LES COHORTES. -
"''°"'"
1815.
017
rúster loyal envers la France. Sansdoule Frédé–
ric-Guillaurne aurait pu dépccher M. de Kncse–
beck sccrCtcment, mais on n'aurRit
ptis
tahlé
:\
le sa\'oir, les meneurs de Krenigsberg, daos lcur
joie, n'auraient pas manqué
de
le publier, cL le
roí cut été en infraetion de son alliance avec Na–
poléon, par
conséqucnl
dans un mauvais cas, si
une nouvcllc victoirc <l'Iéna
ouvrR~t
la campngnc.
Frédéric-Guillaume •uraiL done voulu, outre la
restitution de son argent et de ses places, obtenir
l'aul.orisation d'envoyer un agcnt ostensible au–
pres d'Alexandre.
Le monarque prussien, qui ofTrait le triste
spectaele d'un roi hon.néte, placé entre sa con–
scicnce et rinté1·Ct de sa couronnc, était en ce
momenteruellement agité par l'unc et par l'autrc.
QuoiquepeudémonstraLifordinairement, ilaffieha
ectte fois cneore plus de eolere qu'il n'en éprou–
vait, disant qu'il n'y tenait plus, qu'on l'oppri–
mait, qu'on lui déninit ce qu'on lui dcvait incon–
teslablcment en luí rcfusant les 91, millions
réclamés; qu'on s'étnit engagé
ñ
le rcmbourser
dans trois mois, et qu'il
y
en avait plus de si'
que les fournitures avaicnt été faitcs; qn'cn lui
relenantscs places,donnéesengagcjusqu'a ccqu'il
sefllt acquitté, on violait les lraités cL son terri–
toire, puisqu'il ne dcvait plus ríen ; qu'cn luí
contestan!' ce qui appartenait
a
toutc puissanee
indépcndante, la faculté de négocier avcc un
État Yoisin, on le lraitaiL commc un princc
dépendant, qui n'aurait plus la liberté de ses
déterminations; que si cncore on pouvait
le
protéger, si on s'était maintenu sur le Niémcn
ou sur la Vistulc, il
y
aurait prétcxtc
a
éearlcr
tout pourparlcr avec la Russic, mnis qu'ayant
pcrdu le Niémcn, apres le Niémen la Vistulc, et
étant
a
la veillc de pcrdrc l'Odcr, il étnit injustc
et déraisonnahle de l'cmpécher de négocicr, pour
la ncutralilé au moins de sa roya le dcmcurc.
Aprcs avoir fait grand bruit de ces raisons,
de maniCre
a
se préparcr une excuse
h
tout
événemcnt, le roí, sans le publier ni le cacher,
expédia M. de Knescbcck pour le quartier géné–
ral russe, et des ce jour on pcut dire que d'une
alliance il a1'ait passé i1 l'autrc.
JI
n'était pas
encorc fixé sur le mérite de sa résolution,
il
ne
savait pns s'il faisait bieu ou mal, s'il ne rcnou–
velait pas la fautc de 1806, si le mouvcmcnt
auqucl il assistait
n'ét~it
pns semblablc
il
cclui
qui avait précédé la bataillc d'léna, et ne scrait
pas suivi des mémes rcvcrs! 11 cstencffct si diffi–
cile quelquefois de distingucr entre le préscnl et
un passéqui luí rcssemblcsous bcaucoup
Je
rap-
co11su1.Ar.4.
ports, et de discerner dans ce préscnt ce que la
Providence a caché de nouvcau
!
Mais Frédéric–
Guillaumc voyait les
Fran~ais
se rctircr pas
¡,
pas
du Niémcn
u
la Vistulc, de la Vistule ¡, !'Odcr.
les Russes s'avancer
i1
leur suite, ses snjcts
]'nppcJcr Ugrands cris, la qucslion d'heut'C
Cll
heurc se résoudrc snns lui, et n'attendant plus
de lumicrcs de sa raison qui ne pouvait plus luí
en íoumir,
il
se mita nttcndrc
t.oulc
JumiCrc,
toutc détermination de l'événcment Jui-mCme.
D'aillcurs soncrour deeitoycn et de roí était avec
ces Allcmands qui poussnicnt millccris, levaient
mille
br~s
pour l'indépendancc de l'Allenrngne,
et si quclque chose le retcnait cncore, e'était la
craintc sculc d'aggraver l'csclavagc de ccllc
Allcmagne qui luí était si chCrc.
J,c secrct de ce crour royal, tous les Prussicns
le devinaient et le disaient aux Russcs. M. de
Knesebcek nepouvaitque le répétcr
u
Alexandrc.
11 fallait marchcr en avant, forccr le quarticr
général
fran~ais
it
rétrograder de Posen
jusqu'~
Francfort-sur-rüdcr; il fallait aussi marchcr sur
Varsovic, de Ynrsovic sur Cracovie,et la Silésie,
cnveloppéc ainsi par ses deux extrémités, tom–
berait
Dl'CC
son roí dans les mains d'Alc.xandrc.
11 fallait faire pluscncore, il l'allaits'avanccr non–
sculemeñt sur l'Oder, mais sur l'Elbc, dégagcr
a
droite Berlín et Ilambourg, ¡, gauche Drcsdc,
et on délivrerait non-sculcmcnl la Prussc, qui se
ICvcrait tout entiCrc commcun scul homme, mnis
les pl'ovinceshanséatiqucs, le Hanovrc, la Wcst–
phalic, qui n'nttcndaicntqueroccasion de s'insur–
gcr, la Saxc,qui ne demandnit qu'i1 ctrc arrachée
:\la carriCrc aventurcuseoú Nnpoléon l'avait pré–
cipitée, peut-ctre mcme le Wurlcmberg et la
llaviCrc, etce.qui importuit mi lle fois davantage,
on délivrc1·ait l'Autl'ichc des licns dans lesquels
la politiquc cL une fa ussc pnrcnté la tenaicnt
cncore engngéc.
Les militaircs l'éíléchis, le princc Kutusof en
tCtc, désapprouvnient une mnrc11e aussi hnrclic,
cnl' il était impossiblc de laisscr clcrriérc soi
Dantzig el Thorn, qui avnicnt 50 mille hommcs
de garnison, Stcttin, Custrin
1
G!ogau, Spanclnu,
qui en avnient 50 millc aulrcs, sans bloqucr :iu
rnoins ces places, et on ne pouv:iit dCs lors pom··
suine Ja campagne avcc une faiblc partic de ses
forces. 11 fallait en efTct laisscr
a
uroitc1,0 mille
hommcs dcvant les places de la bassc Vistulc,
20
a
50millc11 gauchcclcvant Vnrsovieet les Autri–
chicns;
il
devait cloneen i•cslcrunecinquilntainc
de 111ille pour agir oJTcnsivcmcntconlrc les Fran–
~ais,
auxqucls on J'cndrait, en les pouss:int sur