc, vraic, nalurdlc
1
cherche au conlrairc
ii
se conlcnir, éclalc i1 l'improvislc et malgré clic,
comme
la
passion, avcc
le
regrct
ele
s'CLrc aban–
donnée
a
ses élans. C'cst ce qu'on voyait ici, et
ce qu'onvil bien plus claircmcnt cncorc
á
choque
séancc de cctlc singulicrc asscmbléc.
AprCs ces réunions prélirninai1·cs
1
une sorlc
d'anxiété se manifcsta ¡rnrtout. !.es prélals par–
tisnns
clu
gouvcrncmcnt, et ils n'étnicnt pas les
plus nomhrcux, auraient voulu qu'on lcur don–
rn\t plus cl'appui, et qu'on ,n'abandonnat point
lcurs collCgucs non institués. lis se plaignaicnL
de n'élrc soutcnus ni par le cnrclinal Fcsch, ni
¡rnr
le
ministre
des cultcs, étrangcrs l'uu
et l'au–
trc it l'arl de conduirc une asscrnblée, et fléchis–
sant tour i1tour dcvant l'Empcrcur ou dcvanl le
concilc. Les prélats, en plus granel nombre, qui,
,¡