LES COHOllTES. -
JANl'IEll
1813.
507
fucile alors... ELil se gardait de direpourquoi il
ne le foisait pas.
JI
avail cfTcctivcmcnt tout au
plus les <lcux licrsde ccllc sommc dans ses dcux
lrésors, el
il
ne 1•oulail pas avec raison se dému–
nir de Lout son argent complant. l\lais il pro–
mcltait a
l\I.
Mollien de soulenir le com·s de ccllc
nouvcllc valcur, cu prcnanl pour son complc
une sommc considérablc des bons que la caissc
allait émctlre.
JI
résolul encfTcLd'cn prcnd1·c pour 60 ou 70
millions successivcmcut, placemcnt qui était cx–
ccllenl, pnisqu'il rapporlait uu intérct ccrlain,
et que l'échéancc en élait cerlaine aussi, mais
qui diminuait notablemcnt les
160
millions
complanl dont il était pourvu. Toulefois il n'y
al'ail pas a hésilcr <lans l'élat de geneou l'on se
troul'ail, et
il
se Oatta qu'en foisant achelcr
une porliou de ce papicr au momenl de son
émission, il en mainlicndrait lavalcur
a
un tanx
l'Oisin du pair.
JI
le promit
a
l\I,
l\lollicn pour
lui rcndrc un pea de couragc.
Tcllcs étaicnt les mesures financicres par les–
qucllcs Napoléon s'apprelait
a
soulcnir ses dcr–
nicrcs et sesplus terribles guerres. C'était la fin
de ces aliénalions de biens-fonds dont la rcl'olu–
tion
fran~aise
al'ait foil ressouree pour résister
aux allaques de l'Europc. N'ayanL plus de nobles
i1 proscrire, el ne le voulant pas d'ailleurs,
11"1yant plus d'églises
a
dépossé<lcr, Napoléon
prcnait les hicns des communcs, dcmicrs pro–
priélairesdemainmorle,et les aliénait au moyen
d'unc espcce de papier de crédit , bcaucoup
mieux assis et surlout beaucoup micux limité
que les assignals, mais rappclant le fdchcuxsou–
venir du papicr-monnaic, et inlroduit aupresdu
public daosun momcnt bien peu fal'orable.
Toul en faisant ce qui était humainement pos–
siblc pour se meltre en étal de 1·cpousscr lescn–
nc111is qu'il avait attiréssur la FJ>ance, Napoléon
scnlait le bcsoin aussi d'essaycr quelquc chosc
pour ramencr les csprits qu'il voyait s'éloigner
chac¡uc jour davantagc de son gou\'crncmcnt.
Une paix lrcs-prochainc les lui ctit seule rcndus
complélcmcnl ; mais la paix , toute désirable
qn'cllc étail, n'étail possiblc qu'apres d'éncrgiqucs
cfTorts, qui nous rcndisscnl, non pas nolrcexor–
bitante clomination sur l'Europc,' mais le prestige
de notrc supfriorité militaire, et pour ohlcnir
un !el résultat il fallait répandrc cncorc bien du
sang. Adéfaut de la paix que, mcmc en étant
trcs-sagc, il n'aurait pas pu donner tout desuite,
Napoléon chcrchail une salisfaction mol'Ule i1
procure!' nnx csprits.
JI
cu imagina une qui,
ne-
cordéc
¡,
propos et sans réscrvc, aurait été d'un
grand cfTel.
.
De loulcs les causes qui in<lisposaicnt l'opi–
uion publiquecoulre Napoléon, la plusagissanle
apres la gucrre, c'était la brouillc avcc Rome et
Incaplivité du Pape. Pour les parlisans de la
maison de Bourbon, auxqucls les dernicrs évé–
ncmcnts venaieut de rcndre des espéranecs dc–
puis longtcmpsél'anouies, c'étail un lll'étcxte, el
des plus efficaees, pour cxciler l'animaell'ersion
contrc un gourcrncmcnt lyranniquc qui,suivant
eux, opprimait les conscienccs. Pout' la porlion
pieusedu pays, politiqucmcnldésintércsséc, mais
ramenéc
a
la rcligion par d'afTreux malhcurs du
lemps, c'était un molif sérieux et sincere de
bldmc et mcme d'aversion. En général les hom–
mcs el les fcmmcs qui montrcnt le plus de pen–
ehant pour les praliques religicuses , sonl <les
ames l'il'CS, qui rprouvent le bcsoin de conlri–
bucr activcment au lriomphe de leurscroyances.
Ce sonl de rcdoulables cnncmis cl'un goul'Crne–
ment lorsqu'il s'esl donné eontrc
la
religion des
torls 1•érilahles. L'aulorité ele lcurs mcctll'o, le111'
zcle
a
propngcr un gricf, un bruit, une cspé·
rancc, les rcndcnt infinimcnt dangcrcux. Napo–
léou aurait voulu clésarmcr cclle classc 1·cspec–
tablc, btcr en rocme. lcmps un prélcxte aux
royalistes qui se serl'aient des afTaires du culte
pour lui nuire, et fairccspérer la paix avce l'Eu–
ropepar la paixal'cc l'Église.
Aussi était-il résolu i1 tcrmincr ses difTércnels
aveclePape, enconcédant lemoins possiblc, mais
cnconcédantloulcfois ccquiseraitnéeessaircpour
parveni1·
ii
unaccord. Le Pape,détcnu longtemps
i1
Snvonc, était en ce
momcnL
h
FontaincLleau
1
captif mais lib1·e en apparence, et cnlouré de
toute espcce ele soins et d'honneurs. Napoléon,
eraignant que, pcndaut c¡u'il serait cnfoncé clans
les profondeurs de la Russie, les Anglais ne pro–
fllassc11t <le l'oecasion pour cnlcver Pie VII ele
Savonc, al'ait orelonné sa translation
:i
Fontai–
neblea11 pendant l'été de
1812.
On lui avait
donnél'apparlcmcntqu'ilavait occupé
a
l'époc¡uc
hcurcuse et brillante du cou1·onncment, lcmps
déja hicu loin et ele lui et ele Napoléon
!
On l'y
al'nit comblé d'hommagcs, el une partie de la
maisoncirile et mililaircde l'Empcrcur luial'ait
été c1woyéc
1
nOn
qu'il
vécUL
en souvcrain.
Un
elélachementdegrenaeliel'S
a
pierlet deeh:isSeUl'S
!i
chernl ele la gardc impérialc faisait le sc1·vicc
auprcsde lui, et on al'ait cu l'allcntion de rc1•c–
tir de l'habit de chambellan l'officier de la
gcnclarmcricd'élile chargé de le gardcr, lecapi-