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IJVl\E QUAllANTE-SEPTIEME.
tiou du conscil. Le récit ele eelle seime, inséré
au
illonileur,
suílisait pour éveiller Je patrio–
tisme des uns, le zi:le inléressé des autrcs, el
pour stimuler vivement,tout préfct qui n'aurait
pas élé devaneé par ses administrés. Dans ccr–
lains lieux situés hors de la vicille France, il
s'élevaquelqucs objections du reste bien timidcs
et réprimées
a
J'instant mcme par les préfcts,
<JUÍ n'hésitaient pas 1
i'nterner
les contradicteurs,
c'est-it-dire
a
les exilcr dans l'inlérieur eleJ'Em–
pire. Mais dans la tolalité des départements
eompris entre le Rhin, lesAlpes et les Pyrénées,
ces offres ne rencontrcrent aucune diíliculté.
S'il yavait provocation de la part des préfcls ou
de leursaílidés, il y avait aussi plein assentiment
de la pa1'L du pays, car il n'yavait pas un eiloyen
sensé et patriote qui pul oLjecter quoi que ce
füt
a
de pareillcs proposilions. L'opinion que
Napoléon était l'aulcur de nos malheurs, mais
qu'il fallait le soutcnir, parce que scul il était
capablc ele rcpousscr la formidable massc d'cn–
ncmis qu'il avait altirée sur la F1·ancc, cetle
opinion était unanimc. A Paris suceédcrcnt les
grandes villes, puis les moindres, 1rnis les can–
tons, chacun donnant plusou moins, suivant ses
moycns et son zi:le. Lyon offrit 120 cavaliers,
llordcaux 80, Strasbourg 100; Roucn , Lillc,
Nantes, ilO;
An~ers
1,5;
Amiens, Marscillc,
Toulousc, 50; Mctz, llcnncs, Maycnce, 25; Pau,
Toulon, Hayonnc, Caen,
Ilesan~on,
Tours, Vc1·–
saillcs, Geneve, 20; Nancy, Clcrmont, Dunkcr–
•1ue, Nimes, Aix, 1
a.
Les villcs deSaint-Qucntin,
Orléa'ns, le Mans, la Jlochcllc, le llavre, Dijon,
Chcrbourg, llrcst, Macon, Angouleme, Verdun,
Jloiticrs, Pcrpignnn, oITrirent, les unes 12 cava–
liers, les autrcs 1Oou 8; les villcs de Saint–
Dcnis, Laon, l"ontaineblcau, Blois, Yvctol,
Dieppe, Vendóme, Moulins, J>éi-igucux, Niort,
Mcaux , Elbcuf, Quirnpcl', Vauncs, Abbeville,
Langrcs, Libournc, J.uncville, Lisicux, Sens,
Tarascan, Orange, Arles, Narbonnc, Ncvc1·s, les
unes 6, lesnutres
!}
1
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ou 5. Puis vinL la suite
des petitcs villcs, eLccllc des c:intons, dont les
délibérations rcmplissaicnL tous les jours plu–
sicurscolonncs du
llloniteul'.
11 cst 1 rc111arqucr
que les cités élrangCrcs urlics violcnuncnt U
l'Empirc, et pa1· conséquent les plus mal dispo–
sécs, émirent prcsquc toutcs des votes d'unc
importancc fort supérieurc
ii
leur zclc, évidcm–
mcnt sous l'impulsion de préfcts 11ui les intirni–
elaicnt, ou ele gens sagcs qui chcrclwient i1faire
oublicr quclqucs acles irnp1·11dcnts de lcurs
conciloycns. Ainsi flomc vola 24-0 cavalícrs,
Genes 80, Hambourg lOO, Amslerdam 100,
Jlotterdam 50, la Hayc
1,0,
Leyde 24, Utrccht 20,
Dusseldorf 12.
Les offrcs foitcs, il fallait les réaliscr, trouvcr
l'homme, le chcval, l'é11uipcment. On s'adressa
pour avoir les liornmcs
a
quelqucs cavalicrs reve–
nus du service,
a
des postillons,
il
des gardes
forcslicrs,
a
des
rcmpla~auts
cnfin. Cependant il
était encorc plus difficilc de se procurer les
hommcs que les chcvaux, parce que !'argent n'y
pouvait rico. Ilicntót un avis du ministcre de
l'intérieur apprit aux préfccturcs qu'on tenait
surloutaux cbevaux et
a
l'équipement.
Ce
n'était
plus des lors qu'une affaire d'argent. Pour J'ob–
tenir, les préfcts firent entre les citoyens les
plus imposés une répartition des sommes néccs–
saires , et cnvoyCrcnt
a
cbacun d'cux sa cote,
<1ui était, dans eertains déparlcmenls riches,
'ele 1,000, de 800, de 600 francs par tete, et qui
ful cxactement acquittéc, malgré quelques rarcs
réclamations contrc un mode d'impót toul
a
fait
illégal. Les lll'éfcls se rnirent cnsuite en quctc
pour troul'CI' des chcvaux en les payant bien,
et en lrom•C.·cnt. L'équipcmcnt n'était pas une
diíliculté dans un pnys aussi industricux que la
F1·ancc.
Enpeudejours, lcsofües montaienta 22 millc
chcvaux, 22 mille équipernents, et 16 mille ca–
valic1·s. C'était une ressourcc véritablc que
22 millc chevaux, surtout avec la difficulté qu'il
y
avnit alors
á
s'cn procurcr. De plus, l'effct mo–
ral de cesoffrcs ne laissait pas d'ctrc assezgrand,
car bien lJUC la main de l'aulorité füt visible,
néa11moins on connaissait aussi, et on ne niait
pas l'nsscntimcnt récldu pays, 1·atlaehé tout en·
ticr
il
I1idéc d\111c résistnnce énergiquc suivic
d'une paix promplc et honorable. Cct élan, sans
doutc, ne ressernblait pas
iJ
cclui de l'Allcmagnc,
car elle était enthousiastc, cnthousiaslc
de.salibcrlé
a
conquerir, de son indépenelancc natio–
nalc
b
rccouncr, et nous, nous étions froidc-
111cntconvaincus ele la néccssitéde nous défendre
conlrc un cnncmi
ir11prudcmmcnt
nttiré sur Ja
Francc. Mais ce <111i chcz nous devait égalcr au
moins l'énergiede l'A llemagnc, c'étail l'éucrgie
de nos soldats, <JUi partant avcc peinedu scin de
lcurs fomillcs désolécs, et une fois dcvant l'en–
ncmi n'écoutanL plus que la voix de l'honncur,
allaient dcvcni1· les émulcs, en valcm)si ce n'est
en cxpfricncc, des plus braves soldats de l'an·
c.icnncarméc.
Une foisenposscssiondeces immcnscsmoycns
de rccrutcmcnt, Napoléon les cmploya avcc ce