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LES COHORTES. -

JArnER

181:;.

occasion de faire mieux apprécier par la France

l'alliance de l'Autriche, ele

lo

luí faire en mcmc

tcmps payer plus chcr, et si elle ne voulail pas

en donncr le prix convcnablc, de

la

portcr ail–

leurs, sans toutcfois allcr plus Join que d'imposcr

aux parties belligérantes une paix toutc gcrma–

nique. Sa filie un peu moins puissante le serait

bien cncorc assez, et J'Autriche redevenue plus

fortc, l'Allemagne plus indépendante, il auroit

rcmpli tous ses devoirs de souvcrain, sans man–

quer ii ses scntimcnts de pcrc. 11 ne voyait done

pas daos les dernicrs événcmcnts maticrc

i1

s'af–

íligcr; il en avait mcmc

eon~u

une secrete joic,

qui cüt

été

sans mélange, s'il n'avait élé exposé

nux sarcasmcs de ceux qui blfimaient un marfage

contracté si mal

a

propos.M. de Mcttcrnich avait,

luí, d'autrcs préoccupations. Allait-il, en s'obsti–

nunt daos une er1·em" si toutcfois sa politiqnc en

avait été une, périr pour dcmeurer conséqucnt

avec lui-meme? Ce sont la des

f'a~ons

d'agir pro–

prcs aux pays libres, ou tout se passe

a

la facc

des nations, et ou l'on est eont1·aint de ne pas se

démentir soi-mcmc. Dans les gouvernemcnts

absolus, au contraire, oú tout se passe en silcncc

et s'apprécie par le résultat, on se comporte au–

trement. M. de Metlcrnich, qui ne s'était pas

fait en 1810 un príncipe d'honneur de combat–

trc la France jusqu'ii cxtinction, n'entcndait pas

s'cn fairc un de Ja servir jusqu'a extinction en

·1815.

JI

avait mis sa grandeurdansuncpolitiquc

quand

il

l'avait jugée bonne,

il

allait la mctlrc

dans une autrc, quand cettc autre luí semblcrait

devenue bonne

a

son tour.

JI

avait d'aillcurs une

raison bien suflisantc pour se condui1·e de la

sorte, l'intéret de son pays.

JI

voyait Je moyen,

en changcant ii propos, non-sculcment de con–

scrver sa position pcrsonncllc, maisaussi ele rcn–

drc

u

l'Aulriche une siluation plus haute, el

n

J'Allemagne une situation plus indépenelanlc : il

n'y avait pas

a

hésitcr. On a souvcnt changé ele

politiquc par des motifs moins grands et moins

avouablcs. Sculcment il ne fallait pas commcttrc

J'imprudencc, car bien qued'apres les dcrnicrcs

nouvcllcs de Pologne , Napoléon panit plus

vaincu qu'on De l'avait cru 1rn premicr momcnt,

ccpendant

il

n'était pas détruit; il pouvait encore

frapper des coups tm·riblcs, pcut-ctrc rccou1•rc1·

toutc sa puissancc , el punir cruellcmcnt <les

alliés infidcles.

JI

fallait done passer par une

transilion habilc, qui sauvcrait it la fois lasi1rcté

de l'Aulrichc, Ja elignitéde l'cmpcrcur

Fran~oi

,

et Ja pudeur de son ministre. Sans rcnicr l'al–

li•ncc, parler toul de suite de paix, en pol'icr

pour soi d'ahord, puis pour tont le monde, et

en particulicr pour Ja Francc, était une con–

duilc parfaitcment naturellc, parfaitcmcnt expli–

cable, et honnctc en réalité commc en apparcncc.

Tandis qu'on parlerait ostensiblcmcnl de cette

paix

n

la Francc, on pouvait en stipnlcr sccrctc–

mcnt les conditions avec la Prusse d'abord, puis

avec la Saxe, la llavicrc, le Wurtcmbcrg·, avcc

tous les États allcmands opprimés. Apres avoir

ainsi concerté cctte paix avcc l'Allemagne,

a

la–

quellcon luchcrait derendrc son indépcndancc,

sans contcster

a

la Francc une grandcur que

personnc. alors ne songeait

a

lui disputcr, on

armcrait avcc Ja plus grande activité, ce qui dc–

vait ctreapplaudi en Prusse comme en Autricl1c

par les patriotes allcmands, et supporté par Ja

Francc cllc-mcmc, qui avait demandé

:i

tous ses

alliés uue augmcnlation de contingcnls; pu is

cela fait, on offrirait ectte paix

n

la Russic,

l'Angletcrre,

it

la France, et on n'hésitcrait pas a

l'imposcr 1 la parlic récalcitrantc. Cent mille

Prussicns, dcux cent millc Autrichiens, cent

millc Saxons, llavarois, Wurtcmbcrgcois, Hcs–

sois, cte., clcvaient déeielcr la lutle au profit de

la France, si elle acceptait les condilions rcjctécs

par la Russic et l'Anglctcrre, sinon Ja décider

eonlrc elle, si le refus vcnait de sa part. Moyen–

nant qu'on ne se h<ilut point, qu'on prit Je tcmps

d'armcr avant de se prononcer, qu'on Jaissat

meme les bclligérants s'épuisc1· davantagc, s'ils

étaicnt pressés de s'égorger de nouvcau, on ar–

rivcrait d'autant plus

a

propoS qu'on al'l'ivcrait

plus larcl; et non.seulcmcnt il y aurait ainsi

moycn d'atteindrc

a

un résultat patriotiquc pour

l'Allemagnc, mais encorc de se conduirc avcc

une parfaitc convenancc, car une paix qui, en

rclcvant l'Allcinagnc, n'abaisscrait pns véritable–

mcnt la France, et ne rctranchcrait de son état.

aclucl que ccrtains cxccs de granelcur inlolér;1-

blcs

JlOUl'

ses 1•oisins, Jui pouvait elrc proposée

tout en restan! ficlclc

it

son alliance, et avcc cl'au–

tant plus de fondcmcnt, que pour faircacccptcr

une paix de ce gcnrc

il

faudrait cerlaincmcnl.

mcnaeer la Russic et J'An¡¡lclcl'l'Cde toutcs les

forces des puissanccs gcl'maniques. Si cnfin,

apres qu'on se scrait compol'téarce tant de mo–

dération, Napoléon se rcfusait

a

tout arrangc–

mcnl raisonnablc, on scrait quittc envers Jui, et

on pourl'ait luí montrcr l'épéc de l'Aulrichc,

sans avoil'

i1

rougir de Jaconduitc qu'on

aut·ílil

tenue.

M. de Mctle1·nich

aper~uttout

ele suite cl aree

un rare génic politiquc le partí qu'il pourait