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476

LIVRE QUAHANTE-SEPTIEME.

luiavait óté l'envie de nous serrer de si pres.

Dans une tclle main ces dix millc hommcs

étaicnt quclquc chosc; mais ils ne pouvaicnt

défendrc la Vistulc, glacée commc toutcs les

rivieresde la Pologuc et de la Prussc, et n'élant

plusdes lors une barriere contrcl'cnnemi. lis ne

pouvaienl surloul pas préservcr d'un a!Tront

Mural et ce qui l'cntourait, si lesRusses de Tehit–

chako!T réunis

a

ceux de Willgenstcin cssayaient

de l'envcloppcr. Mural ne voulut done pas

séjourner sur la Vistule, et se rcndil

a

Posen,

a

égalc distancc de la Vistule et de l'Odcr. Ainsi

toute la Vieille-Prusse, toute la Pologne se trou–

vaient évacuécs, et les places oecupées, nous

avions10mi llehommcsen ligne, IO millehommes

mclés de Napolitains, de Bavarois, et comptant

tout au plus 4 millc

Fran~ais

parmi eux. 11 res–

tait

a

Ilerlin pour contenir l'Allcmagnc frémis–

sanlc, les 18 mille hommes du général Grcnier,

ctladivision Lagrangc, laseule deses quatrcdivi–

sions que le maréehal Augcrcau ctit eonservée

aupres de lui.

Un dernier événement vint encorc accroitre

l'e!Tcrvescencc des populations germaniques. On

avait cu le torl de laisscr une garnisou, en ma–

jcure partie allcmande,

a

Pillau, petite place

maritime qui fcrmait l'enlréedu Friscbe-Ha!T. On

l'avait fait malgré !'avis du mm·éclial Macdonald,

qui ne voulait avec raison se privcr de troupes

•etives qu'eu faveur des places capahlcs de se

défcndre, et conlenant unegarnison oú les Fran–

~ais

domineraient. Pillau ne remplissant pas ces

conditions, s'était en c!Tct rendu, aux grands

applaudissements des Prussicns, et

a

la vive

satisfaction des Anglais, qui s'étaient hatés de

pénétrcr dans leFrische-Ha!Tavcc lcurs uatimcnts

de guerre. Ilientót ils y avaient introduit lcurs

convois marchands, ce qui avait procuré aux

habitanlsdela Vicille-Pl'usse, outre lasatisfaction

patriotiquc d'ctrc délivrés de leurs vainqueurs,

la satisfaclion toutc matériellc, mais fort vivc–

rnent scntic, de recommencer le commcrcc des

denrécs coloniales dont ils avaient été privés si

longtemps.

Les nouvelles, si mauvaises

a

notre gauche,

n'étaicnt pas meilleures

11

notre droite, sur la

haute Vistule. Le général Reynicr et le prince

de Schwarzenberg, ne voyant plus rien

a

fairc

ti

Minsk, s'étaient aehcminés sur Varsovie. Ayant

dans les Saxons de bous soldats dont il s'était fait

estimcr, ayant de plus pour les conlenir les cinq

a

six mille

Fran~ais

de la division Durutte, le

général Reynier aurait voulu se battre, mais

le

princc de Sehwa1·zenberg l'en dissuadait fort,

lui disant qu'on s'a!Taiblirait inutilemcnl engucr·

royant pendan! l'hivc1·, qu'il fallait se rctirer sur

Varsovic, couvrir ccllc capitalc,

s'y

ménnger

des quartiers tranquilles, et y allendre l'arrivéc

des forces que Napoléon ne manqucrait pas

d'amener au printcmps. Tandis qu'il donnait ces

conseils , le princc de Schwarzcnberg se reti–

rait lui-méme, obligcait le général Reynier

a

en

fairc autant, rccevait

a

son quartier général les

officiers russcs, acceptait lcurs politesses sous

prétexte qu'il ne pouvait pas s'eu délendrc, se

laissait parler d'armisticc, en parlait de soncóté,

ne trahissait pas précisément Napoléon dont

il avait négocié le mariage, auquel il devait le

b:llon de maréchal, mais s'attachait avant tout

a

ménager son armée, et voulait cnsuile se tcnir

prct aux divers changcments de politique qu'il

prévoyait de la part dLt cabinet de Vienne. En

mcme temps il couscillait au général Reynic1',

a

M. de Bassano,

it

tout le monde enfin, la paix,

qui était le plus chcr de ses vooux, comme Autri–

chien, et commc !'un des personnages favorisés

de la cour de Francc.

Ainsi, tandis que la Vistulc allait étre passée

su1· notrc gauche malgré les places que nous

occupions, ou devait s'atlendre i1 la voir passer

sur notrc droite,

it

Varsovie mémc, malgré la

présencc du princc de Schwarzenberg, et on

avait

a

Posen pour faire face

a

l'ennemi dix

mille bommes, Napolitains, Ilavarois,

Fran~ais,

sans osrr appeler

a

soi les vingt-huit mi lle soldats

de Grenicr et d'Augereau, qui étaient indispen–

sables

a

Berlin pour contenir la Prusse. La faible

tele de Murat, quelquc brave que fut son creur,

ne pouvait résislcr longlemps

a

une telle situa–

tion. 11 ne rcdoulail pas le canon qu'il n'avait

jamais craint, mais il était dévoré par la passion

de régncr. Millevisionssinistres assiégeaienl son

imagination exaltée. Tantót il voyait les peuples

d'llalie, excités par les pretrcs et les Anglais, se

soulcvant depuis les Alpes Julienncs jusqu'au

détroit de Messine, et renversant les tróncs des

Bonaparte en ltalic; tanlót il se voyait aban–

donné par Napoléon lui-memc, dont il était

médiocrement aimé, et qui, obligé peut-ctrc

it

faircdes saerificcs pour obtenir lapaix, les fcrait

plus volontiers dans la basse que dans la haute

llalic, et plus volonliers cncore dans !'une et

l'autrc llalie qu'en France, Des que ces images

s'emparaicnt de son cerveau, il pcrdaitson sang·

froid, et voulait partir pour allc1· sauvcr cetlc

couronnc, objet de si longs désirs, prix de lant