LES COHORTES. -
MARS
1815.
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naturellc et néeessairc avcc l'Europe, et qu'on
serait bien heureux de l'arnir pour alliéc, que
ce jour-Ja on la fcrail )'arbitre de Ja paix, de la
gucrre, de toutcs choscs en un mol. Aprcs ces
déclarations on avait insinué
a
M. deLebzeltcrn
qu'ou le gardcrait volonlicrs
ii
Kaliseh, mais dans
l'espérancc, qu'on ne Jui dissimulait pas, de J'a–
voir comme rcpréseotant, non pas d'une cour
enncmie , ou mCmc médiatricc, mais alliéc et
belligéranle.
Des que cesdépéchcs furcnl arrivécs aVieunc,
M. de Mctlcrnicb les communiqua au ministre
de Frunce, en l'invitant a les transmetlrc
ii
J'c111-
pcrcm· Napoléon, en supplianl cclui-ci de les
prcndre en grande eonsidération, el en lui de–
mandant instamment d'indiqucr au cabinct '"'"
trichien la conduilc qu'il dcvait tenir dans une
pareille situalion. M. de Metternich
<lllnon~a
en
outre qu'il avait donné au princc deSchwa1·zcn–
berg un congé morncntané, son
co1·ps
d'arméc
étant rentré sur Ja frontierc de Gallicie, et que
ce princc allait se rendrc
a
Paris, pour )' Jll'Ol'O–
quer de Ju part de l'cmpereur Napoléon des ex–
plications plus franchcs, plus satisfaisanlcs que
celles qu'avait obtenues M. de llubna; r¡ue Na–
poléon daigncrail sans dOUlC parJcr
U
Ull
hOllllllC
qui avait
été
le négociateur de son
mariage,
son
lieutcnant soumis pcndant Ja dcrnicrcgucrrc,et
qui rcslait encorc aujourd'hui son admiralcur le
plus sincere, son ami le plus partial.
Ccttc défection de Ja Prusse, ces agilalions de
l'Allemagne, ces communications de l'Autriche
cmprciotcs d'un caracttrc si fr¡¡ppant de vérité,
n'émurcnl guerc Napoléon. En travaillant jour
el
nuit
:'1
réorganiscrses forces, en voyant, aprCs
viugt ans de lutlcs mcurtriercs, la facilité qu'il
avait
encare
a
tircr
des rcssourccs
decctteFrunce
si féeonelc en populalion et en richesscs, en dé–
counant surlout l'incplic mililairc de ses ennc–
mis qui vcnaicnt bénévolemcnt s'offrir sur l'Elbe
it
ses eoups, et eommcltaicnt en fait de gucrre
autanl ele fautc; qu'il en eommeltait en fait de
politique
1
il arait
repris
une
confiance immcnsc
en
lui-rnéme,
et ne
tenait
aucun compte
de
ce
qui se passait sur le vaslc lhéálrc de cclle Eu–
ropc, qu'il avait rcmplic de seencs si tragiqucs,
et qu'il allait 1·emplir ele sccncs plus tragiques
encorc que toutcs ccllcs auxqucllcs on avait as–
sislé. La défcction de la Prusse, il s'y atlcndail,
et il arnit regardé
cet
événemcnt comme
inéri–
tablc, des qu'il avait vu notrc quarticr général
se rctirei· ucccssivcmcnt sur la Vistulc, l'Odcr
el l'Elbc. C'cst pour ce molifque loutendonnant
quelque cspérancc
lt
la Prussc,
il
n'avait roulu
faire, pour la rclcnir, aucun sacrifice, pécuniaire
ou poliliquc. Seulcmcnt, pcu habitué
a
observcr
les grands mouvcments d'opinion publique, pcu
disposé
a
y croirc el surlout
ay
cédcr,
il
était
surpris de l'audacc de la Prussc
ii
se déclarer
conlre lui, et la trouvail plus hardic qu'il ne
raurait ima¡:;iné.
JI
était
convaincu néanmoias
que le roi de Prusse, bien que soutcnu par J'en–
thousiasme nalional, dcvait lrcmbler de lous ses
memb1·cs
a
l'idée de la future campagne, et il
se promettait de réaliscr bicnlót toulcs ses
craintcs. Faisant en lui-mcmc le comple des
forces prussicnncs, il se disait que la Prusse,
réduilecommc clic l'élait en terriloirc et en po–
pulation, ne pou\'ait pas apportcr plus de
-JOOmillc hommcs a Ja coalilion, donl tíOmillc
immédiatcment disponibles ; que la Russic n'cn
avait pas, dansson état acluel, ·I00 mille
a
met–
t1·c en ligne (toules choses vraies); il se disail en
voyant
les Prussicns
et
les Russcs s'avanccr
sur
le haut Elbc et Ja Thuringe avcc de parcillcs
forces, que sous trois ou quatrc scmaincs il les
ramCncrait
en Pologne plus vite
qu:ils
n'cn
étaicnt venus. 11 rcssentait déja Ja joic de la
vietoir~,
tant il s'cn croyait stir, et élait pcrsuadé
qu'aprcs une ou dcux balaillcs
il
forait rcntrcr
Ja raison dans les teles, se rcplacerait daos la
silualion donl ou le supposail desccndu, et cou–
clurait Ja paix, carilla désirait asa maniere, et
la dictcrait
conforme,
non pas précisément
a
son
discours, dans lcqucl il al'ait cru de bonnc poli–
tiquc de se mout1·cr plus inflexible cncore qu'il
ne voulait etrc, mais asscz rapprochéc de ce dis–
cours,
sauf en
Espagne
1
oú il étail
enfin,
mais
trop
tard, i'i!signé
a
de grands sacrificcs.
La défcction de la Prusse, loin de l'émouvoir,
fut pou1· lui une occasion de demandcr de nou–
velles fo1·ccs ¡,Ja Frunce.
11
élail tres-satisfailde
sa Jcvéc de cent millc hommes sur les quatrc
classcs anléricurcs; clic lui avuil procuré pour
la gar<lc ih1périale, pour lu réorganisalion des
ancicns
corps
de la grande
armée, une
es¡iCcc
d'hornmcs fort bcllc, el
a
Jaqucllc
il
n'étail plus
habitué, dcpuis qu'il appclait les conscrits une
aunéc
d't1vane~,
sous prétextc de prcndre le
tcmps de les instruirc. Ces sujcts des classcs an–
téricurcs. un pcn plus méconlcnts que les autres
le jour du départ, pcrrlaicnt lcur humcur une
fois au corps, et il leur rcslait la laille, les mus–
clcs qu'on a
a
vingt-cinq
ans,
et le courage
na–
lurcl 3 la nation
fran~aisc.
11 fit done préparcr
un nou\'eau sénatus-cousulle pour dcmandc1·