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LES COHORTES. -

JANVIEll

1815.

485

ses malhcurs, et saos ctrc plus que de coutumc

cnclin

lt

suivrc !'avis d'aulrui, il était disposé

a

en faire le scmblant, pour associcr plus de monde

a

son action. Au surplus, il éloit décidé

a

se

conduire en solclat,

a

dépouillcr mcme le souve–

rain dont il avait cu beaucoup trop le fostc dans

la campagnc de

1812,

lt

elre véritablement le

général Ilonaparlc, et i1 revenir. ainsi vcrs ces

tcmps oi1, lravaillant jour et nuH, vivani prcsquc

a

ehcval, il n'oblcnail qu'au prix de soins infinis

les favcurs que la fortunc scmblail lui clispcnscr

lt

pleines mains. 11 élait done résolu

ú

cxpicr ses

foutcs ,

a

les cxpicr par des prodigcs d'appli–

cation el

d'éncrgic,

mnis malhcurcusement

il

n'élait pas résolu

a

les cxpicr aussi par la modé–

ralion, car pour se sauvcr (et il en était tcmps

encore), il cut fallu désarmcr le monde par dcux

moycns, la force et Ja modération. Or, de ces

elcux moyens il n'cn admcttail qu'un, la force,

non pas qu'il ne songci\l point

a

la paix , il en

éprouvait le besoin au cont1·aire, et il Ja désirait

sinccrcment; mais il voulait vaincre d'abord,

afin de rcprcndrc son asccndant, et puis dictcr'

Ja paix, une paix

a

sa mesure, Jégcrcment

accommodéc aux circonstanccs, mais ne répon–

dant ni

a

l'étal préscnt des csprils, ni au chan–

gcment qui s'étail opéré daos les dispositions de

l'Europe.

Depuis son rctour, ce n'était parmi ceux qui

l'entouraient qu'un conccrt de vmux publics ou

sccrcts pour la paix la plus prompte. L'archi–

chancclicr avcc sa gravité et sa réscrvc accoutu–

mécs, M. de Tallcyrand avec son insouciancc

tantót affccléc, tantót réellc, le duc ele Rovigo

avcc la lrnrdiessc d'un familier habitué

lt

·tout

dire, M. Mollicn avec le chagrin d'un financier

obéré, enfin, parmi les grands officicrs de Ja

cour, Je gi·aml maréchal Duroc avcc sa .discrCtc

sagcsse, M. de Caulaincourt nvcc la fcrmcté el'un

bon citoycn , insinuaient ou déclaraicnt tout

haut qu'il follait la paix, qu'il la fallait plus ou

moins avantagcuse, mais qu'il la fallait quclle

!Ju'elle ftit, sous peine de périr. M. de Caulain–

eourt, qui dans ces circonstanccs se conduisit de

maniere

o

ruériter )'estime éternelle des hon–

nctes gens, étnil le plus hardi, Je plus opiniatre

o

dcmandcr Ja paix.

.A

toutes ces instanccs

Napoléon répondail qu'il la voulail Jui aussi,

qu'il en sentail In nécessité, mois qu'il fallait b

gagncr pat· un suprCme et dernicr cITort, ce qui

élait complétcmenl vrai. 11 njoulait qu'en la dési–

rant, en étant décidé

¡,

Ja fairc, on ne dcvait

pas trop Je Jaisscr l'Oir, car tout serail pcrdu

CO\\SUJ.AT.4.

si on croyail en Europc le couragc de la France

ébranlé, ce qui était vrai cncorc, mais

it

une

condition, c'cst qu'cn se

monLrnnt

résolus

a

combattre, on ne désespércrait pas ceux qui,

moycnnant quclqucs conccssions, étaient préts,

comme l'Autrichc,

i1

s'unir 3 nous pour imposcr

la modéralion i1!out lemonde.

Parmi les grnnds persunnagcs qui, aut'our de

Napoléon, enhardis par le péril, peut-ctrc aussi

par 1n diminution duprcsLigc,

commcn~nicnt

i1

manifcster une opinion, un scul, toujou1's assuré,

portant toujours haut son visage salisfait,

~r.

ele

Bassano ; était aussi confiant que si les évé–

nemcnls de Russic ne s'étaienl pas accomplis.

Napoléon,

u

l'enlendre, invinciblequoiquevaincu,

réparerail bientót un malheur qui n'étail aprcs

lout qu'un mnuvais hiver, rcplaccrait J'Europc

it

ses pieds, el dicterait les conditions de Ja paci–

fication générale. Ces vaincs parolcs, dont au

fond Napoléon appréciait la valcur, lui plaisaicnl

néanmoins, et mCmc sans

y

croirc il aimait

;\

cnlenelre dire qu'il était cncorc aussi puissant

qu'autrcfois. Pourlant, il y aurait cu un plaisir

moins dangcrcux, el pcut-clrc plus doux

it

lui

procurcr, c'eul été de lui montrcr sans ccsse

!'urgente. l'absoluc nécessilé des sacrificcs, et

de prépa'rcr ainsi ;\ son orgueil soulfranl une

excuse pour cédcr.

Du reste, Napoléon, nous le répétons, ne

rcpoussait'pas l'idée eles négociations, il dispu–

tait sculcmcnt sur les formes

a

employer pour

les ou1•rir. 11 se présentait en elTet une qucstion

toute politiquc, elonl !'importance élail fort

grande, et qui était vivcmcnt débalLuc nutour

de Napoléon, malgré le silcnce habitucl dans

Jeque) se renfcrmaienl lcs.hommcs qui l'appro–

chaicnt. Le

p1•incipc

des

négociations

admis, il

s'agissait

de

savoir commcnt on les cntamcrait,

si

on se prCtcrnit nux vucs

de l't\utrichc

1

en

con–

scntanl ;\ lui Jaisser prendre le róle officicux dont

clic scmblait presséc

de

se

clrnrg.cr

,

ou si, négli–

gcant les intermédiaircs plus ou moins sincCres

et désintércssés, on irail droit i1laparlieadverse,

c'cst-i1-dire

1t

la Russic, pour s

'enlcnJ.re

fran–

chement avec clic, et en finir d'une lullc inutile

et désastrcusc.

M.

ele Caulaincourt, fort habitué

i1 traitcr avcc la cour de Russie, loul plcin de

ses souvenirs de

·1810

et dC'l

811,

frappé cncorc

des cfforts de l'cmpercur Alcxandrc pour évilcr

Ja

gucrre, espérait,

en se préscnlanL !1

ce princc,

lui foircagrécr unepaix honorable pour les dcux

partics ; et ce n'étail pas le

clésir ele

rcssnisir

un

grand emploi diplomatique auquel

il

avait volon-

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