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~ 10

LIVHE QUARANTE-SEPTIEME.

et des Allcmands, on

11e

pouvait pas ne pas

éprouvcr lamcmcconfiancc, el,aux changcmenls

pres opérés dans sa pcrsonnc, car, au licu d'clrc

clroit el 111inec,Napoléonélait déjaun pcucour/Jé

et picio d'emhonpoint, Je Pape crut rcvoir Je

jcunc et radicux cmpcrcur de 1801,,C'élail, sous

une extreme largcur de trails, le mcmc fcu, Ja

memc noblcssc, la mcmc beaulé de visagc.

Apres avoir pcrsuadé a Pie VII qu'il étail aussi

puissant que jamais, que eontrc ses volonlés on

ne prévaudrail pas plus qu'aulrcfois, Napoléon

lui Óla toulc cspérancc de rccouvrcr llomc, et

lui monlra la résolulion il'l'érocablc de ne ja–

nrnis nbandonner

a

une

i11flucncc

étrangCrc la

moindrc pnrecllc de I'llalic. Le chef de l'Eglisc

n'avaiL donequ'a choisir entre Paris eLA1•ignon.

11

fcrait bien micux d'aeceplcr Paris,disaiL Napo–

léon.

11

y scraiL vénéré, enlouré de loulcs sorles

d'hommages, el il y vcrrail l'cmpcrcur des Fran–

~ais

touL disposé a lui lenir l'étricr, eommc fai–

saicntjadis les cmpcrcurs gcrmaniqucs.

11

aurail

en oulrc la cc1·titudc de n'avoir plus dedémt:lés,

car' a la prcmicrc dilTiculté, un momcnl d'cxpli–

calions cordiales entre les dcux souvcrains arrc–

lcrait !out conílit prcl i1nailrc. Mais cnfiu puis–

qu'il ne le voulait pas, il n'avail qu'a préfércr

Avignon, licu cléja consacré par un long séjour

des papes. Les ordrcs allaicnt ctrc donnés im-

111éc/ialcmcnL, el loul scrail bicnlÓL disposé ponr

qu'il y lrouvi1l la plussomplucusc cxistcncc. JI

y

rcccvrait en lihcrlé les ambassadeu1·s de loulcs

les puissanccs, qui jouiraicnl auprcs de lui des

privilégcs et de l'indépcndancc diplornaliqucs,

npparlinsscnl-ils :'1des Élals en gucrrc avec la

Francc, et r¡ui pourraicnl se rcndrc auprcs de

lano111•cllccour ponlifiealcpar la mcrel lellhóne,

presc¡uc sans toucl1cr nu lcrriLoirc de l'Empirc.

Dcux millions de rc1•enu Jui seraicnt allribués

pour l'indcmuiscr desbicns vcnclusdans les Étals

romains. Tons les bicns dont Ja vente n'élail pas

consomméc, el c'était la plus grande portie, lui

scraienl rcndus, et scrairnt adminislrés par ses

ngcnls. On allait rétablir pour lui cornplairc les

siéges suburbieaircs, dont il nonunerait les évc–

c¡ucs.

11

aurnit en oulrc, soit en llalic, soil en

Francc, i1son choix, la faculté de nomination

dans dix dioecscs, de qnoi réeompcnscr par con–

séqucnt les scrvitcurs de son gouvcrncmcnt.,

sans eomptcr In norninaliondes cardinauxqui ne

ccsserait pas de lui appartcnir. Les prélals des

Élals romains dont les siégcs avaienl étésuppri–

més, qui étaicnt eneorc virants., et qui étaient

!'un des plus grarcs soucis du Pape, anraicnl la

qualité, le Litre, la silualion d'évcques

in

]Jfll'ti–

úus,

el reccvraienl lcur vie duranl, sur le Trésor

frnn~ais,

un lrailcmcnt égal aux rcvcnus de

lcursancicnsdioecses. Ce scrait encorc une nou–

vcllc légion de grands dignitaires ccclésiaslic¡ues

qui conlribucrait 11 l'éelal de Ja cour d'Avignon.

Les archives rornaines, les grandes adrninislra–

lionsdelapénilcnecric,de ladalcric,de la propa–

gandc, ele., scraient lransportécs aupri:sdu Pape

dans le beau pays de Vaucluse, et co01•enable–

ment établics dans la nouvcllc llomc ponlificalc,

qu'on allait consacrcr toul enlicrc a sa gloricusc

dcstinalion.

Le Pape n'aurait done ricn

a

regrcltcr, ni ri–

cliesscs, ni éclat souvcrain, ni indépcndancc, ni

pnissancc, car il réglcrail loulcs les aITaircs reli–

gicuscs 1 son gré, aussi librcrnent qu'il le faisait

jadis

a

Romc.

11

ne pcrdrait que la puissanec

tcmporellc, vainc ambition des ponlifcs, grave

dangcr pour la rcligion, qui avail toujours souf–

fcrLrlcs démclés des souvcrains lcmporcl; rlc

llomc avcc les princcs de la ehrélienlé. C'csl en

lrailanl ce snjcl que Napoléon dr'ploya tout ce

qu'il avnil ele snbiilité et de logique prcssanlc

pour convaincrc Pie VII.

11

s'allneha particulic–

rcment :'1 lni pcrsuadcr que la séparalion des

dcux puissanecs spirilucllc el lcmporellc, rt

l'abolilion de la clcrnii:rc, étaient une révolulion

inévilablc du lemps, qui n'inlércssail en ricn la

rcligion, son influcncc et sa pcrpétuité. Que de

choses, en cITcl,dcpuis vingl ans r¡u'on n'avail

jarnais vucs, qu'on1ú1urnit jnmais imnginécs, et

qu'il fallait rcpcndnnt admcltrc, puisqu'cllcs

élaicnl accomplics

!

Louis XVI el Maric-Anloi–

ncltc sur l'éehnfaud ; Napoléon, un simple olTi–

cicr d'a1'lilleric, au palaisdes Tuilcrics, époux de

Maric-Louisc, tcnanl Je sccplrc de l'OccidenL;

les cmpcrcurs d'Allcmngnc réduils

n

J'cmpire

d'Autricl1c; la maison de llourbon cxelucde lous

les lroncs; ledcsccndantdugrand Frédéric réduil

11 l'état d'unélcclcur de Braodcbourg; lcsancicns

rangs cITacés; les pcuplcs cxigcants, comman–

dant presquc1 lcu1·ssouvcrains, cxecpté

a

Napo–

léon, qui scul lcs contcnaiL dans le monde ; cnfin

la facc ele l'univers chaDgéc, tout cela n'étail-il

pas bien cxlraordinairc, tout cela ne parlail-il

pas un l:mgagc aussi clair qu'irrésistíblc? La

puissancc lcmporcllc des papes n'était-cllc pas

évidcmmcnt une <les choses dcslinées

a

dispa–

raitrc arce lanl d'aut1·cs? El ne fallait-il pasmcme

rcmcrcicr Je cicl d'avoi1· choisi, commc

inst.ru–

rnent ilcccsrérol11tio11s, un hommc lel que Napo–

léun, né clans la rcligion calholir¡uc, en ayanl