LES COHORTES.-
m nF.R
1812.
~03
Dcpuis son élévationau trtinc, il avait économisé
135 millions, dont il avait placó quclqucs por–
tions en bonucs valeurs du Trésor ou de !'indus–
trie, pour en soutenir le cours, commc les bons
du Mont-Napoléon
a
Milan, la eaissc <l'amo1'lisse–
rncnt
i.
Paris, lescanaux deLoinget du Mi<li, ele.
Mais de ce trésor il avaitgardé e111'iron.une ccn–
tainc de millions en numérnirc dans les caves
des Tuilerics, pensanL que Jans les cireonstanees
dillicilcs aucunc rcssourcc ne valait l'argcnt
comptanl.
11
lui resl;¡il done
a
peu pres 60 mil–
lious sur le Jomaine cxtraordinaire, ·100 sur les
·155 millions économisés de la liste civilc, com–
posanL un total de 1
üO
millions en or et en
argent, soit aux Tuilcrics, soit daJls les cnisscs
du domainc cxtraordinairc.
Tcllcs étaicnt les valeurs métalliqucs qui fai–
saicnt dirc aux uns qu'il avnit 500, aux trnlrcs
1,00
et rnémc
oOO
millions en mélaux précicux,
dans un soutcrrain de son palais. Lui-mcmc, ne
s'cxpliquant pas claircmcnt, ne donnant jamais
l1
un caissicr le sccrct de foutrc,.résum:int pom·
lui scul, rlaus sa vastc tete, l'étaL de ses Onances
et de ses armées, Jaissait croire ce qu'onvoulait,
et disait quclqucfois lout ce qu'il fallait pour
accréditer le hruit d'un trésor prodigicux. C'était,
apres son arméc, la prineipalc de ses ressourecs.
Une seulc cut mieux valu,
la
sagcssc politique;
mais, sauf eellc-ln,
il
avail loutcs les nutres.
MalhcurcuscmenL aucunc ne sauraiLla rcmpla–
cer!
Si Napoléon, se rcndanL aux inslanecs de son
miuistrc,
cút
versé au prcmicr
cmlrnrras,
mCmc
au second, ces 160 millions dans les caisses du
lrésor public,
il
les aurail vus disparaitrc, et se
scrail bicntóL lrouvé sans argent, commc uu
général rnns réservc sur le champ de hataillc.
JI
étaiL done sagcmcnt résolu 1 ne pas s'en dcssai–
sir
i1
moins
d
1
unc impél'icuse nécessité,
se réscr–
vanL d'cn cmploycr une parlie pour soutcnir les
valcurs que le ministre des financcsscraiL tóLou
tard obligé de erécr, et
voulant
en
ménagcr·une
porlion considérablc pour les cas urgents. En
mcmc tcmps
il
se gardaiL bien, pour justifier sa
résislance, d'avoucr
i1
r¡uel poinl ses ressourecs
cxtraordinaircs étaicnl Jimitécs, conscrvait
ainsi
son sccrct pour lui seul, supportaít les insinua–
tions quelqucfois assez aigrcs de M. Mollien, et
Jaissait
dirc
ce
ministre.eld'autres, ne se livranl
11 son impaticncc naturcllc1¡uc lorsque tout allait
hicn, dcvcnant doux et cnlmc, nu conlrnirc,
lorsquc tout allaiLmal, pour ne pas ajouter par
des défauls de caraelcrc aux peines de ccux qui
le servaienL.
JI
chc1·chaiLdone, sans s'expliqucr,
Je moyen de se proeurer les
252
rnillions qui
manquaicnt po111· eomplétcr les budgcts de
'181·1
et de
1812,
et pour soldcr en cnticr eelui
de
·18·15.
Napoléon ne voulait 1aucun prix accroitrc les
impóts, bien qu'uuc •ugmcntalion su1·les contri–
butions dircetcs, trcs-focile
¡,
supporicr, ci1t
suffi pour produire les 150 millions dont on
avait Lcsoin pour '18-15. Les impóts indirects,
rétablis par Jui, ª''aient réussi sous le rapporl
financic1·, bien cntcndu, cnr sous le rap¡wrt
politiquc ils n'avaicnt pas cu plus de succi:s que
de coutumc. Mais les impóts indirccts, on ne les
augmcntc pas
~1
volonté, et en élcvant lcur larir,
on n'cst pas loujOUl'S
SU!'
d'élCVCl' leur produil.
Quant
a
la prop1·iété foncicre, Nopoléon répu–
gnait, aprCs l'avoir déchargéc sous son rCgne,
a
la grcvcr de nouveau.
11
airnaiL 1 pouvoir dirc
qu'au milieu des plus grandes gucrrcs la condi–
tion matéricllc de la Frunce n'av11it pns été
changéc, que Farrnée sculc
se
ressentniL de
ces
gucrres, mais que pour elle combaLLrc étaiLson
lot ordinnirc et toujours désiré,car clicy gagnait
de Ja gloirc, des honncurs, des grades, des ri–
chcsscs. C'étaicnL la des appréeiations comme
on a
J'~abitudc
d'cn fairc lorsc¡u'on pa1·Jc sans
contradictcur. Cette arrnéc, que Napoléon disail
si satisraitc, commcngait fort
a
se plaindrc, et
tous les mililaires qui rcvcnaient des bords du
Niémcn teunicnt
un
lnngagc
tcl, qu'on élniL
obligé de veillcr sur cux, et de les séparcr des
nouvcaux soldats pour prévenir la contagion du
méeonLcntcment. Deplus, on ne formaiL J'arrnéc.
qu'cn la tiranl du scin de Ja population,cn lcvanL
sur le pays .ce fameux irnpót du sang, répulé
alors le plus cruel de lous. Une fois sous lesd1·n–
pcaux, il cst v1·ni, les cnfants de la F1·ancc dcvc–
nnicnt militaircs de
fort
bonne gr:icc, mnis les
pnrcnls
n'cn
prcnaicnt pas nussi aisémcnt
Jcur
parli, et il s'amassail pcu
il
pnu dans lcur ereur
une hainc cfTroyablc, dont l'cxplosion dcvait
ctrc terrible. Napoléon se nourrissait doned'unc
purc illusion lorsqu'il croyait <1ue les irnpóts
d'nrgenL n
1
Ctnnt pas nugmcntés, In gucrrc nedc–
vait cxcrcer sur !'esprit des populations aucunc
inílucncc
rnchcusc ;
mais cnfin il ainwit
it
se le
persuadcr ainsi, el par ce motif
il
se refusait
it
loutc augmcntalion d'impóts. M. Mollicn, au
contrnirc, désirnnL que ses cnisses fusscnt rcm–
plics, et rcmplics par drs moycns régulicrs, pré–
férait ce 1¡u'il y avait de plus
St
0
1r el rlc plus
pi·ompt, et aurnit roulu ac·eroitrc les cont1·ibu-