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tiOG

LIVllE QUAllANTE-SEPTIEME.

Trésor, scraicnl appliqués au scrvicc public, et

158

a

indcmniscr le propriélai1·c spolié, sans

qu'il en coúUit rico

tt

pcrsonnc, pns mCmc

it

l'Élal, qui allnil rcccvoir une si grossc sommc.

~l.

Mollicn soutcnait sur le droil de propriété des

théories l'!'aiesmais ahstraitcs, et qui touehnicnt

peu sonadvcrsairc, présenlail l'cxtcnsion donnéc

aux bons de la caissc d'amorlisscmcnl commc la

création d'unvrai papicr-monnaic, signalait Jcs

difficultés qui en résulteraicnt dans tous ses

scrviccs, lcssignalait avcc clrngrin, avcc humcur,

plutól qu'avec résolulion. Cettc lutlc cnlrc un

esprit fucile el disert, maiscomprcnant trop pcu

les objcctions pour s'en lnisser alTcctcr, el un

esprit convaincumaisne sachant pas convaincrc,

cut été interminable, si Napoléon impaiicnté,

disccrnanl parfoitcmcnl ce qu'il y avait de vrai

et de faux de l'un et de l'autrc cóté, mais voulanl

a

tout prix un résultat, n'cul dil

a

M. Mollien :

Tout cela est bien, je comprcnds vos objections,

je les apprécic, mais avanl de criliquer un pro–

jel il faul mcllre quelque chose

iI

la place. -

L'objccUon était en clTet embal'!'r.ssante. C'étail

le cri du bcsoin, poussé par cclui auquel les

hesoins de l'Élnt élaienl plus préscnts qu'ii un

autre, parce qu'il avait un rnillion de soldats

a

vCtir, i1 armcr,t1 nourrir, ctque soncxistcncc, sa

grandem., sa gloirc tenaicnl

a

la solution du

prohlcmc. Si M. Mollicn ci\l été un esprit plus

décidé, il aurait répondu toul de suite a Napo–

léon:Émcttezdes rentes

pour cent, aGO francs,

n1cme a 50 s'il le faut; payez les capitaux

8 ou

'iO

pour cent, mcmc davanlagc, el cettc

opérntion vous coütcra moins chcr, vous crCcra

moins d'inimitiés, nourrira plus lÓL etmicuxvos

soldats, qu'un papicr-monnaic mal accucilli, et

refusé dans tous les payemcnts. Mais M. Mollien

n'cut pas osé dirc cela, peul-Ctre mcme n'eút-il

pas osé le penser i1ectle époquc, el Napoléon,

pressé de se procm·er de !'argent, ne supposant

pas possiblc nne érnission de rentes, voulant

absolument avoir des biens a vendre puisquc

c'étail la sculc rcssource du moment, les pre·

nait oú il y en avait cncorc. L'archichancclier

'Cambacércs, pluscalme, élail néanmoinsdominé

aussi par le scnlimcnt du hesoin, et par le mcme

rnotif que Napoléon aboulit a l'adoption dn pro–

jct si longucmcnt déballu.

Enconséquence, il ful convenu qu'ons'appro–

prierait les bicns des communes que nous avons

désignés, c'est·a·dirc les bicnsaffCl'lnés, qu'on les

él'alucrait au moyen d'uue procédurcadministra·

li\'e sommairc, qu'ou les rcmplaccrail par une

rente dont il élail facilc a l'État de fairc !'avance

en la créant, et qu'on les transfére1·nil cnsuite 3

la caissc d'amorlisscmcnt. Ccltc caisscavail pris

l'habitudc des ventesterritoriales, et lescxécutail

bien, parce qu'ellc lesexécutait lentement et par

pclitcs quantilés. En attendanl qu'ellc en

re~Úl

le payemcnt ordinaircmenl exigé i1

des termes

éloignés et successifs, clic émellait un papiei·

porlant intérct, qu'clic donnait a l'Élat pOUl' prix

des bicns 11 vcndrc, qu'cllc retirait cnsuite pcu

a

pcu,

a

mesure qu'elle touchait le prix des ventes,

etqui se soulenait dans

le

public, parce qu'il était

peu considérablc, et trcs-cxactc10cnt rcniboursé

encapital et intércts. C'était ce mécanismc qu'il

s'agissail de développer, el qu'on développa en

effet, en statuant que la caissc d'amortisscment

vcndrait les nouveaux bicns aux cnchcres, sous

la condilion pour les achclcurs d'acquitlcr un

licrs de la valeur comptant, un sccond ticrs en

18H, un troisieme en 18Hí,elde paycr en outre

l'intércl des sommes différécs sur

le

picd !le

a

pourccnt. Enaltendanl, la caisscd'amorlissemcnt

<levait créer imrnédintement, et remcttre au Tré–

sor pour 252 milions de hons, portant intércls,

el succcssivemcnl rcmboursablcs

a

mesure de

l'acquittemcnt clu prix des immcubles

a

vcndrc.

C'était cnsuitc au Trésor

n

se servir de ces bons

comme

il

pourrait, et aforcer, par cxcmplc, ou

a induirc les créanciers de l'État a les acceptcr.

C'est la que

commen~ait

le juste chagrin de

M. Mollien,chagrín que M. de Bassano ne com–

prcnail pas plusque les colcrcs de l'Europe prc–

tcs

a

se déchainer sur nous. - Mais

a

qui fcrai–

jc acccpler ce papicr? disait le ministre du

Trésor.- Alous ccux aqui vousdcvez, répondait

Napoléon. Vous dcvcz

a

des fournisscurs de la

gucrre el de la marine,

l1

des créancicrs de toutc

cspcce, 4·6 millions pour 18·11, 57 millions ¡•our

1812 ; payez ces sommcs avcc les bons de la

caisse d'amol'tisscmcnt, etvous introduircz ninsi

ces bons en provincc. On y répugncra d'abord,

mais en voyanl qu'ils porlcnt un inlérct cxacte–

rnent acquitté, qu'ils scrvenl 1achctcr des bicns

fort bcaux, el nullcmcnt frappés de réprobalion

commc les ancicns biens cl1émigrés, on ]es

l'.C–

chcrchcrn. 11 s'cn vcnd1·a snr la place, on en

soutiendra le cours, el votrc pnpier finira par

valoir prcsquc de l'argenl.. - Si Votrc Majesté

s'cn chargeail, répondait limidernenl M. Mollicn,

c'cst-II-dirc si elle aehctait tout de suite les

232 millions avec les grandes rcssourccs accu–

rnulées par son génie, alors tout scrait fucile. -

Oui, sansdoule, répliqunil Napoléon, tout serait