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LES COHORTES. -

MARS

1815.

527

naturellc et néeessairc avcc l'Europe, et qu'on

serait bien heureux de l'arnir pour alliéc, que

ce jour-Ja on la fcrail )'arbitre de Ja paix, de la

gucrre, de toutcs choscs en un mol. Aprcs ces

déclarations on avait insinué

a

M. deLebzeltcrn

qu'ou le gardcrait volonlicrs

ii

Kaliseh, mais dans

l'espérancc, qu'on ne Jui dissimulait pas, de J'a–

voir comme rcpréseotant, non pas d'une cour

enncmie , ou mCmc médiatricc, mais alliéc et

belligéranle.

Des que cesdépéchcs furcnl arrivécs aVieunc,

M. de Mctlcrnicb les communiqua au ministre

de Frunce, en l'invitant a les transmetlrc

ii

J'c111-

pcrcm· Napoléon, en supplianl cclui-ci de les

prcndre en grande eonsidération, el en lui de–

mandant instamment d'indiqucr au cabinct '"'"

trichien la conduilc qu'il dcvait tenir dans une

pareille situalion. M. de Metternich

<lllnon~a

en

outre qu'il avait donné au princc deSchwa1·zcn–

berg un congé morncntané, son

co1·ps

d'arméc

étant rentré sur Ja frontierc de Gallicie, et que

ce princc allait se rendrc

a

Paris, pour )' Jll'Ol'O–

quer de Ju part de l'cmpereur Napoléon des ex–

plications plus franchcs, plus satisfaisanlcs que

celles qu'avait obtenues M. de llubna; r¡ue Na–

poléon daigncrail sans dOUlC parJcr

U

Ull

hOllllllC

qui avait

été

le négociateur de son

mariage,

son

lieutcnant soumis pcndant Ja dcrnicrcgucrrc,et

qui rcslait encorc aujourd'hui son admiralcur le

plus sincere, son ami le plus partial.

Ccttc défection de Ja Prusse, ces agilalions de

l'Allemagne, ces communications de l'Autriche

cmprciotcs d'un caracttrc si fr¡¡ppant de vérité,

n'émurcnl guerc Napoléon. En travaillant jour

el

nuit

:'1

réorganiscrses forces, en voyant, aprCs

viugt ans de lutlcs mcurtriercs, la facilité qu'il

avait

encare

a

tircr

des rcssourccs

decctteFrunce

si féeonelc en populalion et en richesscs, en dé–

counant surlout l'incplic mililairc de ses ennc–

mis qui vcnaicnt bénévolemcnt s'offrir sur l'Elbe

it

ses eoups, et eommcltaicnt en fait de gucrre

autanl ele fautc; qu'il en eommeltait en fait de

politique

1

il arait

repris

une

confiance immcnsc

en

lui-rnéme,

et ne

tenait

aucun compte

de

ce

qui se passait sur le vaslc lhéálrc de cclle Eu–

ropc, qu'il avait rcmplic de seencs si tragiqucs,

et qu'il allait 1·emplir ele sccncs plus tragiques

encorc que toutcs ccllcs auxqucllcs on avait as–

sislé. La défcction de la Prusse, il s'y atlcndail,

et il arnit regardé

cet

événemcnt comme

inéri–

tablc, des qu'il avait vu notrc quarticr général

se rctirei· ucccssivcmcnt sur la Vistulc, l'Odcr

el l'Elbc. C'cst pour ce molifque loutendonnant

quelque cspérancc

lt

la Prussc,

il

n'avait roulu

faire, pour la rclcnir, aucun sacrifice, pécuniaire

ou poliliquc. Seulcmcnt, pcu habitué

a

observcr

les grands mouvcments d'opinion publique, pcu

disposé

a

y croirc el surlout

ay

cédcr,

il

était

surpris de l'audacc de la Prussc

ii

se déclarer

conlre lui, et la trouvail plus hardic qu'il ne

raurait ima¡:;iné.

JI

était

convaincu néanmoias

que le roi de Prusse, bien que soutcnu par J'en–

thousiasme nalional, dcvait lrcmbler de lous ses

memb1·cs

a

l'idée de la future campagne, et il

se promettait de réaliscr bicnlót toulcs ses

craintcs. Faisant en lui-mcmc le comple des

forces prussicnncs, il se disait que la Prusse,

réduilecommc clic l'élait en terriloirc et en po–

pulation, ne pou\'ait pas apportcr plus de

-JOOmillc hommcs a Ja coalilion, donl tíOmillc

immédiatcment disponibles ; que la Russic n'cn

avait pas, dansson état acluel, ·I00 mille

a

met–

t1·c en ligne (toules choses vraies); il se disail en

voyant

les Prussicns

et

les Russcs s'avanccr

sur

le haut Elbc et Ja Thuringe avcc de parcillcs

forces, que sous trois ou quatrc scmaincs il les

ramCncrait

en Pologne plus vite

qu:ils

n'cn

étaicnt venus. 11 rcssentait déja Ja joic de la

vietoir~,

tant il s'cn croyait stir, et élait pcrsuadé

qu'aprcs une ou dcux balaillcs

il

forait rcntrcr

Ja raison dans les teles, se rcplacerait daos la

silualion donl ou le supposail desccndu, et cou–

clurait Ja paix, carilla désirait asa maniere, et

la dictcrait

conforme,

non pas précisément

a

son

discours, dans lcqucl il al'ait cru de bonnc poli–

tiquc de se mout1·cr plus inflexible cncore qu'il

ne voulait etrc, mais asscz rapprochéc de ce dis–

cours,

sauf en

Espagne

1

oú il étail

enfin,

mais

trop

tard, i'i!signé

a

de grands sacrificcs.

La défcction de la Prusse, loin de l'émouvoir,

fut pou1· lui une occasion de demandcr de nou–

velles fo1·ccs ¡,Ja Frunce.

11

élail tres-satisfailde

sa Jcvéc de cent millc hommes sur les quatrc

classcs anléricurcs; clic lui avuil procuré pour

la gar<lc ih1périale, pour lu réorganisalion des

ancicns

corps

de la grande

armée, une

es¡iCcc

d'hornmcs fort bcllc, el

a

Jaqucllc

il

n'étail plus

habitué, dcpuis qu'il appclait les conscrits une

aunéc

d't1vane~,

sous prétextc de prcndre le

tcmps de les instruirc. Ces sujcts des classcs an–

téricurcs. un pcn plus méconlcnts que les autres

le jour du départ, pcrrlaicnt lcur humcur une

fois au corps, et il leur rcslait la laille, les mus–

clcs qu'on a

a

vingt-cinq

ans,

et le courage

na–

lurcl 3 la nation

fran~aisc.

11 fit done préparcr

un nou\'eau sénatus-cousulle pour dcmandc1·