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LIVHE

QUAllANTE-SEPTll~ME.

cnco1·e80 millc hommcs, non passeulcmcnLsur

les qualrc, mais sur les six dcrniCrcs

conscrip~

Lions. C'étaicnLainsi pres de 600 millc homrncs

au licu de 500 mille, sur lesqucls sa puissantc

faculté ci'organisaLion allaiL s'exercer, eL pour les

obtcni1', la défcction de la Prusse était un argu–

ment louL naturcl 11 donncr, non pas au SénaL

qui n'cn avait pas bcsoin, mais au public éclairé,

11ui !out en gémissant de pareils sacrifices, ne

pouvait pas les contcslcr en préscncc desdangcrs

dont la Francc était menacéc.

La Prussc lui scrviL encorc d'argumcnt pour

une cxigcncc U'un autrc gcnrc. On avait

fait

appcl en Allcmagne

a

toulcs les classes. mais en

commcn~auL

par la jcunc noblcsse. En Francc

les appcls ne portaient en général que sur les

elasses moyenncs ou inférieurcs. Les classes

élcvées échappaicnt

:i

la conscription 1iar le rcm–

placemcnL, qu'ellcs payaicnt

a

des prix excessifs,

dcpuis que la gucrre élait devcnue horriblemcnt

sanguinairc. Elles n'avnicntconlribué égalcmcnt

auxdons volontaircs que par lcur forLunc. Napo·

léon, ccltc fois, voulait 1 lcur égard s'cn prcndrc

aux pcrsonncs mémcs. Dcpuis Jonglcmps il y

pcnsait, et J'occasion lui scmbla heurcuscmcnt

lrouvée. EnAllcmagncJajeuncnoblcssc1·cgardait

commc un dcvoir de eourir aux armes 1 ,la tele

de toutes les elasscs de la nation : pourquoi n'cn

fcrait-cllcpasaulant en Francc?JadisJanoblcssc

fran~aisc

n'avait Jaissé a pcrsonnc J'honneur de

la dcvancer sur les ehampsde bataillc; les armes

étaicnl sa profcssion, sa gloirc, sa passion la plus

vive. Pourquoi ne scrait-cllc plus Ja mcmc au–

jourd'hui?

JI

y avait a Ja vérilé une cxplication

de son éloignement

1.t

servir, c'est qu'clle aimait

J'ancicnncdynaslic, eL point du loul la nouvcllc.

Ccttc raisonnetouchaitgucrcNapoléon, ou plutóL

le touchait bcaucoup. Admissib!e de la part des

pC..cs qui vicillissaicnl dansJ'imbécile retraitcdc

lcurs cl1tilcaux, clic ne J'étail pas, sclon Jui, ou

du

moins

ne le

serait pas 1011gtcmps pou1·

les

jcuncs gens: qui avaicnt du sang dans lesreines,

qui dcvaient lescnLir fcrmenler, et ne pouvaienL

pas

c1·oirc

que lachassc

fUt

asscz

pour

lcur :igc,

leur nom, lcuravenir. 11n'yavait

quli1

lesprcndrc

de gré ou de force, 1 les 1·éunir dans un corps

qui llatlat lcur vanité par son litre, la frivolité

ele Jc11r ¡igc pa1· Ja bcauté de son uniforme; et

puis une fois transportés

a

l'arméc,

011

saurait

bien les cnflanuncr, ca1· ce ne scrait pas Jcur

J'aire honncur que de les supposcr moins inflam–

mablcs que le reste de la nation au bruiLdu

canon,

it

lavoixd'un grand capitainc. On aurait

l'avanlagc de les avoir ralliés

a

soi, el surlout de

ne pas les Jaisscr dcrrierc soi, oisifsel hostiles au

fond de lcurs provinccs, a la vcillcd'événcmcnls

pcut-étrc graves.

Commc on ne pouvait pas procédcr

¡,

lcur

égard par Ja voic de la conscription,

a

Jaquellc

ils avaicnt déja satisfait et salisfcraieuL cncore

par le rcmplaccmcnt, cLqu'on était réduit 11 les

prcnd1·c arbit1·aircment, ccux-ci pour lcur fo1·–

tune, ccux-la pour lcur nom, Napoléon pcnsa

qu'il fallail investir les préfcLs du pouvoir de les

désigner

a

volonté, en donnanL

JlOUI' CXCUSC

d'unc

maniCrc de procéder

aussipeu

réguliCre la·raison

d:égalité, fort singuliCrement alléguée ici, puis–

que l'égalilé c'étaiL Ja conscriplion. On devail

dirc au pays que eetle classc des ancicus nobles

s'évcrtunnt

a

échappcr

a

force d'argent au servicc

militairc, Je plus péniblc de lous, il fallait l'y

contraind1·c tout commc les nutres, et cmploycr

)lOlll'

y

réussirlcs moycns néccssaircs, quclsqu'ils

fusscnt.

Par ces moycns dont la natu1·c importait peu

a

ses ycux, Napoléon se flatta d'obLcnir encorc

dix

mi\le

beaux cavnliers, c!istingués par lanais·

sanee cL Ja fortunc, cLtrcs-probahlcmcnt par la

valcur. 11 résolut de les formcr en 1¡uatrc régi–

mcnls de 2,500 hommes ehacun, qualifiés régi–

mcnls des gardcsd'honneur, destinés

i1

servir

i1

coté de l'Empcrcur et a portcr un brillant uni–

forme. Les hommcs composant ces régimcnts

devaicnl avoi1· de leurs parents rnitle francs au

moins de rcvcnu, et sortiravcc le grade de sous–

licutcnant quand ils passcraient dans d'nutres

corps. C'élait par conséqucnL un vrai corps de

noblcssc, cLla difficulté des prcmicrs jours vain–

cuc, un légion brillante dont on tircrait aulanL

de scrviccsqu'on entirnit sous l'anciennc monar–

chic de Ja maison du roi. Napoléon choisit sur–

Jc-champ les villcs de Vcrsailles, Mctz, Lyon et

Tours pour les licux de formation, et nomma

pour coloncls de ces quatrc régimcnts des

JlCl'–

sonnagcs rcmarquablcs par le nom , Je grade

el les scrviccs. Ce furent le comlc de Pully,

général de division, le baron Lcpic, général

des grcnadicrs a cheval de Ja gardc, le comtc

Philippe de Segur, général de brigadc, et le

comtc de Saint-Sulpicc, général des cuirassicrs.

Quanl aumodcdc J'appcl, il ful dit danslcséna–

tus-consulte que les prcfctsscraicnt chargés dese

conccrtcr avec les autorilés départcrncntalcs pour

Ja formaliou de la nouvellc légion de cavnlcl'Íc.

~lunis

d'unctcllccomrnission, les préfctsn'avaicnt

pas grande conlrainLc.

a

s'imposcr. lis dcvaicnt