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LIVHE QUAllANTE-SEPTIEME.
(ce qui aurail du Ctre le complémcnt desonopi–
nion, et cequi !'aurait rcndueparfaitcment sagc),
sans indiqucr
ii
que! prix on obticndrait les scr–
viccs dcl'Autrichc.
M. de Champagny, modeslc et scnsé, voyanl
de grandes diflicullés a lraiter avcc la Russic,
de grandes facilitésa lrailer avcc !'Autrichc, dis–
posé a la confiancc cnvers ccttc dernii:rc cour,
auprcs de laquelle il avait résidé, résigné
n
lui
paycr ses serviccs ce qu'cllc voudrait, opina
cornmc M. de Ilossano. M. d'Hautcrive ayant des
avisde commande, M. de la Jlcsnardicrc, esprit
fin, caustique, se moquant volonliers de lapoli–
tique de M. de llassano, mais soumis par inléret,
se prononccrent tous deux pour l'opinion du
ministre, chef de leur départcmcnt. C'étaicnt
par conséqucnt qualrc voix contrc lrois en
fa–
vcur de l'intcrvention nutrichicnnc.
Pour qu'un tclconscil pul ctrcuti le, on auroit
du, en adoplant l'intcrmédiaire de l'Autriche
commc le seul admissiblc, allcr plus loin, oscr
discutcr a quclles conditions on ohticndrail les
bons ofliccs de ccttc cour, cxposcr franchcmcnt
ces conditions, les fairc acccptcr, car, ainsiqu'on
le vcrra bicntót, clics élaient acccplablcs, ou
bien, sion n'cn voulait pas, montrcr qu'il fallait
alors se conduirc avcc assez d'art pour éludcr
l'intervcntion de l'Autrichc au licu'de la recher–
cher, pour réduirc son rólc au lieu de le gran–
dir, pour rclardcr surlout ses délcrminations, et
avoir ainsi le lcmps de vaincrc les coalisés avant
qu'clle se mitdc lapartic.
Mais Napoléon ne demandait pas qu'on allatsi
loin, et, avcugléparscs
désirs,s'apcr~ul
trop !arel
de la foutc qu'on allail commctlre. Ce qu'il
voyait trCs-bicn, c'cst qu'Uouvril' des négocia–
tions il n'y avait pour le momcnt qu'un moycn
d'y parvcnir, c'élait de se servir ele la cour de
Vicnnc. Mais il n'ainrnit pas a se rendre complc
de ce qu'il en coutcrait; il se ílatlail d'agir par
l'lmpératricc sur son bcau-pcrc, d'obtcnir ainsi
de l'Autrichc des scrviccs
a
la fois rnilitaircs et
el
iplomatiqucs, et se pcrsuadait qu'cn lui don–
nant l'lllyric, promiscautrcfois pour dédomma–
gcmcnt de In Gallicic, el en la lui donnant ccttc
fois gratis, clic se ticndrait pour suffisammcnt
récornpc11séc. C'élnit lit une c1Tcm· funcstc, et
1ui dcvait ctrc prcsquc aussifatale que l'cxpédi–
tion de Hussic. A11 surplus, désirant qu·on né–
gocii\t ostcnsiblcrncnt po11r saWsfoirc !'esprit
public, il lrouvait digne et séant de laisscr né–
gocicr son bcau-pCrc, s:rns purailrc s'cn mClcr
lui-mcmc.
Ainsi qu'il Je faisait dans ces consciJs politi–
qucs, rares et solcnncls, ou il n'émcttait pas son
avis, tandis qu'il l'cxprimait vivement et impé-
1·ieuscment dans les conscils adminislratifs,
il
rcmcrcia, sans s'expliquer, les mcmbrcs de ccttc
réunion, et parut loulefois pencbcr pour l'opi–
nion qui avait obtenu la majorité, cclle de trai–
ter de la paix, d'en trailcr par l'entremise de
l'Aulrichc, ele faire en méme temps un grand
déploicment ele forces, de préscntcr au Sénat le
sénatus-consulteprojclépourlalevéedes 550millc
hommcs, et de rctardcr de quclqucs semaincs la
convocalion du Corps législatif, qui pourrait en
ce moment rcílétcr avcc trop de vivacité l'agita–
tion de !'esprit public.
Cctlc conduile ful en e/fet immédiatcmcnt
suivic, rnais avcc les faules que Je earaelcrc de
Napoléon dcvait y apporlcr, et que le caraclerc
deM. de Jlassano n'était pas fait pour
atté~ucr.
Napoléon, aprcs avoir forl écouté M. de Ilubna,
que elu reste
il
avait carcssé tri:s-adroitcment et.
mis entiCrcmcnt dnns ses intérCts, écrivit ;t son
bcau·perc dans un langagc qui, bien qu'a/fcc–
tueux et amical, n'était prop1·c
a
legagncr ni par
le fond ni par la forme.
11
lui raconta sa campa–
gncde 18·12, qu'on avail, disail-il, fort défigu–
rée a Vicnnc daos millc récits rnaJvcillants; se
plaignit de ce qu'on avait beaucoup trop écouté
ces récitsdaos la cour deson bcau-pcrc; ajoúta,
ce qui était vrai, que les Russes ne l'avaicnt pas
vaineu une sculc fois, que partout ilsavaicnt été
battus, qu'a In Jlérézina notammcnt ils avaicnt
été écrasés ; que des prisonnicrs, des canons, ils
n'cnavaient jamais prissur leehamp debataillc,
ce qui élait vrai encorc, mais que les chevaux
élant rnorls de froid, il avait fallo abandonner
bcaucoup de matéricl el'artillcrie; que la eavalc–
rie, étanl a.picd, n'avait pu protéger les soldats
qui s'éloigaaicnt pour
vin e;
qu'il nvnit ninsi
pcrelu eles canonset des hornmcs, et q11e le froid
par conséqucnt était la sculc cause de ce qu'il
fallait appclcr un mécompteet non pas un désas–
tre. Napoléon faisait ensuite de ses armements
un étnlagc ünmcnsc,
mcnn~ant
non-seulement
pour ses cnncmis, muis mCmc pour ccux de ses
alliés qui voudraicnt l'abandonncr, ce qt;i s'a–
drcssait elircctcmcnt
¡\
la Prussc, et indircetc–
mcnt
n
l'Autricbc, puis ccpcnelant fiujssait par
conclurc que, 1nalgré la ccrtilude ele rcjcler au
printcmps les Husscs sur laVistulc, de la Vis–
tulc sur le Niémcn, il désirait la paix, l'nu1·ait
o!Tcrtc s'il avait terminé cctlc campagnc sur le
tcrritoirc enncmi, nrnis ne croyait pas de sa di-