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I.IVRE QUARANTE-SEPTIEME.
taircmcnt rcnoneé,
~ui
le faisait parlcr de la
sorle' mais le dévouement
a
une dynaslic
¡,
laqucllc il s'élail allaché,
a
laFranec,qu'ileroyait
en péril. M. de Bassano était el'un avis lout con–
lraire. Ayant beaucoup de liaisons partieuliercs
avce la cour de Vicnnc dcpuis le mariage de
Napoléon, il voulait négoeicr par le canal ele
l'Autriche, devenir ainsi l'nutcur d'unc paix que
toutlemonde<lésirait,qu'ilelésiraitlui-mcmc,mais
a
lamanicrcdcNapoléon,e'cst-a-dircaveedesexi–
gcnces qui <levaicnt la ren<lrc impossiblc. M. de
Tallcyrand, qui cmployaitarircde
~l.
de Bassano
le tcmps qu'il ne consacrait plus au scrvice de
l'État, et que Napoléon etit mieux foil <l'uliliscr
pour lui-mcmc en le rappelant au minislcre,
M. ele Tallcyran<l, par des raisons fort plausibles,
et par avcrsionpour M. de Bassano, était, conlrc
sa coutume, opposé
i1
l'Autriche, el
11
l'impor–
tance qu'il s'agissait de lui donncr.
llest hicnecrlain qu'ii voirlcsallurcsdclacour
de Vicnne, on pouvait craindre qu'cn olTrant de
s'cnlrcmcllre, clic ne passat prochaincmcnt el'un
rólc offieicux
a
un rólc <lominatcur, et qu'aprcs
avoir modcstcmcnt conscillé la paix, ellene finit
par l'imposcr les armes
a
la main. Dans ses rap–
ports avcc la Franco surlout, la médiation qui
commcn~ait
par le langagc le plusamical, le plus
patcrncl memo, était une maniere parfaitcmcnt
commoelc ele ¡iasserdu rólcd'alliéacclui d'arbitrc,
et bicnlót peut-clrc,sil'arbilrc n'élait pas écoulé,
au rólc d'cnncrni. ,\ussi la foirc cntrer le moins
possiblc daos les grandes alTaircs du momcnt,
rcnonccr aux scrviccs mililaires et politiqucs
qu'on pouvait en oblcnir, si on ne voulait pas
les paycr, et la négliger pour s'arlrcsscr dircc–
tcmcnt
a
la Russic, était ce qu'il y avait rlc
plus sagc et de plus habilc. Mais il y avait
une difficullé prcsquc insurrnonlablc
1
suivre
ccttc eonduilc:c'étaicnt les nourellcs <lisposilions
de l'empcrcur Alcxan<lrc. M. de Caulaincourt
l'avait laissé tirnide, lremblant Al'idéc de rcn–
conlrer Na¡ioléon sur un ehamp de bataillc, et
prét aux plus grands sacrifices pour éviter cctlc
cxtrémité. 1\Iais arrivé tout
h
coup par suite
d'événcmcnts cxtraordinaircs nu rólc de vainw
qucur de Napoléon, enorgucilli au <lcrnicr point
decellc situationsi aouvcllc, cníléde l'cspérancc
d'ctre le libératcur de J'Europc, cnivré par les
applaudisscmenls des Allemands, il élait dcrcnu
inabordable,etprobablcmentM.dcCaulaincourt,
rencontrant auprcs de lui des égards pcrsonncls
maisaueunccondcscendanec, ctitsupportémoins
qu'un nutre ceehangerncnt d'attilude si récentet
si complef. et ctit rompu brusqucmcnt. L'abou–
ehcrncnt dircct avcc Alcxandrc élait done
a
pcu
pres irnpraticablc, et des lors il n·y avait de
rccours possiblcaux négociations que par l'inlcr–
médiairc de l'Aulrichc. Sous ce dcrnicr rapport,
M. de Bassano avait raison; mais en quoi il se
trompait, c'était dans la maniere d'cm¡iloycr les
bons officcs de la cour de Vienne , et surtout
de les paycr. Dans le fond, ccttc eour n'avait
l'inlcntion ni <ledétl'Llirc, nid'abaisscr la France,
par crainlc cl'abord . car Napoléon l'clTrayait
toujours, par pudcur aussi, car le mnriagc était
trop réccnt pom· qu'on n'cn tint pas comptc.
Maiscllcvoulail profilcr de l'occasion pour refairc
la situation de l'Aulrichc el de l'Allcrnagne, ce
qui était fort natnrcl et forl légitimc.
11
íallait
le rcconnailrc, s'y résigncr, quclquc désagréablc
que cela ptit clrc, parce qu'on s'y étai1 cxposé
par de grandes foulcs, parce q11'a11 fond l'intérct
!'écl de la Francoy était moins compromis que
l'amour-proprc de Napoléon, et, une fois résigné,
cntrcr franchcmcnt en communication avcc la
cour ele Vicnnc, se mcllrc d'aceord avce clic, la
laissm· fairc ensuilc , pcndant qu'on gagncrait
cncorc quclques grandes balaillcs, qui scraicnt
dans ses mains un mayen de rendrc les coalisés
raisonnablcs, el dans les nólrcs un moycn de
lui paycr,
1
clic, ses scrviccs un pcu moins
ehcr.
Si onne voulail passe plicr aux circonslances,
ce qui aprcs l'cxpédilion de Russic élait le plus
triste des égaremcnts
1
il
y
avait cncorc une au–
lrcconduilc
a
lenir: e'était, enalTcclant les bons
rappo1·lsavcc l'Aulrichc, en écoulant ses conscils
avce une déíércncc apparcnlc, de se lenir
!t
<lis–
tance d'cllo, de ne pas eherchcr
1
l'cmploycr,de
ne réclamcr de sa part aucun scrvicc ni diplo–
rnaliquc ni militaire, car toutccqu'on lui <lcman–
<lait sous le rapport diplomatiquc l'autorisait
ii
se mclcr des conditions de la paix, ce qui était
un achcrnincrncnt
1
les dictcr, et ce qu'on lui
dcmandait
SOUS
Je rapporL mililairc J'aulorisait U
armcr, ce qui élait un achcmincmcnt
a
nousfoire
laguerrc.
ll follait done ou s'adrcsscr <lireclemcnt et
lout de suite
a
la Ilussie,si la cbosc était possi–
blc, ou, si clic ne l'était pas, s'adresscr
¡,
l'Au–
trichc, franchemcnt, cordialcmcnt, en étant pret
a
lui payer ses scrviccs, ou cnfin, si ort n'avait
pas ccllc sagessc, l'cmploycr aussi pcu que pos–
siblc, et ne pas agrarnlir nous-mCmes une im–
portancc et des forces qui dcvaicnt bicn1ót cltre
cmployécs contrc nous. Toutcs autres vues que