LES COHOl\TES. - •••• !813.
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excellents, donl Napoléon avait demandé impé–
rieuscment l'cnl'oi, il l'nvait positil'cmcnl rcfu–
séc. Pour lui inspirer le couragc d'un te! refus,
il Jui al'ait fallu une pcur plus grande eneorc
que eelle que Jui inspirait Napoléon, el cettc
peur étail cellc des Cosaques, dont
In
présencc
partout annoncéc faisait tremblerjusqu'aux alliés
des Russcs. S'atlcndant
a
chaquc inslant
a
l'Oir
apparaitre ces Cosaqucs, si cffrayanls de Join,
il avait résolu de se placer au milicu de sa cal'a–
Jcrie, et de s'cn allcr avec sa famille daos un
lieu sur, laissant son infantcric dans Torgau, et
ses États
a
ceux qui voudraienl les occupcr tour
n
tour. Avcc de parcilles dispositions, il suffisait
de la défcction de la Prussc et de l'npprochc des
Ul'aOt-gardCS russes, pOUI' décider Ce jll'Íllce
a
exécuter un projet de fuite si longucmcnt pré–
paré. Malgré les rcprésentations du ministre de
France, M. de Serra, qui
s'cffor~ail
de Jui dé–
montrer l'inconvcnancc de son départ, et le
dangcr d'abandonncr ses sujets qui allaicnL iné–
vitablcmcnt se Jivrcr aux passions régnanles, el
se donner cnvcrs Ja Francc des lorls dont iis
scraient bicntót punís, dont lui-mcmc souffri–
rait, il partil, laissant Drcsdc dans les mains du
rnaréchal D•voust, ses objcls les plusprécicux et.
les moins transportables daos Ja forlcrcssc de
Koouigslein, marchanl enfin lui-mcmc avcc son
trésor, al'cc sa nombreusc famille, au milicu de
trois mille hommes, tant cavalicrsqu'artillcurs.
JI
aurnit pu se rctircr enBoheme, ou il sci·aitar–
rivé en quelqucsheurcs, sur une tcrrc neutre, en
ce rnomcnl in\'iolablc pour toutes les puissanccs
bclligérantcs.
JI
ne!'osa pas, et Jacourd'Aulrichc
ncl'cut pas\'oulu, pour nepas découvrir trop lÓl
la sccrétc ligue qu'cllc chcrchait
a
formcr.
JI
se
rcndil par Plauen et Jlof
n
Ratishonnc, sur le tcr–
riloire du roí de Bavicrc, aussi cmbarrassé que
luí. Son intcntion était de reslcr en Bavicrc, ou
de se jeler en Autrichc, selon les é\'éncmcnts.
M. deScrra luí avail bicu adrcssé l'in\'itationde
venir en Francc, mais une lclle démarche !'cut
pcrdu aux ycnx des Allemauds, cut été contrairc
d'ailleurs au projcl de médiation de l'Aulrichc,
et il n'avait point acccplé ccttc invilalion.
Apeine était·il parti de Dresdcque les Russcs
parurcnt aux environs decctlcvillc. L'infantcric
saxonne s'était enferméc dans Torgau, et al'ait
déclaré n'cn vouloir pas sortir pour contribucr
a
la défensc de l'Elbc. Le marécha!Da\'oust avait
pour défcndrc lecours supéricur de l'ElbeJa di–
vision
fran~aise
Dn1·uttc, seul reste du corps de
Rcynicr depuis que les Saxons l'avaicnt quitlé,
plus quclqucs troupes que le princc Eugcnc lui
avaiL envoyécs, el enfin les scconds bataillonsde
son corps qu'on vcnait de réorganiscr 3 Erfurt.
11
se bata d'accourir
a
Drcsdc desa prrsonne, cL
pril les mesures que réclamaienl les circonstan–
ccs, en militairc probe
m~is
inexorable, ne com–
mcttant aucun mal inutile, rnais ordonnant sans
pitié tout Je mal néccssaire.
11
pnrcoLirut les
bords de l'Elbc, ordonna la dcstruction des mou–
lins, des batcaux, des bacs, malgré les cris des
paysanssaxons,el, arrivéau bcau pont de picrre
qui dans Drcsdcscrl'ait
o
l'union des deux \'illcs,
Ja \'Íciltc et Ja nouvellc, il en fit mincr deux ar–
chcs, el
les
fiL
sanlcr, saos s'inquiétcr des attrou·
pcmcnts des habitanls, de lcurs menaces el de
lcurs c\amcurs.
JI
se mil cnsuilc
a
Ja tete de ses
troupes pour rcccvoi1· les Russcs s'ils cssayaient
de forcm· Je passage.
Ces mesures de défcnse dc\'inrcnt !'un des
griefs les plus violcmmcnt allégués daos toute
l'Allcmagnc. On compasa des gravurcs grossiC–
rcs, rcprésenlant le pont de Drcsdc détruil par
cclui que dans le Nord ou appclail le fél'occ Da–
voust, et on les 1·épa11dit par· millicrs dans les
villes
el
lescampagnes.- Voilh, disait-on
1
com–
ment les
Fran~ais
traiLent leurs plus fidclcs
alliés, les Saxons, qui l'icnncnt de se ballre ,••¡¡.
lammcnt pour lcur cause, tandis qu'cux Fran–
~ais
s'cnfuicnl en jctant Jcurs armes. -
Cctle nouvclle cxcitntion produite par la dé–
fcction de la Prussc s'était nalurellcmcnL foil
sentir
U
Vicnnc, nrnlgré ladistancc et l'ordinairc
tranr1uillité de cclte capitalc. La politiquc pro–
fondc de M. de Metternich et de l'cmpcrcur
Fran~ois,
quoique de1•inéc par quclqucs csprits
pénétrants, .échappait auxgens passionnés de la
cour, de l'arméc et du pcuple. lis n'y \'oyaicnt
qu'unc coupable lentcur
i1
se détachcr de la
Francc, et
á
secouc1· les funestes cngagemcnts
qu'on avnit pris en contract:mt le maringc de
Marie-Louisc a1·cc Napoléon. L déehaincmcnl de
cctle partie du public autrichicn était extreme.
On rcmarquait parmi les plus animés l'impéra–
lricc clle-rncmc, princcssc de Modcnc, et ce qui
csLplus étonnunt, l'archiduc Charles, ordinai–
remcnt sisage, surtout. si mesurClorsqu'il s'agis–
sait de la Francc. Mais ce princc sentant au fond
du creur fcrmcnler son patriotismo allcmand,
profondémcntLlesséd'aillcurs par son frcrc l'em–
pcreur
Fran~ois
qui l'al'ait cxclu de toulc par–
ticipalion auxaffaircs, saisissait assez volonticrs
les occasions deblílmcr Jegoul'erncmcnl, el cclte
fois du reste était sincere, car
il
était de ccux