LIVRE QUARANTE ET UNÍEME.
pouvaiL se procurer avec les réfraelaires des
Le maréchal Davoust, qui savait au besoin se
annécs anléricurcs. Onze ou douzccolonncs mo- departir de son extreme sévérité, avail ordonné
hiles, lrnreourant la France dans tous les sens, r1u'on les formt\t
a
la discipline par la dnuccur.
avaicnt obligé cinquantc ou soixantc mil le de ces On s'y appliqua, et ce ne fuL pas sanssucccs. On
réfractaircs
a
se soumcttre. La mesure avait été en fiL venir alors par milliers de toules les ilcs de
dure, mais cffieace. Ccpendant il était
n
craindre l'Océan, les conduisant par bandcs et
a
pas de
qu'on ne les eút fait rejoindrc que pour les voir course, afin <le diminuer la déserlion. Malheu–
déscrler de nouvcau, lorsqu'ils sauraicnt Jcurs reuscmcnt beaucoup apporlercnt les ficvres de
parcnlsdébarrassés <les garnisaircs. Les détcnir, \Valchercn , et les répandirent aulom· d'cux.
c'était mcttrc lcur santé en péril et cncombrcr CcpcmlanL la routeadoptéc nepouvait pas convc–
lcs prisons; les cnvoycr aux dépóls , c'élaiL lcur nir
a
tous, eLnotammcnti1ccux qui appartenaicnt
ouvrir les portes pour s'échapper. Napoléon cut aux provinccs de l'Est. On poussa ces dcrnicrs
la penséc de les instruire dans les ilcs qui bor- vcrs le Rhin, puis on les cmbarqua sur des ba-
rlcnt la Francc, et dcsqucllcs il leurélail impos- tcaux qui les transportercntjusqu'ii \Vese!, sans
siblc de s'cnfuir. Pour cela il créa dans ces iles, toucher lcr1·e. Mais ceux-la aussi contraclcrent
et avec de hons cadrcs, des 1·égimcnts d'instruc- dans ce lrajet, par suite de l'accumulation et de
tion, dont l'cfTcctif était indéterminé eL pouvail l'immobilité, des maladies lrcs-dangcrcuses. On
s'élevcr jusqu'ii quinzc millehommcs. 11 en forma les mena cnsuitc i1travcrs la Wcslphalie, sou–
un dans l'ilc de Walchcrcn, un seeond dans l'ile vent malades, et toujours révoltés contre le ser-
de Ré, un troisicme i1Ilclle-llc, cnfin deux dans vice rnililaire, qui
commcn~ait
pour eux sous de
la Méditcrranéc, dont l'un en Corsc, cLraulrc lcls auspices. Au début on avait pris le tcmps de
dans l'ile d'Elbc.
les habiller et de les instruirc; bicntót on les
Napoléon consacrail
a
ce qui les conccrnait cnvoya enhabits de paysans, avant toule instruc-
unc attenLion continucllc : armes, babillcmcnt , lion, complanL toujours sur le maréchalDavousL
inslruclion, il s'occupait de touL lui-mcmc. En- pour convertir en soldals ces hommes conduits
fin, les croyant murs,
il
essaya d'cnvoycr qucl- et traités commc des íroupcaux.
qucs millicrs d'hommcs tirés du régimenL de
Le maréchal mit tous ses soins ii réparcr une
Walcheren, pour eomplétcr les c¡uat1·iémcs et partic deces maux
',a
ménager les malheureux
sixicmcs bataillons du rnarécbal Davoust. Son qu'on tui cnvoyait, a les apaiser,
il
les pourvoir
projct, si ect essai réussissait, était d'cu fournir du nécessairc,
il
leur comn1uniqucr !'esprit de ses
i1ce maréchal de quoi porter tous ses bataillons vicillcs bandes, i1 profitcr ••me des penchants
a
millc bommcs chacun.
aventurcux qu'ils avaicnt déja contractés dans la
Pour les transportcr des bouches ele l'Escaut vie de réfraclaire, pour lcur inspire!' le goút de
aux borels de l'Elbc, Napoléon imagina de les
la
vicdes camps, pour les disposercnfin
t\
trouver
fairc passcr par les iles qui longcnL la llollande, dans l'héro!quc et dure professiou des armes les
tantót en bateauxsur les caux inléricurcs, lanlót plaisirs que tui et ses soldals savaient y goi1tcr.
a
pied a travers les bruycrcs ele la Gucld1·eet de Muis r¡uc de ctcurs
a
vaincre! Des Corscs, des
la Frise,ctquand ilsarriveraient sur le contincnt Toscans, des Lombarcls, des lllyriens, des Espa–
de les faire cscorter par la cavalerie lr'gcre du gnols, des Portugais, des Hollandais, des Han–
marécbal Davoust, qui n'était pas disposée a mé· séates i1 fairc
Fran~ais,
et mcmc de
Fran~ais
nager les désertcurs, et dcvait les ramener
a
enlevés 11 leurs familles dans l'agc le plus tcndrc ·
coups de sabre.
fairc des soldats robustcs, disciplinés, cxclusive-
Les prcmiers envois réussircnt. Sur les bom- ment allacbés 11 leur drapeau, les arrachcr ainsi
mes cnvoyés, on n'avait gucre pcrdu qu·un des bords du Pó, de l'Arno, du Rhóne, du Rbin,
sixicmc par ladr'serlion. Ce sixicme pour rcntrcr de la Gironde, de la Loire, pour les faire biva–
en Francc courait les bois le jour, les roules la qucr, grclottcr, mourir de faim ou de froid su1·
nuit, passait les flcuves eomme il pouvait, eL
les bords de l'Elbe, de la Vistulc ou du Borys–
trouvait asile chcz les Allcmands, que lcur hainc thcne, qucllctache
!
et que!danger,apres y avoir
pour nous rcndait hospilalicrs emcrs nos soldals
1
réussi vingt années, d"y r'choucr cnfin au mo–
dcvcnus désertcurs. Les cinqsixicmcs reslésdans
mcnt. oli lous les sentimcnls les plus naturels,
le raog présenlaient des sujcls robusles cL d'un
Uge fait,
qu~on
espé.raiL avcc de bons lrnítcments
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