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.180

LIVHE QUAllANTE-SEPTIÉME.

Pour suffirc

a

ces armcmcnts sans rccourir

a

de nouvcaux impóls, le roi se proposait cl'cxigcr

de Napoléon le payement des fourniturcs faitcs

a

l'arméc francaise.

11

avait été convcnu,en efTct,

d'apres le

dcr~icr

trailé cl'alliance, que lecomplc

de ces fourniturcs scrait réglé

a

brcl' délai, que

lepaycment en serait imputé sur les 1,g millions

que clcvait encoi·e la Prusse, et que si le montan!

excéclait ccttc sommc le surplus scrait soldé

comptant. Or les administrateurs royaux csti–

maicnt

a

91, millions la valeur des clcnrécs et

objcts ele tout genrc fournis

a

l'armée

fran~aisc.

C'élaicnt done 1,6 millions i1 rccouvrcr, avcc

lcsquels on pourrait triplcr l'arméc prussiennc,

la portcr de 1,2 millc hommcs

a

120

mille, et en

s'unissant

a

l'Autrichc, fairc écouter des parolcs

raisonnaLJcs de paix, tant aux uns qu'aux autrcs.

La Francc, ele créancicrc étant dcvcnuc débi–

trice, dcvait, en vcrtu des traités antéricurs,

rcndrc immédiatcmcnt les places de Stettin, de

Custrin, de Glogau, et le roi pourrait ainsi se

f.rouvcr établi en Silésic i1 la tete de

120

millc

hommes, lcvés sans qu'il en coulat de sacrificc

au pays, appuyé sur toutcs les places ele l'Oder,

approuvé par les patriotcs qui dernandaient

qu'on arrunt, cxernpt de reproche de la part de

la Francc,

a

laqucllc il offrait de 1·es!er fidclc, si

clic voulait exécutcr littéralemcnt les cngage–

rncnts pris et rcndre

a

In Prussc une situalion

convcnablc. Ainsi au milicu ele ses pcrplexités,

le roi croyant encore Nnpoléon le plus fort, ne

songcait point

a

le trahir, mais prétendait en

etre mieux traité que par le passé, entenclait

l'cxiger, l'obtcnir, et contribucr de

ccllc

maniCrc

a

une pacification générale de laquclle il sortirait

indépendant et agrandi.

JI

avait annoncé l'cnvoi

a

Paris ele M. de

Hatzfcldt, qui était devcnu, avous-nous <lit, !'un

des rarcs amis de laFrunce en Prussc, cnvoi qui

avail pour but d'écarter tout

soup~on

decompli–

cité avcc le général d'York. M. ele Halzfclclt ful

donechargé ele préscntcr au gouverncment fran–

~ais

les propositioassuivanlcs : Lranslalion ele la

COU!'

de Prusse

a

llrcslau, pour y elrc hors clu

théatrc des hostilités; cxtension des armemcnls

prussicns pour micux servir l'allianee; rcmbour–

semcnt de !'argent du pou1· solclcr ces arme–

mcnts; enfin rcslitution eles places de l'Odcr

pour se conformcr aux traités et calrncr !'esprit

public. M. ele Hatzfcldt pouvait avoir

a

s'cxpli–

qucr 11 Parissur une proposition singuliC..c, que

Napoléon en revenan! de Russic avait indirectc–

mcnt adrcssée

a

la cour de Prussc: c'était de

s'unir étroitcmcnt

a

la Fraacc par un licn de

famillc, comrnc avait fait l'Autrichc, et de marier

l'hériticr du trónc ;wcc une princessc

fran~aisc,

laquclle au surplus restait

a

trouvcr. Napoléon

avait doané

a

entcndre qu'cn considération de

ce licn il rcndrait

a

la Prussc une partie de l'é–

tcnduc el de l'indépendance qu'elle avait per–

dues. Mais ce n'était plus le tcmps ou les com·s

de l'Europc pouvaicnt se décider, en considéra–

tion de la puissance ele Napoléon,

a

des alliances

avcc sa famillc. M. ele Hatzfcldt dcvait rlonc évi–

ter avcc soin cl'abo1·dcr ce s11jet, et cléclarer asscz

ouvertement que si les propositions qu'il appor–

tait n'étaient pasacceptécs, la Prusse se eonsidé–

rcraiL commc libre de tout cngagcment cnvcrs

la Francc.

La cour d'Autriche était exactcmcnt dans les

mcmcs perplcxités, mais clic avait, pour en sor–

tir

it

son avantagc, un public moins passionné,

des scrupulcs moins genants, une habilcté plus

grnndc. Aprcs avoir soutenu contrc la Francc

quatrc gucrrcs opiniatrcs, et déployé une persé–

vér:mco de haine bien rarc, soncmpereur avait

fini par croirc qu'il s'élait trompé, et qu'il valait

micux pnctiser avcc la France que s'acharncr

a

la cornbattrc. La conduitc des diverscs com·s ele

l'Europe était rlc naturc

a

lui ótcr !out scrupulc

i1 ccl égnrcl, car la Russic avait acccpté

a

Tilsit

l'alliancc de la France, et ne s'en était pas dé–

goutéc aprcs les événemcnts de Jlayonnc, et la

P1·ussc n'avait

mont.ré

qu'un rcgrct, cclui de n'y

avoi·r pas étécornprisc. Un grand ministre, M. de

Mcttcrnich, était vcnu de Paris apres la bataillc

de Wagram conseillcr

a

son maitrc d'adoplcr la

politiquc ele l'alliance frangaisc comruc la seulc

bonnc, et en outrc d'y mcttrc sa filie commc

enjcu. L'ernpcreur Franqoisaprcs avoir consulté

ccltc filie,

r.ar

il était incapablc delacontraindre,

y avait conscnti, el élait clcvcnu le beau-pcrc,

puis l'allié de son enacmi. Se scrait-il clone

t1·ompé cclle fois cncorc, et son ministre avcc

lui? Aprcs avoir reconnu !'un et l'autre les in–

convénicnts de lapolitiquc hostilc, n'auraicnt-ils

abandonné ccttc politique qu'au momcnt juste

ou clic clevcnait bonnc, ctn'auraicnt-ils été sagcs

que hors de saison? lis pouvaicnt, commc le roi

de Prusse et comme M. de Hardeabcrg, se le

clcruanclcr, en voyanL ce qui se

passait,~mais

ils

n'étaicnt pas gens

a

s'en tourmcntcr aulant,

parce c¡u'ils étaientgcns 3 s'cn micux tirer.L'em–

pc1·cur

Fran~ois,

esprit fin, calme et asscz rail–

lcur, et bon pcre aussi, quoi qu'on en ait dit,

n'avait vu dans la calastrophc de Moscou qu'une