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LES COHORTES -

11tcrnni1t

·1812.

/¡71

zcnl\crg, ayant bien serví aussi, malgré Ja timi·

dilé de Jeurs chefs.

11

y avnit cnfin Je corps de

Poniatowski, rcnvoyé rle bonne hcurc dans ses

canlonnements pour s'y rccruter, et M. de Bas–

sano, chargé en revenan! de Wilna de passer

a

Varsovie, puis

o

Berlín, assurait que la Polognc

allait se lever en massc, que la Pl'l1sse jurait de

nous rester fidele, qu'elle était mcme disposée,

moyennant quelquessccours d'argcnt,

o

augmen–

lcr son contingent; que le prince de Schwarzen–

bcrg écrivait les lettres d'un militaire plein

d'honueur, et que ce prince, ainsi que tous les

Autrichiens qu'on avait vus, en fornrnnt des

vreux ardents pour une paix prochainc, pro–

mettaient néanmoins une parfaite fidélité

¡,

l'al–

liance. En supposant done qu'il ne rcvint sur

Wilna que

1,0

mille hommes deccux qui avaicnt

pénétrédans l'intérieur de la Russir, en y ajou–

tant les

''º

mille hommcs frais

~ni

sous Augc–

reau et Grenier gardaicnt l'Elbc, les 20 mi lle qui

sous Macdonald rcvenaicnt de Riga, les 40 mi lle

qui sous Rcynicr et le prince de Schwal'Zenberg

rcvenaicnt des cnvirons de Minsk

1

on pouvnit

se ílatler de réunir

150

mille hommes au moins,

bienlót pcut-clre 200 mille par le ralliement

suceessif des trainnrds, et de les opposer avcc

nvantnge aux Russes, qui ccrtoincrncnt n'cn

avaient pas plus de

11i0

mi lle échappés aux

rigueurs de l'hiver. En ajoutant

a

ces 200 mille

les 21,0 mille qui allaient venir des rlépóls du

Rhin sous dcux ou lrois mois, plus les nouvcllcs

lcvécs que la France ne manquernit pos de four–

nir en présence du danger, Napoléon élail fondé

:\ croire qu'il rcticndrnit les Prussicns et les

Autrichiens dans son alliance, qu'il rcfoulcrait

les Russcs nu dela du Niémen, qu'il parviendrait

11

recouvrer la pnix eontincntnle snns de trop

grnnds sacrifices, peut-clre mcme ¡, Incomplétcr

pnr la paix maritime!

Ces espél'nnces soutinrent pendnnt les prc–

micrs jours l'nrdeur de Nnpoléon au tr.wail.

Mais c'élait la le tableau des choses tel qu'il élait

pcrmis de le tracer lorsqu'il avait quilté J'armée.

Malhcurcusement, du 5décembrenu commencc–

mcnt de jnnvicr, lout avoit changé dans leNord,

mililnirement et polil.iquement. Napoléon arnit

en efTct précipité sa forlu ne sur une pente si

rapide, que chnquc fois qu'il

y

repo1'lnit les yeux,

il la lrouvait efTroyablement desccndue vers

l'abime.

Depuis son départ, comme nous l'avons exposé

précédemment, l'arméc élait lombée dans In

plus alTreuse dissolulion. Par suite du íroid par-

venu

a

une intensilé extraordinaire, et faute

d'une aulorilé respectée, toutc discipline avait

disparu ;chacun livré

o

son déscspoir personncl

s'élait enfui commc il

avail.pu,

et cellc poignéc

cl'hommcs déjn si réduite qui av.ait forcé le pas–

soge de

In

Bérézina, s'était complélemcnt dis–

persée. J,c corps de Víctor, qui était encore de

7

o

8 mille combatlants Je soir de son héro"ic1ue

rléfcnse des ponls, avait fondu en deux jours

sculcmcnl, pour avoir fait pendant ces deux jours

le métier d'arrii:re-garde. La division Loison,

comprenant dix millc hommes jeunes, il est

vrai, m:iis bien org:misés,

11

1

nynnt rico soulfcrt

jusqu~alors,

s'était cntiCrcmcnt décomposéc pour

élre sortic de Wilna et avoir voulu marche1·

¡,

lo

rcnconlre de la grande armée. t e froid en avait

tué la moitié, el le reste s'était éparpillé, au

point qu'il n'y avait pas deux mille hommes dnns

le rang. Mcme chosc élait nrrivée aux détachc–

ments qui forma¡ent la garniso11 de Wilna. Les

qunlre

011

cinq mille Bavarois du général de

Wrede , qui depuis l'évncuation de Polotsk

s'étnicnt lcnus sur In gauche de Wilna, avnicnt

partagé le sort commun. Les Saxons de Rcynier,

les Autrichiens de Schwarzcnbcrg, étanl demeu–

rés aux cnvirons de Minsk faulc d'ordrcs précis,

Wilnn s'étnil trouvé découvert, et il avait fallu

l'évacucr en désordrc, sans mCmc avoir le tcmps

d'y prend1'e les 1•étcmcnls, les vivres dont les

magasinsdecetlevilleabondaient. Mural, n'élant

plus ni obéi ni capablc de commandcr, s'était

enfui de Wilna au milicu de la nuit, et avait

perdu, nu picd de la montagne qu'on rencontre

au sortir de Ja ville, le trésor de l'arméc. A

Kowno, ramassant quclqucs officicrs et un mn-

1·échal, avec un millicr de soldaIs, il avait chargé

Ney et Gérard de dispuler un instan! leNiémcn,

mais ces dcux hommes héro·iqucs, reslés prcs–

que seuls, avaient été obligés de se réfugicr i1

Kamigsbcrg.

Telsétaient les faits qui s'étHienl passés dcpuis

le départ de Napoléon, el que nous a1•ons déjii

rapporlés, faits désastrcux, dus aux dislanccs,

au froid,

o

la misi:i•e,

¡,

la dcstruction de loule

autorilé, et surtout

n

celle débnndadc conla–

gieusc, qui, ayant commeucé par les c:n

1

::tlicrs

a

pied, par les fanlassins sans fusils, s'élait inccs–

sammcnt

nccruc de jour en jour, et

avait

fini

par devenir une sorle de maladie pestilentielle,

dont lout corps enl'oyé au sccours de la grande

armée élait atleinl sur-le-champ, et périssait

sans la s::iuvcr.

])'nutres infort11nesnous attendaicnl ¡,Kren1gs-