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LIVHE QUARANTE-SEPTIÉME.

qui auraicnt voulu une conduilc plus elaire et

plus franehe. On allait jusqu'a luí prétcr un pro–

pos élrange par sa hardiesse.

11

avait dit, assu–

rait-on,quesillcmpcrcur

Fran~ois

a\'aitcontracté

un mnriagc gCnant pour sa politiquc, et c¡uc

chez lui le pere embarrass:illesouverain,

il

fallait

qu'il abdiqu:il, et cédat la eouronne a un mcm–

bre de la famille, plus libre de ses actions.

L'cxaltation était sigrande, que M. de Mettcr·–

nich avait cu quclqucs craintcs

a

concevoir pour

sa pcrsonne, et que le gouvcrncmcnt s'élait vu

obligé d'ordonner de nombrcuscs arreslations,

méme parmi des personnages considérables, tcls

que M. <le Hornrnycr, l'un des cmployés les plus

élevés de la cbanccllcrie autrichiennc, eelui dont

on se scrvait pour communiquer secrélement

· avee le Tyrol. Ce qui se passait en Allemagne

n'était en eITet ni du gout de l'cmpei·eur, ni du

goút de M. ele Mcttcmich. D'abord il ne lcur

convenait pas d'cxcitc1· )'esprit publicnussi vivc–

mcnt qu'on le faisait, et, pour sccouer le joug

de Napoléon, d'aeecpter eclui des masscs popu–

lafrcs. Alcxandrc lcur paraissait un princc im–

prudcnt,enivré par des succes auxqucls

il

u'élail

pas accouturné, et Frédéric·Guillaumc un priuec

fai blc, mené aujourd'hui par ses sujcts, eommc

six ans auparavanL

il

l'était par sa fcmmc. Ni

l'cmpcreur ni M. de Mcllcrnich ne se faisaicnt

foulc d'exprimerce jugcmcnt. Eosuiteccttc nia–

niCre impétueusc, irréfléchie cl'ngir n'élait pas

la leur. lis voulaient sortir des rnains de Napo–

léon, sans se mcttre dans cclles d'Alcxandrc, et

en sortirentouLcas, sans s'cxposcrh

y

rctombcr

plusdurcmentque jomais,par

suite d'uneguerre

follcmcnt cnlreprise et sollcmcnt conduitc. lis

étaient loin de regarder Napoléon comrnc dé–

truit ; ils s·aucndaient

:1

Je voir, demCmc qu'cn

·lSOü, déboucl1cr d'unc"manicrc foudroyanleeles

défilés de la Thuringc et punir les imprudcnls

qui vcnaicnt s'cxposcr· de si pres 11 ses coups. Si

du reste un lcl résullal n"était pas ccrlain, il était

au moins possiblc, et ecllc sculc raisonsuffisait

il

lcursyeuxpour qu'on dllt ne pas agir si vite, ne

pus s'cngagcr surtout avant que l'arméc autri–

chicnnc fút rcconsliluéc, et mcmc pour qu'on

préffrnt la rcssourcc d'unc médiation, au moycn

de laqurllc on rcfc1·aitla siluation de l'Allcmagnc

sanscourir ledangerd'unegucrrcavcc Ja France.

C'cst de ce point de vuc que le cabinct autri–

chicn jugeail la conduitc de la Prussc bien ha–

sardéc, lesdémonslrntionsallemandcs bien lémé–

raircs; c'est de ce point de vue aussi qu'il ne

ccssait de nous donncr des conscils deprudcncc

et de modération,qu'ilnoussuppliait, en admet–

lant que nous fissions encorc une campague vi–

gourcuse, de ne vouloir lircr denossucees fulurs

d'aulrcs résull;1ls qu'nnc paix prochainc, équila–

ble, aceeplablc par toute l'Europe.

Aussi fut-il désolé quand il nous vit, commc

dans le rapport adrcssé au Sénat pour dcmandcr

les nouvellcs levécs, eommc dans lediscours im–

périal prononcé le

H

février, annoneer des

volonlés absolues, tantót a l'égard de l'Espagne,

tanlÓl a )'égard des départemcnls hanséatÍ<JUCS

1

lanlól

a

l'égard dugrand-duché de Varsovie, car

e'élait rcndre impossible la médiation dont on

l'avait ehargé. JI s'en cxpliqua longucmcnt et

plusieurs fois avcc

~l.

Otlo, nolre ministre

a

Vicnnc. Lui parlant du discours impérial: J'ad–

mirc fort, lui dit-il, cette ficrté de langage de

votrc cmpcrcur, et

fy

retrouve tout songénic;

mais

il

fout songcrnux conséqucnces de ce qu'on

foil, et les conséqucnccs iei ne peuvent élre que

déplorablcs. Commcnt voulez-vousqueje négocic

avccl'Anglclcr1·e,quand vousdilesque ladynastic

frnn~aise

rCgne ctrégnera en Espagne? Commcnt

l'Oulcz-vous que je négocic avec la Russic et la

Prussc, quand vous di tesque les tcrritoircs eon–

stilulionncls ou appartenant a des alliés, c'est–

a-dirc les villcs hanséatiques et le g1·and-duché

de V:irsovic dcmcurcront chose sacrée et invio–

lable? Jarnais je ne pourrai fai1·c acccplcr de

tcllcs condilions a l'Europc. Or

il

nous faut la

paix

a

nous, il vous la faut

a

vous, car mCmeen

sagnunt

des victoires, el vous aurez besoin d'cn

rcmporler Iieaucoup ponr rcll{)rc l'Europc 1110-

Jérée.a votrc égard, meme en gagnant des vic–

toires, onne résistc pas toujours au sou!Cvemcnt

univcrscl des esprits, et bientót mCme on en

éprouve le eonlrc-coup ehcz soi... - A cetlc

occasion, sans nous dirc la paix qu'il souhaitait,

el qu'il élait faeile d'enlrevoir, M. deMeltcrnich

cssaya d'arrachcr

a

M. O

U

o le sccrct de ccllc

que nousdésirions nous-mCmcs. l\Iais il l'cssaya

en vain, carM.Ülloncsavait ríen. Ne réussissant

pas a le fairc parlcr, M. de Mellcrnich n'hésila

pas

a

parler lui-mémc, pour nous préparcr a des

conditions que l'Europe pul aeccpter, mémc en

lasupposant vaincuepar nous, ce c¡u'il ne rcfusait

ja111ais d'admcttrc dans son argurnentation. -

L'Espagnc, rlit-il, avcc des formes tour 11

tour

insinuantes ou franchement ouvcrtcs, ne vous

sei·a prohablcmcntpasconeédéc par l'Anglelerre,

surlout apres la dcrniere campagne. A nous,

Allcman<ls, cclle condition nous importe peu,

clic ne nous touchc que du point de ""e de