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LIVRE QUARANTE-SEPTIE!IE.
u
!hit
d'avancc les
Fran~nis
de tous les rangs
a
,, l'hériticr du tróne, et quclqucfois, lorsquc
u
l'agc
du
jcuncprincc le permit, une couronne
,, fut plncéc sur sa tele, comme
fe
gagc de son
,, autorité future, et le symbolcde la pcrpétuité
u
du gouvcrncmcnt.
n
Évidcmment il y avait clans ces parolcs une
inspirntion supericurc, et c'était la prcmierc in–
dication du projet clont nous vcnons de parlcr,
Jeque! consistait
a
préparcr
a
''ª''•ncc, pour le
cas d'unc mort soudainc,
In
transmission ele la
couronne impérialc au fils ele Napoléon. Le dis–
cours du Sénat finissait par quclqucs mots sur
l'cxpéelition ele Russic, sur les élémcnts, sculc
cause de nos malhcurs, sur la barbarie des
Russes, qui avaicnt bridé lcurs villcs plutót que
de nous les livrcr, sur le chagrín de l'empcrcur
Napo1éon,qui n'nuraitpas voulu une gucrrc ainsi
faite, qui ne souhaitait qu'un arrangemcnt équi–
tablc, et sur la bravourccnfin eles
Fran~ais,
tout
préts cncorc
a
courir sous les drapcaux pour
conr¡uérir
n
lcur cmpcrcur une paix gloricuse.
Napoléon, assis sur son trónc, répondit par
quclqucs parolcs qui , bien que jctécs dans le
moule commun fourni pnr lui, avaicnt un
toul
autrc c.wactere que ccllcs de ses tristes adula–
tcurs.
- JI
avait assurémcnt fort
a
cmur, elisait-il,
Jagloircet la grandeur de la Francc, mais
il
pcn–
sait avant tout
a
garantir son rcpos et son bon–
hcur intfricurs. J,a sauvcr des cléchircmcnts ele
l'anarchicavait été et scrait le but constant de
ses cfTort>. Aussidcmanelait-il au cicl des magis–
tr.1ts couragcux, autant au moins que eles soldals
héro'iqucs. La plus bcllc mort, ajoutait-il, scrait
ccllc d'tm soldat tombant au champ d'honncur,
si la mort el'un magistrat périssant en défcndant
le souvcrain, Je trónc et les lois, n'était plusglo–
ricusc cncorc. Nos percs avaient pour cri deral–
licmcnt: Le mi
cstmort, vfre leroi!
Ce pcu de
mots conticnncnt les principaux avantagcs de
Ja
monarchic... - Faisant allusion au vreu cxprimé
par le Sénat, Napoléon disait : Je crois nvoir
étudié !'esprit que mespcuplcs out montré dans
les difTércnls sieclcs; j'ai réíléchi
¡,
ce qui a été
fait nux diverses époqucs de notre histoirc, j'y
pcnscrai encorc... -
Qunnt
a
l'cxpédition de Russic, l'intention
d'nillcurs fort sage de Ja réponse impériale fut
visiblcmcnt de ne pns cnvcnimcr la querelle
nvcc l'cmpcreur Alcxnndrc. - La gucrrc que je
sout.icns, njouta Napoléon, est une gucrre poli–
tiquc. Je J'aicnlrcprisc snns animosité, etj'cussc
voulu épargner
a
la
Russic les maux qu'cllc–
mémc s'cst faits. J'nurais pu nrmcr conlrc elle
une pnrtic de sn population en proclamant la
liberté des pnysaos... un grand nombre de vil–
lagcs me l'ont demandé, maisje me suis rcfusé
a
une mesure qui etit voué
a
In mort des millicrs
de famillcs... Mon nrméc a soufTcrt, mais par la
rigucur des saisons, etc... - Rcmcrciant cnsuite
le Sénat
ave~
asscz de hautcur, Napoléon
rc~ut
le
Conscil d'Etnt. Ce corps ne pouvnit que répéter
les parolcs prcscritcs pour ccttc circonstance, et
clics ne méritcraicnt pas d'étrc rcproduitcs ici,
sans la réponsc de Napoléon. Apres avoir redil
de la maniere convcnuc que quclques scélérnts
avnicnt voulu plongcr la Francc dans l'nnarchic,
que le crimc nvait été prornptcmcnt suivi d'un
juste chatimcnt, que la Francc avoit en ccttc
occnsion scnti rcdoubler son amour pom·
la
dynastic ;\ Jaqucllc elle devait tant de gloirc et
de bonhcur, et que, le eas survcnant, clic cour–
rait tout entiere aux picds de l'hériticr du tri\ne
pour l'y faire montcr et l'v maintcnir; npres ces
vulgaircs déclarations, le Conscil d'Etat, parlant
de Ja gucrre plus que n'avnit fait le Sénat, pré–
tcndit découvrir dans les dcrniers malhcursqucl–
<JUC
chosc qui le lransportait el'aisc et d'ndmira–
tion,disait-il,c'était le dévcloppemcnt prodigicux
d'un augustc caractCrc, qui n'avait jnnrnis paru
plus grand qu'au milieu de ces lravcrscs, par
lcsquclles
il
scmblait que Infortunccut voulu luí
prouvcr qu'cllc pouvait etre inconstante! ... Mais
c'étnil 111uneépreuvc passogcre ; la Francc nllait
en massc courir sous les drapcnux, l'étrangcr
allait comptcr ses forces et les nótrcs, et une
paix gloricuse allait s'ensuivre... Le Conscil
d'J
0
fütt
n'avait que son
admiration, son amour,
sa fidélité
a
ofTrir
¡,
J'Empcrcur en échangc de
tous les bicnfaits dont il comblait la Francc,
mais Napoléon, dans sa bonté, daigncrnit les
agrécr, ele.
Apres la multitudc soulcvéc, outragcant bas–
scmcnt les pri.nccs vnincus,
il
n'y a ricn de plus
triste
:\
voir que ces grands corps, prostcrnés
aux picds du pouvoir, J'admirant d'unc admira–
tion qui croit avcc ses fautcs, luí parlant avcc
chalcur de lcur fidélité déja prctc
¡,
s'évanouir,
et luí jurant cnfin de mourir pour sa cause, la
vcillcmemc du jour oú ilsvont félicitcr un autre
pouvoir de son avéncmcnt. Hcurcux les pays
solidcmcnt constitués, et auxqucls sont épar–
gnés ces spcctaclcs si méprisables
!
La réponsc de Napoléon est rcstéc célebre.
Elle ne pouvait pas etre bassc, meis clic était