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LES COHOHTES. - "'""" 18-15.

417

d'hérolsmc. Sa défiancc était devcnuc tellc, que,

ne comptant pas mcmc sur sa femmc, il en était

arrivé

a

craindrc qu'cllc ne se pliat ellc-mcme

a

la politiquedeNapolcon, ce qui était pour lui un

nouveaumolif derctourncr 1Naplcs. Tourmcnté

par ces inquiétudcs, par les tristes nouvclles

qu'il recevait

a

chaque instant de la retraitc de

l'nrmée, il appcla tout

a

coup le prince Berthicr,

qui, quoiqucil dcmi mort, restait majar général,

et M. Daru qui n'élait clrnrgé que du nrntériel de

l'arméc, mais dont le solide earnetcre, la haute

prudencc foisaient un conscillcr toujoursconsullé

dans les circonstanccs importantes. 11 leur com–

muniqua son projct de quiller l'armée, allégua

sa santé qui n'était qu'un prétexte, et résista

a

toutes les instanccs du princc Bcrthier et de

M. Daru, qui firent valoir tour

a

tour aupres de

lui l'intérct de l'armcc, l'intérct de sa gloirc, le

courroux,de Napoléon, la difliculté de trouver

un successeur. Accttc dcrnierc objection Mural

répondit en indiquant le prince Eugene, et an–

non~aqu'ilallait

lemander

a

Posen. En cfTet il lui

dépcchaun courricr

il

Thorn, sans lui direpou1·–

quoi il l'appclait au quartier général. Ce prince

étant arrivé, il lui déclara sarésolution departir

et de le désigner, en attendant les orelres de

Napoléon, commc commandant de la grande

arméc. Le prince Eugcnc, efTrayé decct honncur,

par modcstic et par indolcncc, étaitccpendant le

scul qu'on püt choisir, car il s'était fait beaucoup

d'bonncur dans la campagne de Russic, y avait

déployé une rare bravoure, quclqucs connais–

sanccs militaires, et de véritables vertus. Enfin

il était princc, ce qui était

a

considércr dans ce

régimc,clcvcnu enpeuele tempsaussimonarchiquc

queccluideLouisXlV.11 pressaMm·atdcrestcr,

ne poi réussir

a

l'y <lécicler, et finit par aeccptcr

avecrésignation uncchargc qu'il rcgardait comme

tres au-dcssus deses forces. 11 dcmeura

a

Posen

avcc les 10 millc hommes de toutcs natious que

nous avons énumérés, suppliant le général Rcy-

11icr et le princc de Schwarzenbcrg de se main–

tcnir

a

Varsovie, cequi lecouvrait vcrs sa droite,

complantque \

1

crs sa gauchc les Russcs s'arrCtc–

raient quclquc temps au moins devant Thorn et

Dantzig, et ordonnant au général Grcnicr avcc

ses clix-huit millc hommcs,

a

Augcrcau avcc

les 9 ou 1Ode la division Lagrange, de se ten

ir

prcts

a

venir

a

son aidcs'il en avait besoin.

Voila ce qui rcstaitde lagrande armée

!

vingt–

cinq millc hommcs

a

Dantzig, ·10 millc dans les

places sccondaircs de la Vistulc, 10 millc de

toutcs nations

a

Posen avcc le quarticr général,

quclqucs Saxonset

Fran~ais

dominés

a

Varsovic

par les mouvcmcntsdu princcdcSchwarzcnbcrg,

et cnfin

a

Berlin, Grenier et Augcrcau, avcc

28 millc hommcs qu'on n'osait pas cléplnccr, de

crainlc d'un soulc1•ement général en Allcmagnc

!

11

y

avait loin de cette situation, aux 200 millc

hommes que Napoléon croyait encore établiss111•

le Niémcn, et disputan! aux Russes Kronigsbcrg,

Kowno, Groelno, en attcndant que 500 mille

nouvcaux soldnts vinsscnt

h

lcu1· sccours. La

néccssité d'organiscr lui-mcmc ces 500 millc

nouvcaux soldats avait appelé Napoléon

a

Paris,

et sonclépartarnit cntrainé la pcrtcdcs200 mi lle

hommes restés sur le Niémcn

!

Ainsi il aurait

falln qu'il fút

a

la foissur le Niémcn pour sauvcr

les uns, et

a

Paris pour organiscr les autres. En

quittant le Niémen il avait commis une faute

militairc, et s'était rendu coupablc d'abanclon

cnvcrs eles compagnons d'armcs qu'il avnit pré·

cipités dans un abimc; en y demcurant, il aurait

laissé, entre lui et Paris, l'Allcmagnc insurgéc,

n'aurait pas saisicl'assez pres les renes ele sa vastc

administration, et aurait commis

o

la fois une

fautc politique et administrativc, ele

fn~on

que,

quoi qu'il fit, il manquait quclquc part, il com–

mettait cJ,cs fautcs également gravcs, ets'cxposait

o

de déplorablcs intcrprétalions, juste punition

d'crrcurs immcnses et irréparablcs

!

Et en ce momcnt les conséqucnces poliliqucs

de ces crreurs n'étaicnt pas moins grandes que

lcurs conséqucnccs militaires, Le chef des cxilés

allcmands, le haron de Stcin , était avcc le

général d'York

it

Kccnigsbcrg,

y

convoquait les

élats de la provincc, y faisaiLdécrétcr l'armc–

ment de toutc la population, et l'cmploi sans

réscl'l'c des rcssourccs pécuniaircs du pays. Le

dévoucmcnt 11nivc1·sel répondait 1 ces propo–

sitio11s, et des milliers ele parnphlcts, de proclo–

mations, de chants populaires allaicnt enOam–

mei· eontrc nous les imaginations allcmandcs.

L'Allcmagne dcpuis quclques annécs s'était cou–

vcrtc de sociétés secretes, dont la principale,

ccllc de I'

Union de lci

verl1<

(Tugcodbuncl),

s'était univcrscllcment rcpanclue.L'enthousiasmc

pou1· la patrie aliemande, la conviction que,

réunie en unscul faisceau, clic scraitinvinciblc,

qu'au licu d'ctre tour :. tour la victime des Élats

<lu Nord ou de ccux du

~Iidi,

clic lcur fcrait la

loi

il

taus, et composcrait la prcmiCrc nation clu

monde; la néccssité eles lors de s'unir, d)'_ ne

plus se consiclércrcomme Autrichicns, Bavarois,

Saxons, Prussiens ou Hambourgcois, commc

princcs, nobles, bourgcois ou paysans, commc