LlVRE QUARANTE-SEPTIEME.
que cctlc paix du cicl lui vaudrait pcut-ct1·c In
paix de Ja lcrre.
11
y avait dcux mois que Napoléon était de
rctour
n
Paris, el, on Jevoil, il avait déja fortc–
mcnt mis la main
a
toutcs choses, diplomalie,
gucrrc, finances et cullcs. C'élail le momcnt
d'ouvrir Je Corps législalif, formalilé devcnuc
lcllemcnt insignifiante sous son rcgnc, qu'on
llé
savait jamais lejour oú ce corps
commcn~ait
ses
lravaux, ni lcjonr ou il les finissait. Ccllc fois,
au conlrairc,
011
al~1chait
un vif inlérel
a
la
séancc d'ouverlurc, el c'était un symptomc frnp–
pant du ehnngcmcnt opéré dnns les csprits. Sans
sougcr
a
se rcssaisir cncorc de ses afTnircs,
imprudemmcnt abandonnécs :\ un génic prodi–
gicux mais s:ms frcin, lanntion voulaiL au moins
les eonnaitrc, et dési1·ait lirc le discours que
prononcerait l'Empereur, si, commc on le snp–
posait, il ouvrait le Corps législatifen personnc.
Napoléon efTcclircmenlenavait l'inlcnlion,afin
de parler lui-mcmc !1Ja Frunce el
a
l'Europcdu
lrnut de son lronc, ébranlé sans doutc, muis le
plus élcvé encore de l'univcrs. En complant tous
les jours ses ressourccs, en voyant les moycns
affiucr de nouvcau sous sa rnain puissantc, en
combina11t ses 1•aslcs plans mililaircs, il nvait
rcpris une cnliC!'c confiancc en lui-mcme, et il
youlail qu'a la ficrlé deson langagc, Je monde
jugc:it rlc l'élat vrai de son :imc, et de la nature
de ses résolutions.
En conséqucncc, le dimanche
14
févricr, il se
rcndil nu Corps
législal.ifpour Jui fairc l'hon–
ncur, qu'il ne lui accordait pussouvcnt, d'ouvrir
sa scssion en pcrsonnc, et pour lui cxposcr l'élat
des afTaircs de l'Empirc. Enlouré d'un cortége
magnifique, il lut Je discours suivant, dont
l'imprudcncc égalait ma!hcurcuscmcnl l'éclat et
lavigucur.
"
.m:ssrnuns
1.ESDÉllUTÉS
Dl~S Dl~PAllTE1,lliNTS
AUCORPS LÉGISl.ATll1,
«
La gucrrc ralluméc dans le nord de l'Eu–
' ropc ofü·ail uneoccasion favorable nux projcls
" des Anglais sm· la Péninsulc. lis ont fait de
" grands cfTorls. Toules lcurs cspéranccs onl élé
" décucs... Lcur arméc a échoué clcvant la cita·
" dcl
0
lc de Burgos, el a till, apres arnir cssuyéde
" grandes perles, évacucr le lerritoirc de toulcs
" les Espagncs.
u
,Je suis moi-mCrnc crllré en Hussic. Les
•i
armes francniscsont été constammcnl viclo–
" rieuscs aux
0
champs d'Oslrowno, de Pololsk,
" de Mohilew, de Smolcnsk, de la Moskowa, tic
" Malo-Jaroslawelz. Nulle part les armées rus-
11
ses n'ont pu tcnir dc,
1
ant nos aiglcs. Moscou
" est lombée en nolre pouvoir.
·
" Lorsque les barrieres-de la llussie ont été
" foreécs et que l'impuissance de ses armesa
"
été rcconn11c, un cssnim <le Tnrtnrcs onttoürné
" leurs nrnins prn·icides conlre les plus belles
\(
provinces <le ce vnslc cmpirc, qu'ils rmticnt
" éié appclés
1'
défendrc. lis ont en peu de
" semnincs, nrnlgré les !armes et le déscspoir
" des inforlunés Moscovilcs, incend'ié plus de
" qunlrc millc de lcurs plus hcnux villnges, plus
" de cinquanle de lcurs plus belles villes ,
tt
nssouvissnnt ninsi lcur nnciennc haine, sous le
" prélexle de relarder nolre mnrche en nous
' environ1rnnl d'un désert. Nousavonstriomphé
" ele lous ces obslacles
!
(,'incendie mcme de
11
i\loscou, oU, en quatrc jours, ils ont anénnti
" le fruit des traYaux el des épargnes de qua-
1(
l'nntcgénérntions, n'<mlit ricn chnngé
ti
l'élnl.
" prospere de mes afTaires... Mais la rigueu1·
" exccssire et prématurée de l'hiver a fait peser
" sur mon :irrnée une alfreuse calamité. En pcu
"de nuitsj'ai vu toulchnngcr. J'ai faildcgr:in–
" des perles. Elles auraicnt brisé mon :irnc, si,
u
drms ces graves circonslnnccs, j'avais
clii
CLrc
" accessiblc
¡,
cl'aulrcs sentimcnls qu'i1l'intfrct,
" o
la gloirc et i1 !'avenir de mes peuples.
u
A la vuc des
nw.uxqui ont pesé sur nous,
" la joic de l'Anglctcrrc aéié grande, ses cspé–
" rances n'onl pus cu de bornes. ElleolfraiL nos
" plus bclles provinces pour récumpcnsc
a
Ja
" trohison. Elle mrt lait pom· condilion !1Ja paix
" le déchircmcnt de ce bel cmpirc : c'étoit,
" sous d'nutrcs termes, proclamcr
la
yuerre
" 71erpétucllc.
" L'éncrgic de mes pcuplcs dans ces grnndcs
u
cil'constnnccs, lcur nllachcmcnt
:1
l'intégrilé
u
de l,Empirc, l':unour qu
1
ils
m'o11L rnonLl'é,
" ont dissipé loutes ces chimcrcs, el 1·nmcné
" nos cnncmis
a
un scntimcnl plus juste des
uclioscs.
" Les mall1curs qu'a produils
In
rigucur des
" frimns ont foil rcssortir t!ans toutc lcur étcn–
" duc la grandcur el la solidilé de ccl empfre,
" fondé sur les efTorls el. J'amonr decinquanlc
" millions de citoycns, et sur les rcssources
" tcrrilorinlcsdes plusbclleseontréesdn monde.
u
C'cst
fl\'CC
une vire sntisfoction que nous
" ovons vn nos pcuples rlu 1·oyoumc d'ltalie,
" ecux de J'ancirnnc llollnnclc
et
des rlé1rn1'le–
" mcnts réunis, rivaliser avee les ancicns fran-