Table of Contents Table of Contents
Previous Page  73 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 73 / 570 Next Page
Page Background

LE CONCILE. -

AouT

!SIL

65

M. de Mettemich 8 la veille de la cam¡rngnc de

Wagram, et, quoiqu'clle n'cut ni la violcncc ele

la prcmierc, ni la gravité calculée de la sccondc,

elle dcvait prelcr a des exagérations fort dangc–

rcuscs, fort cmbarrassantes surtout pour l'ern–

pcreur Alcxandre , déja trop compromis aux

yeux de sa nation sous le rapport de la dignité

blessée.

Le lcndcmain, les llattcurs de Napoléon, ha–

bitués

a

célébrer les prouesscs de sa langue

commc ccllcs de son épéc, oc manqucrcnt pas

de

r~contcr

qu'il avait accablé l'ambassadcur ele

Russic; et ses détracteurs, habitués

it

défigurcr

ses moindres acles, eurcnt grand soin de dirc,

de leur eóté, qu'il avait violé toutcs les convc–

naoccs cnvcrs le rcpréseotant de !'une des prin–

cipales puissanccs de l'Europe. Le prince Kou–

rakin n'écrivit rien de parcil a Saint-Pétersbourg,

il fut simple et modéré dans son rappori ; et

I'cmpcrcur Alcxandrc aurait laissé passcr sans

aucune remarque cettc nouvelle boutade de son

redoutablc allié, si une quantité de lctlrcs écrites

a

Saint-Pétcrsbourg, les unes de Paris, les autres

de Vicnoc et de Bcrlio , n'arnicnt étrangcmcnt

défiguré I'cotrctico du

1tl

aout. Mis en quclquc

sortc au défi dcvant sa nation et dcvant l'Europc,

il dcvait devenir plus susceptible, et désormais

attendrc les cxplications au licu de les o[rir.

" J'aurais bien voulu, dit-il a M. de Lauriston,

ne pas prendre garde

a

cette conversation, mais

tous les salons dc.int-Pétcrsbourg en rcLcnLis–

sent, et cettc nouvelle circonslance ne fnit que

rcndre plus fcrme la résolutioo de ma nation,

tout en ne provoquaot pas la guerre, de défen–

dre sa dignité, son indépendancc jusqu'a la mort.

Napoléon, du reste, ne parle ainsi que lorsqu'il

cst décidé

a

la gucrre: alors il ne s'imposc plus

nucunc retenuc. Je me rappclle sa convcrsation

avce lord Whitworlh en

1805 ,

avec M. de Mct–

tcrnich

c11

1809 ;

je ne puis done voir dans ce

qui vicnt de se passer qu'un indice de trcs-mau–

vnis augure pour le mainticn de 1a paix,

»

L'cmpcrcur Alcxandrc,

it

la suite de ces ob–

servations, parut extrCmcmcnt triste; son mi–

nistre, M. de RomanzofT, dont l'exislencc poli–

tique tcnait

n

la paix, parut J'ctre égalcment,

rnais tous dcux répétcrcnt de nouveau r¡u'ils ne

prenelraient pos l'initiative.

11

était évidcnt néan–

moins qu'ils ne doutaicnt pl"us de la gucrrc, au

plus tard pour l'annéc prochainc, que les im–

prcssions un pcu plus fal'orablcs ducs

a

la pré–

sence de M. de Lauriston et

l.

son langage

it

Saint-Pétcrsbourg étaicnt complétcment dissi-

pécs , et qu'on allait employcr cncorc plus acti–

vcmcnt l'automnc et I'hiver

a

se mcttre en me–

sure de soutcnir une lutlc décisive et terrible.

C'était

o

pcu pres la disposition de Nnpo–

léon, avcc ccttc diITércncc r¡uc, puisant en

lui-meme les motifs de la guerrc, il o'avait pas

ccssé de la rcgardcr comme certainc, et ,de s'y

préparer. 11 vcnait el'cnvoycr sur l'Elbe les

quatricrncs et sixicmes hataillons; ce qui dcvait

faire cinq bataillons de gucrre par régimcnt,

et comrnc les régirncnts du nrnréchal Davoust

étaicnt au nombre de seizc, le total dcvait

s'élcvcr

ñ

80

hataillons de la plus bcllc in–

fantcric. En y ajoutant les chasseurs corses et

ccux du Pó, quelques détachcmcnts espagnols

et portugnis, Napoléon se proposait de porter

11

no

bataillons le corps ele l'Elbe, et de le distri–

buer en cinq divisions d'égale force. Une cxccl–

lcnte division polonaise, une aulre composéc eles

ancicns soldats des villcs hanséatiqucs actuclle–

rnent liccnciés, une troisicmc composée d'Illy–

riens, dcvaient portcr a l1uit les clivisions du

maréchal Davousl. Beaucoup d'officicrs

fran~ais,

les uns rcvcnus du scrviec étranger dcpuis la

réunion de leur pays nato!

a

la France, les autres

sortis de l'école des généraux Friant, Morand et

Gudin, elcvaicnt contribucr

a

rclcvcr l'csprit de

ces troupes d'originc étrangcrc. Napoléon se llat–

tait quesous lamain defer du rnaréchal Davoust,

et pres du ·foyer de patriotisrne et d'honncur

mililairc allumédans son arrnéc, ces Espagnols, ·

ces Portugais, ces lllyriens, ces Hanséates, ac–

qucrraient la valcur des

Fran~ais

cux-memcs.

En arriere de l'Elbc, Napoléon, comme nous

]'avons dit, traYaillait

a

former Sa seconde a1·–

méc, dile corps du Rhin, avce une douzainc de

régimcnts qui avaient combattu

a

Essling sous

Lanncs et Masséna, et auxqucls il voulait adjoin–

dre les troupes hollandaiscs.

JI

se proposaiL ele

portcr ces régimcnls

a

quatre et memc

il

cinq

bataillons de gucrrc, dcpuis c¡u'il avait renoncé

aux balaillonsd'élitc, ccrtain qu'il était d'avoir

une annéc de plus pour achcver ses préparatifs.

C'est ici le cas <le rnontrcr quelle incroyablc

fécondité d'csprit il déployait dans la création

de ses moycns, féconelité qui, pousséc comme

toutcs les grandes facultés jusqu'a l'abus, clcvait

l'cntraincr quelquefois

¡,

des créations artificiel–

Ics, et dont la faiblcsse n'éclata que trop clans la

campagne suivante. On a vu qu':i In classc ele

JS·H ,

lcvéc tout cnticre, il avoit voulu ajoutcr

un supplémcnt fort considéroblc pal' le nombl'e

et par la qualité des hommes, c'était celui qu'on