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LES COJIOl\TES. -

mvmr.

1815.

ti05

d'aulrcs bicns, dont l'cxccption, quoiqnc moins

indiquéc, était cncorc plus néccssairc : c'élaicnt

tous ccux dont la jouissancc prisc en commun

conslituait une des principales rcssourccs du

pcuplc des campagncs, comm·c les paluragcs oú

les paysans cnvoient paitrc Icor bétail, les bois

oit ils prcnncnt lcur cbauffagc, les tourbicres

dont ilsconsommcnt ou vcndcnt la tourbc. Enlc·

ver ces bicns dans un momcnt ou Ja conscrip–

tion

commcn~ait

a

pousscr les campagncs au

déscspoir,c'élait dansccrlaincs provinccss'cxpo·

ser

a

uuc nouvcllc Vcndéc. Quant

a

ccux-la

J'cxccptionétait cncorc inévitablc, car Ja dépos–

scssion cút été non-sculcmcnt barbare, mais

souvcraincmcnt imprudente.

Rcstait une troisicmc cspccc de bicns, lasculc

qui put ct1·c l'objct d'unc mesure financicrc,

nous voulons parlcr des propriétés affcrmécs par

les communcs, ne rcpréscnlant pour clics qu'un

rcvcnu en argent, dont c!lcs appliquaicnt le

montan!

il

lcurs dépcnscs. Commc aprcs tout

il

ne s'agissait pour clics que d'un produit en

argent, qui contribuait

a

a!légcr le poidsde lcul's

impóts, pcu Icor imporlait que cct argent lcur

vint d'un fcrtniCL'

OU

de l'État, l'cxactitudc U

paycr étant au moins égalc. Les communcs ne

devaicnt pas mcmc s'apcrcevoir du changcmcnt,

et l'Élat

y

dcvait gagncr, outrc une rcssonrcc

actuclle dont il avait grand bcsoin, la mise en

valcur de bicns-fonds considérablcs et aussi mal

adminislrés que le sont tous les bicnsde main–

rnortc. Quant

a

la valcur totalc des bicnsdont il

s'agit, on cstimait r¡u'ils pourraicnt se vcndrc

cnviron 570 millions, tandis qu'ils ne rappor·

taicnt pas plus de 8

a

9

millions par an aux

communcs. En supposant r¡u'on les vcndit en

cffet570 millions,eteettccslimntion ne scmblait

pas cxagéréc, il dcvait rcstcr, en.prélcvant les

252 millions néccssaircs 1 l'État,cnviron

'I

58 mil·

Iions , qui, au laux actucl des fonds publics

{le cinc¡ pour cent se vcndail 75 francs) dcvaicnl

procurcr les 9 millions de rentes dont on avait

bcsoin pour indcmniscr les communcs. De la

so1·tc l'Élalallait mémc lrouvcr gratis la rcssourrc

qui Jui élait néccssairc.

Ainsi préscnléc, la mesure n'o!frait que eles

avanlagcs,

et

il n'y avait pas 1 )1ésitcr sur son

adoption. Muis sous un autrc poiut de vuc

il

s'élcvail des

ohjr.ctiou~·dc

la plus3randcgravité.

Prcmicrcmcnt le droit ele propriété élait attcint

d:1ns une ccrlninc mesure,

bien

c¡u'il s'agit ici

de

propriétés collcctivcs, sur lesorl dcsqucllcs l'lilat

excrce uuc action qu'il ne peut pt·étcndrc sur

aucunc aulrc. Ainsi il pcul supprimcr un cou·

vcnt, une associntion, une communc, etdans ce

cas il csl amcné

a

disposcr de lcurs propriétés,

tandisqu'il ne pcut supprimcr un particulicr, el

mémc, quand il lui ótc la vicau nom des lois, il

ne foit 11u'ouvrir sa succcssion, sans avoirle droit

de se saisir de ses bicns. Sccondcmcnt

il

y

avail

un dommagc pécuniairc trcs-récl, quoiq\1c loin·

lain,causé aux communcs; car si clans lemomcnt

on lcur procurail un rcvcnu plus ccrlain et plus

fucile, on Icor donnait uneprop1·iété qui elcvait

se déprécicr tous les jourspnrlcsculcbangcmcut

des valcurs, contrc une propriété, ccllc de la

tcrre, qui au contrairc augmcntc sans ccssc par

la mémc cause. Troisicmcmcnt on froissait les

administrations municipales, qui, habituécs i1

gércr les domnincs communaux, les rcgardaicnt

commcIcor proprcfortunc.Quatricmcmcntenfin

l'aliénation, mémc en l'cxéculanl avcc bcaucoup

de prudcncc, ne pouvail manqucr d'ctrc difficilc

et lente, car il fallait invcntoricr ces bicns, les

évalucr, les ti·ansfércr

¡,

l'Etat, les rcmplacc1·

par une rente proportionncllc, les ven

el

re, en

rctircr le prix, ce qui dcvait cxigcr bcaucoup de

tcmps, et commc les bcsoins du Trésor étaicnt

immédiats, ilen 1·ésullait la néccssité d'antieipcr

par

l'é~ission

d'un papicr sur le produit de Ja

vente.

Ces llhjcctions bien préscntécs auraicnt fait

rcculcr u'ncasscmbléc éclairéc, et 11 tout prcnd1·e

une émiosionde i·cntes, falll1L·il faire dcsccndre

lecinq pour cent de75 fi·ancs 11 GO, mémc

ii

50,

cút micux vrilu, cl1L11rocuré des rcssourccs

moi11s

coutcuscs et plus prochaincs, qu'unc aliénation

soudainc et considéi·able de ¡JL·opriétés f'oncicrcs.

Muis ces 11ucslions étaicnl aloi·s bcaucoup moins

connucs qu'ellcs ne le sont aujourd'hui. On ne

savnit pas aussi bien que de nos jou1·s ce qu'on

pcrd

a

lroublcr la Jll'OJll'iété, CC qu'on 3a3nc

¡,

paycr les cnpitaux ehcrcmcnt, pourvu r¡u'on les

ohticnncd'unc maniCrc réguliG1·c, el qu'on solde

cxactcmcnl lcs scrviccs publics. J,a qucslion íul

surlout débaltue cnt1·c M. de llassano, que sa

complaisnncc pour les idécs de Nnpoléon faisait

alors admcttre

¡,

!'examen de pi·csr¡uc loutcs les

affail'cs, et M. Mollien, <111i discutait pcut-ctl'c

un pcu lrop subtilcmcnl des vél'ilés incontesta–

bles, s'irritait p1·ofondémcnt contre son conlra–

diclcur sans oscr Je manifcslcr, et s'cn allait

méconlcnt sans se rcndrc. Chaquc jour la Jutte

rccommcn~:1it.

M. deJlassano ll'ouvait que c'élait

mervcillc de se proeurcr Loul desuite 570 rnil–

lions, dont \!52, chi!frc exact des IJcsoins clu