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LIVBE QUAilAN'l'E-SEl'TIEME.
tnine Lagorsse, lequel, avcc de !'esprit et du
taet, nvait íini par plairc au Pape au point de lui
devenir indispensable. La surveillanee était done
eaehée sous les égards les plus respcetueux. On
avait laissé au Pape, outre son médeein et son
clrnpelain, quclques anciens scrvitcurs don! on
étaitsur, et il était visité de lemps en temps par
les eardinaux de Bayane el Maury, par l'arche–
''C'!UC
de Tours et l'évéquc de Nantes. Ces
pcrsonnagcs émincnts, auxqucls on avait tracé
la conduile i1 lenir, sans avoir avcc le pontifc
des cntreticns d'affaircs, lui parlaient quelque–
fois des maux de l'Église, des moycns el de
l'cspérancc de les foirc ecsscr, surlout lorsque le
rctour de Nnpoléon
a
Paris mettrait en présenee
eleux prinees qui s'aimaicnt.•ctquien s'abouchant
dircctcmc11t
s'cntcndraicnt
micux qu'cn se foi–
sant rcpréscnler par les négoeiateurs les plus
habilcs. Cettc sociétéétait laseulcqui fUt permiso
au Pape, et laseule mclmc qui lui plút.
JI
avait la
foeultéelccéléb1·el'la111esscledimanche
a
lagrande
chapelleelu chiitcau, etel'ydonner sabénédiction
aux fieleles. Maison avait sipeu ébruité sa t1·ans–
lation , la pcnséc du public fixéc sur Moscou
était dans ce momcnt si peu toUJ•néc vcrs les
nffaircs rcligicuscs, on craignait tant d'aillcurs
lesembúchcs ele la policc irnpérinlc, qu'il ve11aiLi1
peine quelques curicux
a
Fonl~incblcau
ledirnnn–
chc. Le Pape vivait done da1¡s une rctraite p1·0-
foudc,onpourrait mcrnc dircdoucc,sielle n'avail
été forcéc. Quoiqu'on cut mis le pare asa dispo–
sition, il ne sortait jamnis de ses apparlcments,
par indolencc et par calcul, faisait quelqucs pas
tous les jours dans la grande galcric rlitc de
Hc11ri
11,
rclomlwilcnsuitedunsson immobilité,
ne lisait mérnc pas, bien qu'il ci1t i1 sa portéc
la
biLliotl1equc du r.h:ilcau, et scrnblait complétc–
mcnL
cndormi
danssacapTivité.
On ne pouvait pas
imaginc1· u11
lraitcmenl
physiquc et 11101·al plus pro1wc
ú
vaincrc sa 1·ésis–
tancc, surtout si Napoléon, appnraissrrnt tout
;)
coup, vcn:.-iiL cssnycr sur !ni Ir. double prcstigc
de sa puissancc et ele sa convcrsalion cnti·ni–
nantc. Napoléon rcvcnu <le Moscou,vaincupar la
nnturc, sinon par les hommcs, dcvait sansdoulc
nvoirmoinsd'influcncc, mnisilluicnrcstaitcncorc
asscz pour elécidcr, en s'y prcnant bien, Pie VII
ii
une transaction. D'aillcurs, disposant de toutes
les issucs, on
n'av~it
laissé arrivcr
it
Iaconnais–
sancc du pontifc que les faits impossiblcs
a
cachcr, expliqués ele la maniere la moins
m–
chcusc pour nos armes. Aussi, quoiquc ayant
cssuyé un mauvais hivcr, Napoléon n'cn était
pas moins aux ycux de Pie VII le ¡iotcntat le
plus rcdoutahlc, potcntat auqucl pcrsonnc n'était
de force 3arrachcr l'llalicpour en restitucr une
partic au successcur de saint Pierre.
Napoléon s'était
ha
té, le surlendcmain mclrne
de son arrivée
a
París, d'écrirc au Pape, pour lui
témoigncr le plaisir qu'il éprouvait de leposséder
si pres delui, ledésir del'allcr voir et de lcrmi–
ncr bicntótlcsdiffércndsqui troublaicnt l'Íoglise.
Puis i1 ccltc lcltrc il avait joint des allécs et des
venues de MM. de Bayanc, de Barral, Duvoisin,
pour l'nmcncr
it
un accord par des cónccssions
presquc incspérées. En effet les points en litige
ne préscntaicnt plus d'aussi grandes difficultés
qu'auparavant. Le mode de l'institution cano–
niquc était convcnu depuisque l'Églisr, si facile
alors sur sa prérogativc cssentiellc, avait concédé
qu'apres six mois tout prélat scrait institué, ou
par le Pape, ou,
a
son défaut, par le métropoli–
tain ele la provincc ccclésiastiquc. Ce qui était
plus difficilc
a
elétcrmincr, c'était l'élahlisscment
temporel du souverain pontife. Pie Vil ne faisant
pas eutrcr la chutede Napoléon dans ses prévi–
sions, et ne voyant des lors aucun .moycn de le
forccr
~1
rcstituer les États romains, en étnit
:1
considércr l'étahlisscment de la papauté
a
Avi–
gnon, avcc une dotationconvcnablc, commc une
sortc de pis allcr acccptable, qui avait dans le
passé un précédcnt, une excuse el une consola–
lion.
~lais
ce qui le révoltait, et lui paraissait
pire que lacaptivité mcrne, c'était le projctallri–
bué a Napoléon, et qu'il avait cu en effct un
momcnt, d'établir la papauté
a
Paris, sous la
main des cmpercurs
fran~ais.
Si une lclle chose
,,vait pu s'accomplir, Pie Vil n'aurait plus été
a
ses propres ycux que le patriarchc de Constan–
tinoplc, et la grande Églisc el'Occidcnt aurait élé
1·avaléc pour lui au nivcau de la modcrnc Église
d'Orient,
Ccttc disposition d'csprit fournissait done un
moyen ele négociation précieux, car en cédant
sur l'établissement
it
Paris, et enaccorclant l'éta–
blissemcnt
a
Avignon, on pouvait amcncr le
Pape
a
consentir 1 la solution de la question
répuléc la plus épincusc. Rcstaient les arrnnge–
mcnts rclntifs aux biens de l'Églisc rornainc,
vcndus ou
a
vcndre, et aux siéges qualiliés de
suburbicaircs, parce qu'ils sont placés aux cnvi–
rons de Rome,etcntourés d'uncantiquc majesté.
Le Pape tcnnit bcaucoup Uconscrvcr ces siégcs,
et
a
pouvoir nommcr des évcqucs de l'ellclri,
d'Albano, de Frascati, de Palestrina, etc., car,
sans rnoycns de récompcnscr des scrvices, il Jui