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COHORTES.-

nt.cF.MnKr.

1812.

~G7

saire, la rcndrc facile pour se rendre plus focile

!1

batlre; comme si enfin, ayant renvcrsé par ce

sacrificc legéant qui dominait l'Europc, et ayant

pris sa place, sans, il cstvrai, prendre sa gloirc,

il avait

¡,

rcgrettcr !'incendiede quclques villcs,

et mcme cclui d'unc capitalc. C'étaicnt Ja de foi–

blcs excuses imaginécs par Napoléon; mais, ne

pouvant se tairc sur le désastrc de Russie avcc

un pcrsonnagc te! que J'archichancelicr Camba–

cércs, il débitait ces misercs, dont il savait la

valcur,

u

un homme qui Ja savait commc lui.

Cela dit, Napoléon rcJnercia fort Je princc Cam–

bacércs du zclc qu'il avait déployé, et loin de luí

rcprochcr

il

Jui, magistral ordinaircment sagc

et humain, la mort inutile de tant de victimes,

il rcvint au sujet dont il voulait faire le grand

t!vénement du jour,

il

Ja conspiration de Malct.

11 lui répéla ce thcme, qui de sa bouchc allait

passer daos la bouchcde tous les hauts fonction–

naircs de l'État, qu'il follait non·sculcmcnt des

soldats bravcs, maisdesmagistrats formes, capa–

bles de mourir pour Jadéfense du tróne comme

les soldals pour Ja défense de Ja patrie. 11 parla

ensuitc des dangcrs personnels qu'il avait cou–

rus, et de ccux qu'il aurait

a

braver cncorc pour

rétablir ses alTaircs, de Ja néccssité d'assurcr la

transmission de sa couronnc i1son fils dans le

cas oú il vicndrait

il

étrc tué, des moycns d'y

parvenir, de l'avantagc qu'il y aurait

a

couron–

ncr par anticipation l'hériticr présomptif, ce qui

avait cu licu bien souvcnt daos l'cmpirc d'Occi–

dcnt, et cnfin d"un grand spcclaclc

a

donncr

pour frappcr les imaginations, et pour fairc cn–

tcndreaux magistratscivils le Jangage du dcvoir.

Ces considérations étaicnt une mcnacc pour

un magistral honnCtc et intCgrc, qui malhcurcu–

scmcnt avait fourni uneamplcmaticrc

a

la médi–

rnncc par sa conduitc pcndant le courtsucccs de

la conspiration du général Malet. M. Frochot,

préfct de Ja Scinc, arrivant de Ja campagne au

momcnt oú les conspiratcurs cntraicnt

il

l'hótel

de villc, croyant ce c¡u'ils disaicnt, el n'imagi–

nanf. pas un inslant c¡u'ilsvoulusscnt l'induirc en

errcur, al'ait purcmcnt et simplcmcnt obéi au

prétcndu elécrct du Sénat, et ordonné de dispo–

ser la salle principalc ele l'hótcl de villc pou1·y

reccvoir le nouvcau gouvcrncmcnt. Sans <loutc

il

y

avait

Ja

unecrédulité qui prctait ¡, rircautant

que l'arrcstalion du duc de Rovigo, mais qui

avait son cxplication, commc toute ccttc alTairc,

dans le pcu de solidité de l'établisscmcnt impé–

rial, et qu'il cut fallu, nous le

rép~lons,

oublicr,

Join de forccr Jepublie

a

s'cn occupcr. Napoléon,

au contrairc, quoiqu'il cstimñt M. Frochot, et ne

füt animé

il

son égard d'aucun scntimcnt ele

mall'cillancc, résolut de Je faire servir au spcc–

taclc qu'il prépar•it, et sur lcqucl il voulait alli–

rcr l'attcntion publique, pour ne pas la laisscr

séjourncrsur les événemcntsdeRussic.

11

décida

c¡uc M. Frochot scrait déféré au Conscil d'État,

et que tous les grandscorps scraicnt amenésaux

Tuilcrics pour Jui adrcsscr des discours solcn–

nclssoit sur son rctour, soit sur les événcmcnts

du momcnt. Cct usagc, si fréquent depuis,n'élait

pas établi alors. Lesjours de grande fCtc, on pas–

sait dcva¡1t Napoléon, on Iui adressait quclqucs

mols non écrits auxqucls il répondait ele la mémc

maniere. C'étaient de simples visites et non des

solcnnités. L'archichancelier Cambacéres, avcrti,

indiqua aux chefs de tous les corps le scns dr.

lcurs harangucs, etlcdimanchc20déecmbrc, sur–

lcndcmaindesonarrivéc,Napoléon rccutlcSénat,

le Conscil d'État, les grandes admini;trations.

Ce ful M. de Lacépcdc, président <lu Sénal,

qui porta la parolc au nom de ce corps. M. de

Lacépcdc élait un de ces savants qui mcttcnt

volonticrs une plumc cxcrcéc au scrvicc <l'un

pouvoir Jargcmcnt rémunératcur. Le princcCarn–

bacércs fournissant le fond des idécs, il snvail.

les rcvctir asscz vite de ces coulcurs alTcctécs,

dont il avait appris

a

se servir

a

l'écolc des mé–

diocres imitatcurs de IlulToo. 11

commcn~a

par

félicitcr Napoléon de son hcurcux rclour, et par

en félicitcr Ja Franec, car loulcabscnce de l'Em–

pcrcur, ralcntissant l'action bicnfaisantc de son

génic, était un malheur national. Puis il vinl au

sujet du jour, non pas la campagnc de l\ussic,

mais la conspiration Malct. Dcshommcs, <lisait-il,

auxqucls Ja clémcnce de l'Empcrcur a1•ait par–

donné lcurs áimcs passés, avaicnt voulu rejctcr

Ja Franee dans !'anarchic, d'oú son génic tuté–

lairc J'avait tiréc ; mais lcur forfoit avait été

court, Je ehátimcnl prompt, et Ja Francc, avc1·–

tic par ccttc folle tcntative, a1·ait de nouvcau

senti cequ'cllcdcvail ¡,Jadynasticnapoléonicnne,

s'était promisde lui rcstcr invariablcmcnt fidCJe,

et Je Sénat, institué pour Ja conscr1·c1', était

résolu

a

mourir pour clic. -

On peut voir

h

ce langagc que les banalitésque

nous a1•ons tant de fois cntcnducs ne sont ¡¡as

nom•cllcs, et qu'il n'y a pas

il

en tcnir grand

comptc. Mais un passagc de ccllc haranguc mé–

ritait quclquc attcntion : " Dans les commcncc-

1i

mcntsde nos ancicnncs dynastics,

" ajoulai~lc

présidcnt du Sénat,

«

on vit plus d'unc fois le

" monarquc ordonncr qu'un scrmcnt solcnncl