LES COllOHTES. - JANvrn11 1815.
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aurait élé impossiblc d'entretenir son gouvcrne·
ment. Aces poiniss'enojoutaicnt quclqucs aulrcs
encare, sur lcsqucls, avcc la 1·olonlé d'cn ·finir,
et avcc la puissancc de Napoléon, il était facilc
d'arrivcrlt un accord.
Lo~squ'on
ful pres de s'cnlendrc, Napoléon
résolut de se lransporlcr lui-memc 3 Fonlaine–
blcau, pour tcrmincr par sa p1·éscncc les hésila–
tions ordinaires du Pape, el pom· oblcnir de lui
un acle forme! qu'on pút offrir au public commll
gagc de lapaix rcligicusc: commc avant·courcur
pcul-clre de la paix curopécnnc.
En
conséifuCncc,
le 1
!)
janvicr, fcignanl une
partic de chassc
a
Grosbois, il changca brusquc·
mcnl de dircction, et se rcndit 1 Fonlaincblcau,
ou il avait sccretcmenl cnvoyé sa maison. Le
Pape était en ce momenl en confércncc avcc
plusieurs évequcs el cardinaux. Déja ému par
les grandes atfaircs doul on l'cntrelcnait dcpuis
r¡uclques jours, il le ful bien davanlagc en
apprcnant l'arrivéc subilc ele Napoléon, qu'il
n'avait pas vu <lcpuis le couronncmcnt, qu'il
désirail et appréhcndait lout 3 la fois de rcn!
conlrcr, car s'il se llallail d'cxcrccr une ccrtainc
influcncc sur l'aulcur du Concordat, il craignait
encare plus de subir la sicnnc. Sans lui laissc1·
le lcmps de la réflcxion, Na1ioléo11 accourul, le
scrra dans ses bras, en l'appclonl son perc. Le
Pape
rc~ul
ses !'mbrassemcnls, en l'appclanl
son fils, el, sans cntrcr ce jour-13 dans le fond
des affaircs, ces dcux princcs,
si singuliCr·ement
associés par la dcstinéc pour se plairc el se lou1·–
mentcr loutc lcur vic, parurcnt parfaitc111ent
hcurcux de se rcvoir. L'cspéranee d'une 111·omplc
et completeréeoneiliation rayonnail sur les visa–
gcs. Les scrviteurs du Pape, 01·di11aircmcnt les
plus chagrins, semblaicnl saisis et clrni·més par
ce spcelaclc.
Le lcndcmain Pie VII, cntouré des eardinaux
et des évéques 1¡u'on avail laissé pénétrcr jusqu·¡,
lui pour ccllc eii·eouslance, alla en gmnde eéré-
111onic rendrc visite
a
l'Empcrcur dans sesappar–
tcmcnts. De chcz l'Empcrcur il se transporta
chez l'lmpératrir.e,
qn'il
ne connaissail pas, enr
ce n'élait pns celle qu'il avnit sacrée, et sur ce
trónc oü tout se succédail si vite,
Ja
souvcrainc
était drji1 changéc
!
Comme tout le monde,
il
la
lrouva
bonnc,
doucc, hcureuse
de
sa
g1·andcur,
se rnonlraavcc clic ce qu'il élail toujours, digne,
affcct~leux,
plein des gr:ices
rlc
111
vicillessc,pu
is,
apres lui avoir fait sa visite, il rcgut la sicnnc, el
au
milicu
de tout ce mouvcmcnt, pnrut i·cLrouvcr
un pcu de 1·ic, de salisfoction et d'cspérancc.
Toutcfois
il
ne pouvail avoir d'illusion sur ce
qui allail se passcr, L'Empcrcur n'avail pu se
déplncer pour ne fairc
a
Fontaincblcau qu'unc
visite, Suivant sa eoutumc, cct hommc si aclif,
si dominatcur, aspirait
a
quclquc granel résul–
tat; il veoait arrachcr au chef de
l'l~glisc
un
conscnlcmcnl , el lui imposcr ce qui lui co1i–
lail le plus, une résolulion.
Et
quellc résolution ?
ncnonccr
:11a
puissance teinporclle,abandonncr
Home JlUlll' Avignoo, acccptcr une hospilalité
mngnifiquc:
un csclavagc doré, devenir ainsi
pall'Íarche ele Constanlinople en Oeeidcnt, avcc
quclqucs richcsscsel quclqucs apparences so•1vc–
raiucs ele plus! El pou1'laul si le ¡wntif'c ne
conscntaiL pas
c'1
ccllc
conditio11
1
n'allait-il
pas
lrouvcr un nouvcl llenl'i Vlll, qui, non par
amour (ce n'élail pas la faihlcssc de Napoléon),
mais par
ambition,
porlerait
a
l'Église eles coups
plus rcdo1Jlahlc<cneorc que la spolialion de ses
bicns matériels? Pie VII était sur cela
vaincu
au
fo11d de
son eoour; mais avnnl
de
se résoudrc,
nvan(
cl'nllachcr
~'
son
pontiGcat un
le!
souvcni1·
lii:;lorique,
avantdc
scrésigner
11
Clre l'Augustule
<le la llomc d11·élic1111c, ou de b1·arcr lout ce <JUi
po11rr:1iL
résultcr
pour
In
rcligion d'une
lullc
¡ll'olo11g~c,
il
foUait un
cfforl
au-dcssus
de
l'éncr–
gic lle son time, éncl'gie qui
était
grande qunnd
il s'<1gissait d'opposcr :\
la
perséculion une résis·
lance 1iassivc, qui dcvcnail pres<¡ne nullcqu:md
il fallail ·prcrnlrc un partí prornpl et difficilc.
Jama
is,
au
resle, quclc1uc lemps qu'on lui
cUt
donné,
il
ne
se
scrait déeidé
lui-
mCme, et
Napoléo11
1
s'il voulait 1111 résultat,
avnit
bien foil
de
venir en pc1'son11c le
séduire,
l'éblouir, lui
pl'Cll<ll'C JH'eSIJUe
la
main
pülll'
J'obligcr
¡¡
SigllCI'
!
Les visites d'apparat
lcrminécs,
les
sérim1~
c11li'etic11s
commcncCrenl.
Napoléon étnit
!'ésolu
n
déploycr toul ce qu'il
avai~
de gnicc
el
de vi–
gueur d'csprit., de
puissancc
fasci11atricc
en u11
mol, pour charmcr le Pape, el. pour
le
COll\'ain–
crcen 111Cmc
tcmpsqu'il n'y
aVDiL
l'icn de micux
i1 fairc quccc r¡u'on lui dcmandail. D'abord, saus
parnitrcy allaehcrd'imporlancc, il cxposn, <¡uand
il en cut l'occasion, toul ce 11u'il allait aecompli1·
dans
la
prochaine
cnmpagne, et
se montrn
ce1·–
tain d
1
aceahlcrses
adversaircs
dCs l'ouverlurc des
hoslililés. Bien qu'on n'cúl pas laissé pénélrc1·
jusqu';,
Fonlaincblcau
lrs
fftehcuscs imprcssions
déji1répanelucs en Europc sur la situalion de Na–
poléon, le Pape savail ccpcndanl que pour la pre–
miCrc
fois il
11
1
était
pas·
l'C\'cnu
triompliant de
Ja
gucl'l'c.
~lnis
en le voyanl si
confit"lnt,
si
as·
suré de fuudroycr bicnlól la jaclancc des l\usses