COHORTES. -
JANVIER
18"5.
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ccllcs-lo étaient, dans le momcnt, dénuées de
raison.
Ce sont ces divcrses qucstions, cclles de la
paix, du modc des négoci,1tions, de l'étcnduc
des armcmcnls, que Napoléon voulut traitcr
clans un conseil spécial, qu'il réunit aux Tuilc–
rics dans les prcmiers jours de janvicr', et qu'il
compasa d'hommcs parfaitement compétcnts.
Dans un pays ou les ministres auraicnt été res–
ponsables, c'esl-i1-dircaulcursde la direction des
affoires, il aurait dti n'y a<lmellrc que des mi–
nistres; dans un pays oú il était scul auleur de
toulcs les détcrminaLions, i\ choisit parmi les
hommcs de son cntouragc les plus cxpérimcntés
dans les maticrcs qu'on ovait
a
troitcr. 11 désirait
tircr de ce conscil quelques lumicrcs, s'il pou–
vnit, rnais surtout fairc preuvc de dispositions
pacifiques, et, une fois qu'un systcmc aurait été
adopté, obtenir autour de lui un complct accord
de volontés et de langagc.
Les pcrsonnages nppclés, et la plupart d'apres
la désignation de M. de Bassano, furcnt, outre
M. de Bassano lui-memc, l'archichancclicr Cam–
bacércs, le princede Tallcyrand, M. de Caulain–
court, M. le duc de Cadorc (de Clrnmpngny),
nncicn ambnssadcur et ancicnministre des affoi–
res étraogCrcs, cnfin les dcux principnux com–
mis de ce départcmcnt, MM. de la Bcsnardicrc
et d'lfautcrivc. Ccrlcs il ctit été difficilc de réunir
plus de savoir, et plus de vrai désir de sauvcr
Napoléon el l'État lui-mcmc.
Napoléon, calme et grave, cxposa brib·cmenl
In situation, ordonna la lccture desdécrclsqu'on
dcvait présenter au Sénat, puis préeisa commc il
suit la qucstion qu'il voulait fairc approf'ondir.
- " Je souhailc la paix, dil-il, mais je necrains
point la guerrc. Malgré les perles que nousa
causées larigucur du climat, il nous reste cncore
de grandes
rcssourccs.Audcdans, la tranquillité
regnc. La nntion ne vcut point renonccr
i1
sa
gloire et
a
sa puissanee. Au dchors, l'Autricl1c,
la Prussc, le Danemark donncnt les plus forles
assurnnces de Jeur fidélité. L'Autrichc ne songe
pas
¡,
1·ompre une alliancc dont elle attcnd de
grandsavantnges. Le roi de Prussc offre de rcn–
forccr son contingcnt, et vicnt de défércr ;, un
conscil <le gucrre le général 1l'Y
01·k.
La Russic a
hesoin de la pnix. Quoique travnillée pnr les in–
trigues de l'Anglet.crre, je ne pcnsc pas qu'clle
veuille pcrsistcr dans une \ultc qui finirn pnr lui
etrc funeslc.
" J'aiordonné une lcvécde 550 millchommcs
(faisant, commc on !'a dit,
500
avec la conscrip-
tion ele
1815);
le ]ll'Ojct de sénntus-eonsulle cst
rédigé et va ctre présenté.
Un
autrc décrct est
prépnré pour
In
convocation du Corps législntif,
nuquel je n'nurni pas d'impOts nouvcaux ¡, dc–
nrnndcr, nrnis dont la préscncc pcut cLre utilc
dans les conjoncturcs actncllcs, et auqucl il se
pourrait qu'on etil
a
proposer des mesures légis–
latives.
" Apres avoir ainsiréglé le dévcloppcmcnt de
nos forces, convicnt-il d'attcndrc des proposi–
lions de paix ou d'cn faire? Si nous prenons
l'initinliyc, fnut-il traitcr dircctcmcnt avcc la
Russic, ou cst-il préférablc de s'nd1·csscr i1 l'Au–
trichc, et de lui demander so'n inlcrvcnt.ion?
'fclles sonl les questions sur lcsquellcs j'aLlends
et appcllc vos lumiercs. •
A la suite de cct cxposé eoncis et forme, clia–
cun pnrla dans son propre scns.
M. de Caulaincourl soutint, en hommc con–
vaincu et en bon citoycn, la néecssité de la pnix,
et la convenance de traitc1· dircctcmcnt arce In
Jlussic.
11
appuyaccllc opinion deconsidérations
qui dans sa bouchc devaicnt avoir un grnnd
poids, ayant vécu lant d'nnnécs et avcc tant
d'bonncur
ii
Saint-Pétcrsbourg. Le sngc Camlrn –
cérCs, avcc son instinct ordinnil'c de prudcncc,
inclinan!
a
s'adrcsscr lout de suite au plus fort..
:\ cclui de qui tout dépcndait, c'csl-1\-dirc i1l'cm–
pcrcur de Russie, et:\ tout tcrmincr avcc lui du
micux qu'on pourrait, se défiant particulicrc–
mcnL de l'Autriche, qui n'oíl'rait ses bonsofficcs
quepour les mcltrci1lrcs-haut prix, opinacomme
M.
de Caulaincourl, et appuya trcs-fort sn p1·0-
posit.ion.
M.
de Tallcyrand, en quclques moLs
brcfs et sentcncicux, exprima !'avis de s'adrcsser
immédiatement
a
la Russic, pour avoir la pnix
sans Jongs détom·s, l'nvoir promplcmcnt , et,
sclon lui, pas plus chercmcnt qu'cn passanL pnr
les mains de l'Autrichc.
Aprcs ces mcssicurs, M. de Bnssano dévcloppa
longucmcnt le dirc contrnirc, et, s'ét.ayant de ce
qu'il rccucillait chaquc jour, parla avcc bca11-
coup de raison de la difficulté de snbouchcr n1·ec
la l\ussic, auprcs de laquc\lc tous les nbords
étaicnl fm·més, et de la facilité au contrairc de
passcr par l'Autrichc, donL toutcs les voics s'é–
laicnt spontanémcnL OUl'Cl'lcs. Mclant
a
une opi–
nion vraic les illusions d'un esprit c1·édulc, il
afficha Inplus cnticrc confinncc daos le désinté–
rcsscmcnt de In com· <le Vicnnc, dans son alln–
chcmcnt :1
l'allinncc, <lnns l'amour en fin du
beau-pere po111· legcn<lrc, et n01rma que tout sc–
rait fncile de ce cóté, mcmc súr, s:111s indiqucr