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Lll'llE QUAllANTE-SEPTlliME.
Pape lcnait d'unc maniere loulc particulicrc,
afin de faire ressorlir ce que la rcligion gagnait
¡,
ce nouvcau concordat); qu'cnnn l'Empe1·eur
rendrait ses bonncs grtlccs nux cardinaux, évC–
qucs, prCtrcs, ln"iqucs, compromis
it
I1occasion
des dcrniers troublcs rcligicux.
11
fut slipulé que
l'institntion canoniqueserait donnée aux évéqucs
nommés par la couronnc, dans les formes et dé–
lais délcrminés par le dcrnicr brcf du Pape,
c'est-l1-dirc dans six mois
a
partir de la nomina–
tion par l'autorité tcmporcllc, et qu'i1 défaut par
lacourpontificalc d'avoiq¡rononcé danscedélai,
le plus ancicn prélat de la provincc pourrait
confércr l'institulion rcfusée ou diITéréc. Aces
dcrniercs clauses, le Pape insisla pour en njoulcr
une qui n'avait ricu d'unc disposition de loi ou
de traité, nrnis qui était pour lui une sortc d'cx–
cusc, et qui était
con~uc
dans les termes sui–
vants :
Lesai11t-¡¡ire se ¡¡orle aux dispositions
ci-dessusen considérnlion de l'état uclucl de
l'É–
glisc, el dons la co11fiance que lu-i a 1"11s¡1irée Sa
lllcdcslé q11'elle accordera
SCt
/lllisscmle protectio11
aux bcsoi11s si 1wmoreux qu'a la religion da11s
les lempsofr nous vivons.
11 fut convenu enfin que le concortlat nctucl,
quuii¡ue nynnt
Ja
force obligatoil'c d'un traité, ne
scrait pub lié qu'aprCs avoir été communi1¡uéaux
cnrd inaux ,r1u
i
avaicntclroitd'cn connaiLrc,comruc
couseillcrs naturels et néccssaires de l'Églisc.
Napoléon fil !out ce que vou!ut le saiul-pcl'C,
admit snns réscrvc les clrnngcmcntsde
réd11clion
c¡n'il demaudait, et que le sccrétni1·c lcnant In
plumc cxécutait
!1
finstant mCmc sur laminute
du traité; puis lorsquc tout fut convcnu, tcxtc
frnn~ais
et tcxlc ilalicn, on cuvoya l'uu et ]'nutre
nux scribcs chal'gés de Intrnnscription, etIc soir
méme, 25 janvicr, les deux cours pontificale et
impérialc élnnt asscmblécs, le Pnpc et l'llrnpc–
rcur signi:rclll cct acle
cxtraordinairc,
qui mct–
tait 1 nénnt la puissance tcmporellcde
Ja
papnulé,
pour toujou1·s sclon l'opinion deNnpoléon et du
Pape, pou1·bien pcu de lernps sclon lcsdesseins
cachés de la rrovidence
!
l!Empe1·eu1" enlourant
Pie Vil rlc témoignages de vénél'alion, le faisant
accablc1· de f'élicitations de !out genrc, ne Jui
laissn pas lllCJl!C
Ull
momcnt pou1• réfléehi1· 1 Ce
1¡u'il avait fait, et l'cnivra en le plac;nnt cn qucl–
~uc
sol'lc au milicu d'un
nu:1gc
d'cnccns. Pour
lui prouvcr sa joic, el
1111
complct rctoul' de
bonne volonlé, il cxpérlia sur-lc-clrnmp l'o1·drc
de délivrcr et de
l'tllllCllCI'
a
Paris les cnrdinnux
détcnus,connussous lenom de
wrdinauxnofrs.
11 prodigun les gr;iccs et les favcurs : il appcla
nu Conseil d'État l'évb¡uc de Nantes, au1¡ucl
il
<lonna en outrc la croix d'officicr de
Ja
Légion
d'honncur et le grand eordon de l'ordre de .la
Réunion ; il nommn l'éveque de Trcvcs conscil–
lcr d'État et officier de la Légion d'honneur ;
il
donna le grand cordon de la Réunion au cardi–
nal Maury et
a
l'archevcque de Tours, la croix
d'officier de la Légion d'honneur aux cardinaux
Doria et RuITo, la déeoration de la Couronnc de
fer
¡,
l'archcvcquc d'Édesse, des siégcs de séna–
tcur au cordinalde Bayaneet
a
l'évéquc d'Évrcux,
une pcnsion de six mille francs au médc.cin du
Pape, et des présents magnifiques
a
tous ccux
qui avaicnt contribué
a
l'actc imporlant ·qu'il
rcnail de conc:lurc.
Apres nvoir passédeux jours cncorc
a
Fonlai–
ncblcau, pendant lesquels il s'cITor<;a de nuni–
feslcr au Pape sa vive satisfaction,
il
partil le
·
27 jmwicr pour Paris, avec la conviclion d'avoir
necompli un acle qui pcut·clrc ne scrnit pnsdé–
finitif, mais qui dans le momcnt produirait cer–
tainemcnt un grand
c!Tc!.
11 se h;ita de public1·
dans lcsjournauxofficicls qu'un concordnt vcnait
de réglcr les diJTércnds survcnus entre l'Empirc
l't l'Église, et fit dire de vive voix, mais non
imprimer, que le Pape allait s'élablir 11 Avignon.
11 écrivit en Hollnnde,
a
Turin,
a
~lilao,
¡,
Flo–
rcnce,
¡,
Romc, 11 tous les rcpréscntants de son
aulorilé, pour lcur nnnonecr cct imporlnnt nr–
rangement, pour lenr en apprcndrc les <létails,
les nutoriscr
a
cndivulgucr le sens, non le lcxtc,
el
i1foirc tout ce qui serait nécessnirc pour rétn–
Lli1· lecalmednns les eonscienccs troublécs.
Ce calme ne dcvait pns étrc de lougue duréc,
car
il
élait fucile de prévoir qu'aussilól que les
conscillcrs ordinaircs du Pnpcscrnicnl rctournés
auJH'CS de lui, ils cssaycrnient de mettrc son
esprit1 la lorlurc, cn lui rcprochant l'aetc qu'il
nvait signé, en lui en monl!·ant les graves con–
séqucnces, SUrlOLll le défaut d'a·propos,
U
Ja
rcilled'nnc gucl'!'c qui ponvait ne pas lourncr i1
l'avanlage de Napoléon. En c!Tet.,
a
peine les
CHl'diuaux 11oirs
avnicnL-ils été admis
a
Fontai–
nclJlc:.lll, qu'on vit l'csprit clu Pnpc, si gai, si
s:11isfait pcndant<¡uclr¡ucsjours, rcdcvcni1· trislc
et sombre. Les cardinaux di Pietro et autres lui
rcmonlrrrcnt qu'il nvait trcs-imprudcmment
:iboli la puissancc lcmporcllc de In papauté,
opéré par consér¡uent de sn proprc nulorité une
rérolution immcnsc dans
l'l~glisc,
nbanclonné le
palrirnoinc de saint Pierre qui ne lui appartc–
nait poini, etcela sansnéccssité, Napoléon élant
ii
In
vcillc de succomber; qu'on l'avait trompé