Table of Contents Table of Contents
Previous Page  488 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 488 / 570 Next Page
Page Background

4H

LIVRE QUAl\ANTE-SEPTIE!IE.

les circonslances.

11

suffisait quece généralprus–

sicn marchtit lenlcmcnl, qu'il se Jaissat séparcr

de Macdonald, puiscnlou1·c1', pour qu'il panit se

rcndre malg1·é Jui. On ne désarmerait pas son

corps, on le déclarcrail nculrc, elce co1·psscrait

le noyau de Ja fulurc armée prussicnnc, ehargéc

<le concourir avcc les llusscs i1Ja délivrance de

l'Allcmagnc. Le général d'Yol'k, hon lrnlriole,

muis son¡;cant it lui-mémc, délibél'a longlcmps

de pcur de se comp1·omcUrc avcc sa cour, lui

lransmil sccl'clcmcnt les communications qu'il

avail

rc~ucs,

lajeta ainsi dans un grand embar–

ras, n'cn obtinl que le silcnce pour toulc ré–

ponsc, hésila cncore , mais ralcntit Je pas, se

laissa entourcr, et cnfin, enlrainé par le général

Clauscwitz qu'on lui avait dépcché, prit son

partí, et le

50

déccmbrc, cédant, disail-il,

a

des

circonslnnccs mililaircs impéricuses, signa une

convcnlion de ncutralité pour soncorpsd'arméc,

avec réservc toutcfois de la ratification de son

roi. Le scns de ccllc convention de ncutralité

était facile

a

dcvincr, c'était J'adjonction purc

et simple du corps prussicn i1 l'arméc 1·ussc,

apres un délui de quclqucs jours. Un détacl1c–

mc11t de ce mcmc corps, sous le général Mas–

senbach, avait suivi de plus pres le maréchal

Macdonald, el était arrivé jusqu·¡, Tilsit. En

apprcnant Ja réccntc convcnlion, le général

Masscnbach asscmbla ses officicrs, les lrouva

enl.housiasmés de !'acle du général d'Yo1·k, et

unanimcs pour l'imitcr. Dans la nuit, il sorlit

sans mol dirc de Tilsit, écrivit au maréchal

~lacclonald

une lettrc respcctucusc, mais oú

éclalaicnt sous de ''ains déguisemcnts toulcs les

passions qui avaicnt cnlrainé le génél'ol d'York,

el il alla rcjoindrc ce dcrnicr. On s'cmbrnssa

dans le corps prussicn, on poussa des cris d'cn–

thousiasmc, on s'appcla les libératcurs de l'Allc–

magnc, et il csl Hai qu'on allait grarnlcmcnL

contrilrncr

a

son :ifTranchisscment.

Pour 111oi qui écris ces t1·islcs récits, je suis

Fran~ais,

et je )'ose dire,

Fran~ais

profondément

attaché i1Jagraudt•ur <le

111011

pays, et ccpcndanl.

je ne puis, au nom mCmc des

scntimcnls

que

j'éprouve, cxprimcr un bhimc pour ces palriotcs

nllcmand.s, qui, scrvant

a

contrc-coour unecause

t¡u'ils scntriicnt n'Ctrc pasta lcur, rcvcnaicnt

a

la

cause qu'ils croyaicnl étrcccllcde lcur patrie, et

qui malhcurcuscwcnt J'étail dcl'enuc par la fautc

clu chef placé alors

a

llOLt'Clélc.

11

faut ajouLCr

qu'ils auraie11t pu culcl'cr le maréchal Macdo..

nald, et 1¡uc, rcspcctant en Jui et dans ses sol–

dals de réccnls compag11011s d'armcs, ils so

séparercnt sans rica faire qui put aggral'er sa

position.

La foudrc tombant sur des maliercs combusti–

bles imprudcmmcnt amassécs, n'agit pas plus

promptemcnt que ne Je lit la défcction du géné–

ral d'York sur J'Allcmagne tout cntiCi-e, A l'in- ·

slant la nouvcllc en vola de Louchc cu bouchc.

t e généi-al d'York ful salué de la Vistulc au

llhin du litre de sau\'eur de l'Allcmagne. Le

baron de Slcin et ses collaboratcurs coururcnt

aup1·cs de lui, l'cnlourcrcnt, le félici.lercnl, dé–

clarfa·cnt qu'il srrait mis

a

la tete de loulcs les

porlions de J'arméc prussicnoc qu'on parrien–

drait

a

détachcr, le pousscrcnt

a

marcher sur

Tilsit, puis sur Kccnigsbcrg,

a y

asscmbler les

États de Ja Vicillc-Prusse,

a y

proclamer l'indé–

pendance de Jeur palric, ¡,

y

déclarcr lcut' roi

privé de sa libct'lé par les

Fran~ais,

ne devant

plus eles 101·s clrc obéi"

a

se conduire en un mol

commc les insur¡;és de Cadix

1

qui agissaicntpour

le roi

1

snus

le

roi, malgré le roi. Le géuél'al

d'York, jugcant qu'il en arnit asscz fait, ne vou–

lait pas allcr si l'Íle. Mais, cscorlé, circonvc11u

par les J\usscs, il conscntit

a

s'achcmincr sur

Kcc11igsbcrg, et

ii

y

altcndrc les ordrcs de la

cour de Prusse.

11

elcl'ait

y

trouve1·non les ordrcs

de son roi, mais les ordrcs de son pays, soulcvé

tout cntier comme un seul hommc, et comman–

dant d'unc voix plus fortc que cellc de tous les

gouvcrncmcnts.

11

s'al'an~a

doneavcc les llusscs,

loué, applaudi, caressé par Alexand1·c, dont la

politiquc rcccvait de cct événemcnt une éela–

tanlc confirmation.

Pendan! ce tcmps, Murat s'élait arrélé

it

Kccnigsbci·g avcc Ja foule des généraux et des

officicrs sans troupes, don! les uns étaicnt mou–

rants, donl les aulrcs, cxaspérés JWI' la souf–

frnncc, tcna!cnt un lnngagc prcsquc séditicux.

Le maréchal Ncy Jui-mémc, rnalgré son hé–

rolsmc,

malgré

les carcsscs dont

il

ª"ait été

l'objct de Ja part de Napoléon, ne pournnt plus

se conlcnir, parlait tout haut contrc le chef im–

prudcnl qui al'ait, disait-il, précipité l'arméc

fran~aisc

dans un abimc. Mural aussi, commc

·

nous J'avons rapporté aillcurs, s'élait laissé allcr

it

une sorlc ele soulcvemcnt, puis sur les obscr–

vntions du nwréchal Dnvoust,

il

s'étail tu , el

avait 1•cpris Je commandcmcnt nominal, mais

sans ricn ordonner, car il ne savait que faire.

Bcrthicr, malade

a

la foisd'unc goutle rcmontéc

et de l'absencc de Napoléon, réduit

ii

gardcr Je

lit, nesavait plusque conscillcr dans cctlcsitua–

tion sans cxcmplc. Ce fut alors 11u'on appl'it la