LES COHORTES. -
JANVIEll
1815.
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ses malhcurs, et saos ctrc plus que de coutumc
cnclin
lt
suivrc !'avis d'aulrui, il était disposé
a
en faire le scmblant, pour associcr plus de monde
a
son action. Au surplus, il éloit décidé
a
se
conduire en solclat,
a
dépouillcr mcme le souve–
rain dont il avait cu beaucoup trop le fostc dans
la campagnc de
1812,
lt
elre véritablement le
général Ilonaparlc, et i1 revenir. ainsi vcrs ces
tcmps oi1, lravaillant jour et nuH, vivani prcsquc
a
ehcval, il n'oblcnail qu'au prix de soins infinis
les favcurs que la fortunc scmblail lui clispcnscr
lt
pleines mains. 11 élait done résolu
ú
cxpicr ses
foutcs ,
a
les cxpicr par des prodigcs d'appli–
cation el
d'éncrgic,
mnis malhcurcusement
il
n'élait pas résolu
a
les cxpicr aussi par la modé–
ralion, car pour se sauvcr (et il en était tcmps
encore), il cut fallu désarmcr le monde par dcux
moycns, la force et Ja modération. Or, de ces
elcux moyens il n'cn admcttail qu'un, la force,
non pas qu'il ne songci\l point
a
la paix , il en
éprouvait le besoin au cont1·aire, et il Ja désirait
sinccrcment; mais il voulait vaincre d'abord,
afin de rcprcndrc son asccndant, et puis dictcr'
Ja paix, une paix
a
sa mesure, Jégcrcment
accommodéc aux circonstanccs, mais ne répon–
dant ni
a
l'étal préscnt des csprils, ni au chan–
gcment qui s'étail opéré daos les dispositions de
l'Europe.
Depuis son rctour, ce n'était parmi ceux qui
l'entouraient qu'un conccrt de vmux publics ou
sccrcts pour la paix la plus prompte. L'archi–
chancclicr avcc sa gravité et sa réscrvc accoutu–
mécs, M. de Tallcyrand avec son insouciancc
tantót affccléc, tantót réellc, le duc ele Rovigo
avcc la lrnrdiessc d'un familier habitué
lt
·tout
dire, M. Mollicn avec le chagrin d'un financier
obéré, enfin, parmi les grands officicrs de Ja
cour, Je gi·aml maréchal Duroc avcc sa .discrCtc
sagcsse, M. de Caulaincourt nvcc la fcrmcté el'un
bon citoycn , insinuaient ou déclaraicnt tout
haut qu'il follait la paix, qu'il la fallait plus ou
moins avantagcuse, mais qu'il la fallait quclle
!Ju'elle ftit, sous peine de périr. M. de Caulain–
eourt, qui dans ces circonstanccs se conduisit de
maniere
o
ruériter )'estime éternelle des hon–
nctes gens, étnil le plus hardi, Je plus opiniatre
o
dcmandcr Ja paix.
.A
toutes ces instanccs
Napoléon répondail qu'il la voulail Jui aussi,
qu'il en sentail In nécessité, mois qu'il fallait b
gagncr pat· un suprCme et dernicr cITort, ce qui
élait complétcmenl vrai. 11 njoulait qu'en la dési–
rant, en étant décidé
¡,
Ja fairc, on ne dcvait
pas trop Je Jaisscr l'Oir, car tout serail pcrdu
CO\\SUJ.AT.4.
si on croyail en Europc le couragc de la France
ébranlé, ce qui était vrai cncorc, mais
it
une
condition, c'cst qu'cn se
monLrnnt
résolus
a
combattre, on ne désespércrait pas ceux qui,
moycnnant quclqucs conccssions, étaient préts,
comme l'Autrichc,
i1
s'unir 3 nous pour imposcr
la modéralion i1!out lemonde.
Parmi les grnnds persunnagcs qui, aut'our de
Napoléon, enhardis par le péril, peut-ctrc aussi
par 1n diminution duprcsLigc,
commcn~nicnt
i1
manifcster une opinion, un scul, toujou1's assuré,
portant toujours haut son visage salisfait,
~r.
ele
Bassano ; était aussi confiant que si les évé–
nemcnls de Russic ne s'étaienl pas accomplis.
Napoléon,
u
l'enlendre, invinciblequoiquevaincu,
réparerail bientót un malheur qui n'étail aprcs
lout qu'un mnuvais hiver, rcplaccrait J'Europc
it
ses pieds, el dicterait les conditions de Ja paci–
fication générale. Ces vaincs parolcs, dont au
fond Napoléon appréciait la valcur, lui plaisaicnl
néanmoins, et mCmc sans
y
croirc il aimait
;\
cnlenelre dire qu'il était cncorc aussi puissant
qu'autrcfois. Pourlant, il y aurait cu un plaisir
moins dangcrcux, el pcut-clrc plus doux
it
lui
procurcr, c'eul été de lui montrcr sans ccsse
!'urgente. l'absoluc nécessilé des sacrificcs, et
de prépa'rcr ainsi ;\ son orgueil soulfranl une
excuse pour cédcr.
Du reste, Napoléon, nous le répétons, ne
rcpoussait'pas l'idée eles négociations, il dispu–
tait sculcmcnt sur les formes
a
employer pour
les ou1•rir. 11 se présentait en elTet une qucstion
toute politiquc, elonl !'importance élail fort
grande, et qui était vivcmcnt débalLuc nutour
de Napoléon, malgré le silcnce habitucl dans
Jeque) se renfcrmaienl lcs.hommcs qui l'appro–
chaicnt. Le
p1•incipc
des
négociations
admis, il
s'agissait
de
savoir commcnt on les cntamcrait,
si
on se prCtcrnit nux vucs
de l't\utrichc
1
en
con–
scntanl ;\ lui Jaisser prendre le róle officicux dont
clic scmblait presséc
de
se
clrnrg.cr,
ou si, négli–
gcant les intermédiaircs plus ou moins sincCres
et désintércssés, on irail droit i1laparlieadverse,
c'cst-i1-dire
1t
la Russic, pour s
'enlcnJ.refran–
chement avec clic, et en finir d'une lullc inutile
et désastrcusc.
M.
ele Caulaincourt, fort habitué
i1 traitcr avcc la cour de Russie, loul plcin de
ses souvenirs de
·1810
et dC'l
811,
frappé cncorc
des cfforts de l'cmpercur Alcxandrc pour évilcr
Ja
gucrre, espérait,
en se préscnlanL !1
ce princc,
lui foircagrécr unepaix honorable pour les dcux
partics ; et ce n'étail pas le
clésir ele
rcssnisir
un
grand emploi diplomatique auquel
il
avait volon-
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