LES
~OHORTES.
-
OIARS
·1815.
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convoquer lesconscils de départcmcnt, tachcr de
provoquerdc
la
partdcs fonclionnaircs, ou des fa–
milles attachéesau gouvcrncmcnt, l'offrcdequcl–
ques-uns de leurs fils,en promettantqueleur sang
ne serait pas prodigué, puis s'autoriser de ces
manifestationspourdésigncr cux-mcmcs un nom–
bre suffisant de jcuncsgensparmi les filsdcsriches
propriétaircs vivant enété dans.Jcurs tcrrcs, en
hiverdansIcsquartiersaristoeratic¡uesdesgrandes
villcs. On comptait sur l'amour-proprc, sm· J'ac–
tivitédcsjcuocsgcns, pour les amencr 11 consentir
11 dctcllcsdésignations, et 11 défautsul'lcs moycns
rle contraintc, sileneieux mais efficaccs, dont les
préfets élaicnt alors largemcol pourvus.
Napoléon se trouvait done fort dédommagé de
Ja survenancc d'un nouvcl cnnemi par cctteaug–
menlation de ressourccs, et il paraissait aussi
animé
a
la gucrre que dans le temps de sa pre–
miere jeuncsse. Toutcfois ayant paré par ccttc
extcnsion de ses armcmcnls 1 ce qui vcnail de se
passer en Prussc, ilfallails'occupcrégalcmentdc
l'Autriche, qui, tout en gardanl le litre d'alliéc,
prenail déja peu it peu le rólc de médiatrice, el
pouvait etrc conduilc bienlót
a
1111
rólc cocorc
moins amical. Dcpuis la défcction de la Prusse
clic dcvcnait prcssanlc en cffcl, voulait qu'on lui
donn:it de quoi négocicr,de quoi préparcr Ja paix
qu'ellc disail indispensable, el ilallail clrcbicntót
difficilc de se rcfuscr it unecxplication avcc clic,
surtout le princc de Schwarzcnbcrg étanl en
roulc pour Paris, et ayant un tcl acccs aupres de
Ja cour des Tuilcrics que les réliccnccs it son
égardseraienl prcsquc impossiblcs. Napoléon en
observant les aliuresde la cour d'Autrichc s'était
bien demandé si'ellc ne scrait pas capablc clle–
mcmc de se mcttre de Ja par tic contrc lui; mais
il s'était pcu arrclé
a
ccllc idéc, par les raisons
suivantcs. Sclon luí, le public a Vicnnc n'étail
pas aussi cxigeant qu'a Bcrlin, et la cour n'était
pas aussi faiblc. De plus, l'Aulriche avait con–
traclé avcc nousdes liens de famillc et d'alliancc,
qui élaicnt sinon une clrnlnc indestructible, au
moins un embarrns, car In pudcur cst un joug
qui a sa force. Ce n'élait pas lout de suite que
l'Autrichc pourrait oablier et le mariagc de
Marie-Louisc, et le lraité d'alliancc du 14. mars
1812. En oulre clic élail gouvcrnéc par des
hommes qui avaicnt appris
a
redoulcr les armes
fran~aiscs.
L'Autrichc cnfin
était
une puissancc
int.ércsséc, qui avant tout, en toutc circonstancc,
chúchait
i1
bien gércr ses nffoircs, et qu'on
dominerait par I'intéret, c'est-11-dirc pa1· le don
de quclquc riche territoirc. Ainsi, crainlc de la
gucrrc ovcc la Francc, désir de gagncr quclquc
cl1osc
ii
ce vaslc t11m11ltc deJ'Europe, voilit
!1
qnoi
Napoléon réduisait en ce momcnt toutc la poli–
tiquc de l'Autrichc, et malheurcuscmcnt pour
lui et pour nous, il se trompait. JI ne voyait pas
que l'Autrichc, intércsséc sans doulc, mais sage
autant qu'intércssée, mcllait fort au-dcssus de
r1wantrigc
nrntéricl
crune
cxlcnsion de tci'ritoire,
l'avantagc politic¡uc de rcconquérir l'indépcn–
dancc de l'Allemagnc, et d'étnhlir ainsi un mcil–
leur équilihrccn Europc,qu'cllcaimait mieux cn–
fin avoir une place un pcumoindrcdans unordre
de choscs stablc el bien pondéré, que d'cnavoir
une plus grande dans un ordrc de choscs mal
équilibré, odicux 1 tout le monde, et qui ne
pouvait pasdurcr, parce qu'on ne fonde ricn sur
lahainc univcrscllc. D'aillcurs, c¡uant aux acqui–
sitions territoriales,
it
n'était ricn qu'on ne luí
offrit du coté de la eoalition curopécnne, et
qu'onne ful pl'()t a Iui donncr, de maniere qu'i1
sern11gcr contrc nous, clic avait
a
gagner,outre
<le vastcs agrnndisscmcnts, une mcilleure consli–
tulion de l'Europc, avantagc auquel clic tcn•il
plus c¡u'a tout autrc. Une raison, une sculc, l'ar–
retait, Ja CJ'ainlc de rcnlrcr en gucrrc 3VCC
nous, cr<1intc que l'augmcntation inccssnntc d1l
nombrede nos cnncmis devait chaquc jour atté–
nucr.
Ne voyant ainsi dans lecabinet autrichicn qur
la craintc et l'intérct, Napoléon chercha dons la
défcction memc de la Prusse les moycns de s'al–
lachcr ce cabinct, et il imagina de Jui offrir les
appills suivanls. L'Autrichc voulait l• paix, et il
la souhaitait lui-rnCmc
1
toujours
i1
sa mnniCrc,
bien entcndu. Ccttc puissancc, selon Jui, avait
Je moycn ¡J'amencr trcs-prochaincment cctte
paix si désiréc, et de Ja conclurc
a
son gré,
commc au gré de la Francc. Elle armait, il Je
savait, et il l'y poussait Iui-mcmc. Ainsi clic re–
crutait le corps auxiliairc du princc de Schwar–
zcnbcrg retiré
a
Cracovie, et le corps d'óbscrva–
tion de la Gallicic; clic formait de plus une
réscrvc en BohCmc. Le tout préscntait déja cent
mille combattanls cnviron. Elle pouvait des le
début de la campagnc cmployer ces cent mille
hommes d'une maniere décisivc, et on vcnait de
Jui en fournir l'occasion la plus naturcllc. On
avait en effet accucilli asscz mal ses ouvertures
depaix, et clic étail fondéc
11
en conccvoir un
notable déplaisir. Elle poilvait des lors se consti–
tucr· toul de suite médiat.ricc, sommcr les ¡rnis–
sances belligéranles destipulcr un armisticeafio
<le
négocicr en
rcpos,
puis
1
si on
n'écoutniL
pas