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LIVllE QUAllANTE-SEl'TIEME.
laisscr cettc puissance dans le doutc, et ne pas
l11i
donncr un puissant motif
d'accélérc1· ses ar–
mc1111•nls, el de lnilcr ses détcrminations contre
11ous. Enlrctcnir ses cspéranccs pour ne pas la
jcte1· ti·op tÓL dans les brns de nos ennemis étaiL
donelaplus élémcntaire de toutes les politiques.
Ala funesle letlreque Napoléon vcnaitd'éerirc
;, son beau-pcl'C, M. de Bnssano en joignit une
dcstinéc 11 M. de MelLcrnieh, eelle-ei <lisanl t1·ois
ouqualrc fois plus longucmcnl, plus orgueillou–
se111enl, ce queNapoléon avait dit avec la haulcur
de lon qui lui apparlcnait. Les armcmcnts de la
Fmncc
y
étaicnt cxposés avec une cxagération
prcsquc ridiculc. La Prussc, disail-il, venait
d'inspirer quclques méfianees,
el
on armait cent
millc hommcs, on prr1mait cent rnillions de
plus. Si cllcfinissaitparse prononcercontrc nous,
ce scraicnt elcux cent millc hommcs, el dcux
cents millions •1u'on ajoutcrait
a
nos ressourccs.
Un nolll'cl enncmi se préscnterait-il, ce seraicnt
cncore <lcux cent millc hommcs el dcux cenls
rnillions qu'on réunirait, ce qui ne lnissait guCrc
d'inccrlitudc sur l'application qu'on en pom•nit
fni1·c; cor, nprCs la Prussc, il n'y avait que l'Au·
t.richcqui pul provoqucr ce nom•eaudéploicmcnt
de forces. On irait, écrivait lcministrcdcsalTaircs
étrangC1·cs, jusqu'i1 douzc cent millc hommcs,
pour mainlcnir ce qu'on appclait le tcrritoirc
constilutionncl ele l'Empirc et la gloirc de Napo–
léon. 011 parlait, conlinuait M. de Bassano, du
soulhcmcnt des csprits conlrc la Francc !
JI
follait, au
conlrairc,
qu'on
y
prit gardc, et qu'on
ne pouss'it pas
a
bout une nation susceptible
COllllllC (a nation
fran~aisc,
prc\tc
a
SC ICVCI' !Out
cntierc cont1·c ccux qui en voulaicnl
a
sa gran–
clc111" et, s'il était néccssairc, il sc jctcr violcm-
111L11t sm· l'Eu1·opc. On vcrrait alors de bien
aut.rcs cataslrophcs que toulcs ccllcs auxqucllcs
011 arait assisté. Tcl <tui n'cxistait cncorc que
par la générosité et !'esprit de tolé!'ancc de la
Francc ,
ct,~scrait
de figurcr sur la cartc de
l'Europc! - M. de nlcltcrnich avail paru donncr
des ronscils. et, commc on le voit, 011 les lui
l'Cfüh1il de maniere
a
!ui Ólcr IOUIC cnvic d'c11
1lo11ncr
¡,
!'avenir. On terminail ccttc étrangc
diplornatic par des témoignagcs pcrsonncllcmcnt
gracicux pour le ministre aulrichicn, mais qui
J'CSSCrniJ(aicnt fo1•t
n
(a politcssc el'un supéricur
cnvcrs un inférie11r. Au surplus
N~poléon
et son
minislrc ncceptnient, disaicnt-ils, l'intcr\'Cnlion
de
l'Aulricl1c,
nrnis nux condilions énoncécs,
c'cst-11-elirc aux conditions arrachécs
a
la llussic
aprcs F1·iedland, ,\ l'Aulrichc aprcs Wagram, et
malhcureuscment on traitail apresMoscou !Pour
alléchcr l'Autriche, on avait imaginé un moyen
aussi singulicr que toul le reste, c'était de lui
annonccr avcc appareil, et commc nouvclles de
famillc capables de l'intércsser, lecouronnemcnl
prochain du roi de Romc, petit-filsde l'cmpercur
Fran~ois,
el l'avéncmcnt de sa filie Maric-Louisc
¡,
la régcncc ele Francc, dcux projets qui occ11-
paicnt Napoléon, et dont il avait cntrctenu le
princc Cambacéres. Sans doutc ces nouvcllcs
n'étaicnt pas absolument dénuécs d'intéri:t pour
l'cmpcrcur
Fran~ois,
el elles étaienl de. naturc i1
lui causcr <1uclqucplaisir, car
il
aimait sa 611c, et
ne pouvait pas clrc insensible
a
l'avantagc de la
voir dans ccrtains cas gouvcrncr la Francc. Mais
croirc qu'unc tcllc satisfaction lui fcrait oublier
l'étnl de l'Allcmagnc et de l'Autrichc, oublicr
vingt ans de malhcurs qu'il dépendait de lui de
réparcrenuninstanl, c'élaitscfairc uncsinguliere
idéc de l'Europc, el des moyens de sorlir du pas
sidnngcrcuxoú l'ons'étnit témérairemcntengagé.
Napoléon avail aussi 11
s'cxpliquer avcc la
Prussc, 11 répondrc aux excuses qu'cllc lui en·
voyail pour la défcction du générnl d'York, aux
prélcntions qu'clle laissait voir <le s'établir en
Silésic, el'y formcr une armée avcc r.otre argent,
el de pro6lcr de cct asile pour se convertir pcu
11 pcu, commc l'Autriche, d'alliéc en médiatricc,
ele médiatricc encnncmic.
Bien que M. de Saint-Marsan parut ne pas
eléscspércr ele lacour de Prussc si on lui faisait
a
propos des conccssions, il était évidcnt qu'il y
avail forl peu
a
altcndre d'ellc, dominéc qu'clle
était par eles passions nationalcs irrésisliblcs, el
qu';\ son égard on pouvait ne pas se contrainelrc
bcaucoup, sans qu'il en résultat un granel dom–
magc pour la situation. Consentir en clTet
a
<les
armemcnls qui allaicnt lournc1· contrc nous, lui
rcndrc un argent du peut-ctre, mais qui allait
servir i1 payc1· ses prochaines hostililés, argent
que el'aillcurs on n'avnit pas, nuraitété, il foul lc
rcconnnilrc, une insigne dupcrie. ConscnLidtce
qu'cllc se rcti1"il en Silésic pour y lrailcr nv1•c
la llussie, c'était la livrcr 11ous-mémcs
a
ccUc
puissancc, 1•crs laqucllcclic n'étail déja que trop
cntrninéc. Les fautcs n'étnie11t done pns fort
a
rcdoutcr ,\ l'égard ele la cour de Bcrlin, car avcc
clic le rnal était saos remede. Napoléon
rc~ul
M. de J(ruscmark, rcpréscntanl ordinnire' dc la
Prussc, et M. de Hatzfcldt, envoyé pour ccttc
circonstancc, les traita biensans ricnabandonner
de sa haulcur habilucllc, lcur exposa sa dcrniC..e
campagnc
a
sa maniere, ce qui était sou soin de