LES COHOllTES. -
JANmR
1815.
~O·l
ses propres yeux de ce qui 'lcur manquait en
chaussures, vCtements, armemcnt, officiers,
y
suppléait sur-le-champ, et, s'il ne
le
pouvait pas,
en averlissait 1'Empel'cur, qui se chargcait d'y
pourvoir lui-meme. C'est au prix de ees efforls
inccssants que N-upoléon par1•enait
a
réaliscr ces
créatioos soudaincs, insuffisantes il cst vrai,
quelque grandes qu'elles fussent, pour réparcr
les eonséquences d'unc politique immodél'éc,
mais suffisanles pour élonner le monde, pour
ajouter une nouvelle gloire i1 eelle que nous
a1•ions déja, eL pour forcer !'Europe
·a
vcrser lout
son sang afin de i10us vuincre. Ces détailspeu–
vcnt sembler ni·ides suns doutc, mais ils ne
parailront lels qu'i1 eeux qui ne savent pus,·ou
n'ont pus le goitt d'upprendrc eomment s'uccom·
plissent les grandes choses.
Ce n'étuit pus tout que de réunir si vite ces
forces considérubles, il falluit les payer. Tundis
qu'il truvaillait jour et nuit
ii
la
recomposition
de l'arméc, Napoléon lmvaillait tout autant, et
avcc non moins d'activité, i1 metlre les financcs
de l'Empire en état de suffire
a
ses vaslcs arme'
ments ; et ce n'était pas chosc fucile ii la suite
d'un discrédil finuncicr qui dcvait naturcllemcnl
aceompagncr un commcnccmcnt de discrédit
poliliquc.
Nous avons cxposé aillcurs eomment les bu1l–
gets de l'Empire, rcnfcrmés pendanl plusicurs
annécs dans une sommc d'cnviron 780 millions
(900 millions avec les frais de pc1·eeption),
avaient été loul i1 coup portés en18H i1200 mil–
lionsdeplus,c'cst-n-dirc i1 un total de1,100 mil–
lions. Deux
causes, avons-nous
<lit ,
avnicnL
produit eetlc subite augmentation : prcmicre–
ment la réunion
u
la Francc de Romc, de l'llly–
ric, de la llollandc et desdéparlcmcnlshanséati–
qucs; sccondcmcnL, lesarrnemcnls
pour
Ja
Russie.
Les réunions de tcrriloircs avaicnt ajouté :. la
dépcnsc, mais bcaucoup plus
¡,'
la rcecttc, car
elles nvaicnt
procuré au budgct
un
accroissc–
mcnt de produil de 98 millions, et un occroissc–
men.t de charges qui n'.étail pas
u
bcaueoup pres
égul. J,cs armcmcnts pour la l\ussic n'avaicnt
a]oulé qu'a
la
dépense. .On y avait poun'tt avcc
le p1·oduit ordinairc et cxtraordina.ire des <loua–
ncs. Le
produit 0Pdi11airc avnit
été
fort ncc1·u
par
la nouvellc maniere d'cntcnd1·c le hlocus conl.i–
ncntal, laqucllc consistait, eommc
on
n vu,
;'1
fcrmcr lesycux sur !'origine <lesdcnrées colonia–
les, en leur faisant paycr 50 pour cent de leur
valcur. Le produit exl1'3ordinairc résultal des
saisies opérécs en Belgique, en llollande, dnns
CONSllLA.T.4.
lesdépartementshanséatiqucs,s'élaitélcvéjusqu'a
cent cinquante millions.
On était ainsi parvcnu
a
fairc facc aux besoins
des armées 1810, 18-11 , 1812. Pourlant il rcs–
tait quelques insuffisanccs auxquellcs il élait
urgen! de pourvoir. Le budgct de ·181'1, fixé
d'abord i1
1,
100 millionsavec les fraisdepcrccp–
tion, iaissait
a
COU1'rir par Suite de la disetlc qui
avait couté 20 millions au Trésor, et d'unc
diminutiou dans le produit desbois, un.déficit de
1,6
millions.Lcbudgctdc 18-12, évalué
a
1,·150mil–
lions, préscnlait égalcmcnt un déficit de 57 mil–
lions et' dcmi. C'étaicnl 85 rnillions
a
trouver
pour solde1· ces deux cxcrciccs, dont hcurcusc–
mcnt les dépcnscs, u'étant pas cnticrcmcnt liqui–
décs, ne réclamaicnt pas loutes un paycmcnl
ímmédiat. Quant au budgct de 'i815, la guerrc
se faisant prcsquc sur nos frontiercs, et dansdes
pays alliés qu'il fallail ménagc1" on étail ohligé
d'entretenir les troupes aux frais de la france.
.On conjccturait que ce hudgct ne montcraiLpas
i1moins de 1,270 millions, et on cstimait po111·
cctte annéc 18·15 l'ins11fl1sancc des rcssou1·ces
ii
.¡
1,a
rnillions. En ajo11lanl ce nouvcau déficit i1
ccux de 18,ll et de ·18·12, un arrivail i1 une
sommc
~ilale
ele 252 millions, r¡ui manquail au
Trésor, et qu:on nesnvaitcomment se procurcr,.
car on n':ivait jnmais songé
:1
rccourir au eréclit
clepuis l'ancicnne banqucroutc.
No11s avons dit que les défieitsdc ·181-1 et ·18·12
ncsc
faisaicnl pas
cncorc
bcnucoup sc11li1·, pn1·cc
que ces cxerciecs n'élnienL pns liquidés ;mriis
pour 1815 les dépcnscs du eo1111hcnccmc11l de
l"a11néc élant immcnscs, et allant forLau dclh .les
reecltcs i·éalisécs, l'ernbn1·ras clcvcnait
cxtrCmc.
M. Mollicn, ministreduTrésor, cspriL ingénicux
mnis circonspccl.
1
craiguant :1Vcc raison pour sa
considération pcrsonncllc si
on
avnit rccours
¡1
des
moyc11s
i1•régulirrs,
élail
trCs-déconccrlé,
et
par ses sc1·upules dcl'cnail pour Nnpoléon !'une
des clifficullés du momcnt. La
t~aissc
de scrvicr.,
dont la créalion honornit
l':ulministrntion
de
M. Mollicn et avail été rl'un
~rand
sccours, étaiL
arril'ée ¡, la limite des facilités r¡u'clle pouvail
offrir. On se souVienL saus cloutc qn'avant l'éta–
hlissemcnt tic ccltc eaissc, le Trésor, lursr¡u'il
avail des bcsoins
p11cssants,
cnvoyait
~1
l'cseumptc
lcsoblig;:itiousdes
rcccvcursgénéraux,clpresq11r.
toujourschcz lesrcccvcur:; gé11Craux cux-mCrncs,
qui lescscoli1plaicnt avce les fonds duTrésordéji1
rcntrés
da11s
lcurs
mains. Dcpuis la
crénLion
de
la coissc de servicc, lous les funcls des rcccvcu1·s
généraux dcvant
Ctrc "crsés immédi:ilcmcnt
it
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