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488

LIVHE QUAllANTE-SEPTIEME.

(ce qui aurail du Ctre le complémcnt desonopi–

nion, et cequi !'aurait rcndueparfaitcment sagc),

sans indiqucr

ii

que! prix on obticndrait les scr–

viccs dcl'Autrichc.

M. de Champagny, modeslc et scnsé, voyanl

de grandes diflicullés a lraiter avcc la Russic,

de grandes facilitésa lrailer avcc !'Autrichc, dis–

posé a la confiancc cnvers ccttc dernii:rc cour,

auprcs de laquelle il avait résidé, résigné

n

lui

paycr ses serviccs ce qu'cllc voudrait, opina

cornmc M. de Ilossano. M. d'Hautcrive ayant des

avisde commande, M. de la Jlcsnardicrc, esprit

fin, caustique, se moquant volonliers de lapoli–

tique de M. de llassano, mais soumis par inléret,

se prononccrent tous deux pour l'opinion du

ministre, chef de leur départcmcnt. C'étaicnt

par conséqucnt qualrc voix contrc lrois en

fa–

vcur de l'intcrvention nutrichicnnc.

Pour qu'un tclconscil pul ctrcuti le, on auroit

du, en adoplant l'intcrmédiaire de l'Autriche

commc le seul admissiblc, allcr plus loin, oscr

discutcr a quclles conditions on ohticndrail les

bons ofliccs de ccttc cour, cxposcr franchcmcnt

ces conditions, les fairc acccptcr, car, ainsiqu'on

le vcrra bicntót, clics élaient acccplablcs, ou

bien, sion n'cn voulait pas, montrcr qu'il fallait

alors se conduirc avcc assez d'art pour éludcr

l'intervcntion de l'Autrichc au licu'de la recher–

cher, pour réduirc son rólc au lieu de le gran–

dir, pour rclardcr surlout ses délcrminations, et

avoir ainsi le lcmps de vaincrc les coalisés avant

qu'clle se mitdc lapartic.

Mais Napoléon ne demandait pas qu'on allatsi

loin, et, avcugléparscs

désirs,s'apcr~ul

trop !arel

de la foutc qu'on allail commctlre. Ce qu'il

voyait trCs-bicn, c'cst qu'Uouvril' des négocia–

tions il n'y avait pour le momcnt qu'un moycn

d'y parvcnir, c'élait de se servir ele la cour de

Vicnnc. Mais il n'ainrnit pas a se rendre complc

de ce qu'il en coutcrait; il se ílatlail d'agir par

l'lmpératricc sur son bcau-pcrc, d'obtcnir ainsi

de l'Autrichc des scrviccs

a

la fois rnilitaircs et

el

iplomatiqucs, et se pcrsuadait qu'cn lui don–

nant l'lllyric, promiscautrcfois pour dédomma–

gcmcnt de In Gallicic, el en la lui donnant ccttc

fois gratis, clic se ticndrait pour suffisammcnt

récornpc11séc. C'élnit lit une c1Tcm· funcstc, et

1ui dcvait ctrc prcsquc aussifatale que l'cxpédi–

tion de Hussic. A11 surplus, désirant qu·on né–

gocii\t ostcnsiblcrncnt po11r saWsfoirc !'esprit

public, il lrouvait digne et séant de laisscr né–

gocicr son bcau-pCrc, s:rns purailrc s'cn mClcr

lui-mcmc.

Ainsi qu'il Je faisait dans ces consciJs politi–

qucs, rares et solcnncls, ou il n'émcttait pas son

avis, tandis qu'il l'cxprimait vivement et impé-

1·ieuscment dans les conscils adminislratifs,

il

rcmcrcia, sans s'expliquer, les mcmbrcs de ccttc

réunion, et parut loulefois pencbcr pour l'opi–

nion qui avait obtenu la majorité, cclle de trai–

ter de la paix, d'en trailcr par l'entremise de

l'Aulrichc, ele faire en méme temps un grand

déploicment ele forces, de préscntcr au Sénat le

sénatus-consulteprojclépourlalevéedes 550millc

hommcs, et de rctardcr de quclqucs semaincs la

convocalion du Corps législatif, qui pourrait en

ce moment rcílétcr avcc trop de vivacité l'agita–

tion de !'esprit public.

Cctlc conduile ful en e/fet immédiatcmcnt

suivic, rnais avcc les faules que Je earaelcrc de

Napoléon dcvait y apporlcr, et que le caraclerc

deM. de Jlassano n'était pas fait pour

atté~ucr.

Napoléon, aprcs avoir forl écouté M. de Ilubna,

que elu reste

il

avait carcssé tri:s-adroitcment et.

mis entiCrcmcnt dnns ses intérCts, écrivit ;t son

bcau·perc dans un langagc qui, bien qu'a/fcc–

tueux et amical, n'était prop1·c

a

legagncr ni par

le fond ni par la forme.

11

lui raconta sa campa–

gncde 18·12, qu'on avail, disail-il, fort défigu–

rée a Vicnnc daos millc récits rnaJvcillants; se

plaignit de ce qu'on avait beaucoup trop écouté

ces récitsdaos la cour deson bcau-pcrc; ajoúta,

ce qui était vrai, que les Russes ne l'avaicnt pas

vaineu une sculc fois, que partout ilsavaicnt été

battus, qu'a In Jlérézina notammcnt ils avaicnt

été écrasés ; que des prisonnicrs, des canons, ils

n'cnavaient jamais prissur leehamp debataillc,

ce qui élait vrai encorc, mais que les chevaux

élant rnorls de froid, il avait fallo abandonner

bcaucoup de matéricl el'artillcrie; que la eavalc–

rie, étanl a.picd, n'avait pu protéger les soldats

qui s'éloigaaicnt pour

vin e;

qu'il nvnit ninsi

pcrelu eles canonset des hornmcs, et q11e le froid

par conséqucnt était la sculc cause de ce qu'il

fallait appclcr un mécompteet non pas un désas–

tre. Napoléon faisait ensuite de ses armements

un étnlagc ünmcnsc,

mcnn~ant

non-seulement

pour ses cnncmis, muis mCmc pour ccux de ses

alliés qui voudraicnt l'abandonncr, ce qt;i s'a–

drcssait elircctcmcnt

¡\

la Prussc, et indircetc–

mcnt

n

l'Autricbc, puis ccpcnelant fiujssait par

conclurc que, 1nalgré la ccrtilude ele rcjcler au

printcmps les Husscs sur laVistulc, de la Vis–

tulc sur le Niémcn, il désirait la paix, l'nu1·ait

o!Tcrtc s'il avait terminé cctlc campagnc sur le

tcrritoirc enncmi, nrnis ne croyait pas de sa di-