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464

Lll'llE QUAR.-INTE-SEPTIEME.

parut comme une sorte de speetre et le remplit

de surprise en se nommant, en lui disanl avec

qui il était, et en le conduisanl

a

la modcste

hótellerie oú Nnpoléon étail sccrctement des–

cendu. M. de Pra<lt aceourut auprcs de Napo–

Jéon, qu'il lrouva dansun méehant réduit, ayant

de Ja peine

a

s'y faire allumer du fcu, et dissi–

mulanl sous une fcinte gaieté les immenses souf–

frances de son orgueil. Quelle dilTércnee entre

ce momcnt et cclui oU, six mois auparavant,

il

Jui donnait d'un ton si leste les plus cxtraordi–

naires instructions sur la rcconstitution de

Polognc, et sur le rcmanicmcnt du tcrritoirc

curopécn

!

Napoléon, trouYant dans la force de

sa volonté de quoi surmontcr ccttc situation,

alTcetaden'ctrcni ébranlé, ni surpris, ni changé.

- J)u sublime au ridiculc, il n'y a qu'un pas,

dit-il au prélal ambassadeur, avee un rire con–

traint, qui prouvait l'cxcCs de son embarras en

voulant lecaehcr, mais aussi Ja vigueur de son

caractCre. - Qui n'a pas cu de rcvers?...

ajouta+il.

11

cst vrai que persounc n'cn a

éprouvé de parcils; mais ils devaicnt ctrc pro–

po1·tionnés

U

llla forlune, et, <lu reste, ils scro11t

p1·ochaincmcnl réparés. - Alors il vanla sa

santé, sa force pcrsonnclle, se mil

a

répéter

qu'il étaitfaitpour les aventures extraordinaires,

<¡ueJe monde bouleversé étail son élément, qu'il

savait

y

vivrc, mais qu'il sauraiL le rcmcttrc

cu urdre, que bienlot il scrait de rctour su1· la

Vistule avec t1·ois cent mille hommcs, et fcrait

cxpicr aux Husscs des succes qui étaicnt l'ou·

vrage de la nature el non pas le kur. Dans lout

cela, il était facilc <le voir que, s'il soulTrail, Je

rcssort de su procligicusc intclligcucc n'ét:iit, ni

forcé ni affaibli. 11 fiLappelcr les principaux

ministres polonais, en leur recommandanL le

secrct Je plusabsolu sur sa préscnce it Varsovic,

lac!ta <le rclcvcr leu1· couragc abaUu, lcur pi·o·

rnit de ne point abandonncr Ja Pologne, de re·

paraitrc prochaincment au milicu d'clle

it

la

tete d'unc puissantc arméc, lcur aílirma que les

Husscs avaicnt été plus maliraités que lui, qu'ils

ne pourraicnt pas réparcr Jcurs perles, tandis

lfU'il

allait

réparc1· les sicnncs en un clin d'roil,

et que Ja disproporlion fondamentalc cnL1·c Ja

puissa11ce de Ja F1·ance et ccllcdc la Hussic écla–

tcrait

dnns

troís mois,

de maniCrc

il

rcmelLl'c

loutcs choscs

it

lcur place. Apres avoir cssayc de

rcHClre

quclquc

co11fü1ncr.;111x rninistrcspolo11aís,

il parlit,

loujours inconnu, et tuujou1·scourant

sur Ja ncigc, arri\'a

i1

D1·csdc,

dcscendit

cl1cz

son

ministre,

M.

1lc

Sena,

fiL

appclcl' le

paunc rui

de Saxe, tcrrifié de cet étrange changemcnt de

fortunc, lui dit qu'il ne fallait pas s'alarmcr des

dcrnicrs événcmcnts, que ce n'était qu'unc des

mobilcs et variables apparenccs que

la

gucrre

prenait quclquefois, qu'cn quclqucs scmaincs

iJ

rcvicndrait plus rcdoutable que jamais, lui con–

scrverait cettc Polognc, chimc1·e vicillc elchérie

eles princcs saxons, et Joissa prcsque rassuré ce

bonhommc couronné, habitué non pas

it

le com–

prcndre, mais

a

le croirc.

11

lui recommanela le

sccrct, donl il avail besoin cncorc pour quarante–

huit heurcs, prit quclqucs instants pour éerire

a

son bcau-pcrc, Jui annonga qu'il revcnail sain et

sauf, plcin de santé, de sérénité, de confiancc;

que les choscs étaient !clics qu'il les avait diles

elans son 29' bulletin, qu'il allait ramcncr sur Ja

Vistulc une arméc formidable, qu'il comptait

tonjours sur l'allianec de l'Autrichc , sur le

prompt recrutcmcnt du corps autriebien, et

qu'il désirait qu'on lui cnvoyat

a

Paris un diplo·

mate d'importance (l'ambassadcur, pl'in_cc de

Schwarzcnbcrg, étant néccssai1·e en Gallicic), car

on auraiL de grandes alTaircs

it

traitcr.- Apres

avoir essayé ele procluirc par écrit sur son bcau–

pC..e l'imprcssion qu'il chercbait

a

produire par

ses paroles chcz tous ccux qu'il rcneontrait, il

partil pom· \\'cimar. Le trainage n'étanl plus

d'usagc dans les licux qu'il allait traverser, il

cmprunta la YOiturc de son ministre, M. de

Saint-Aignan, et courut la ·poste jusqu'i1 Paris.

Arrivé sur Je Ilhin, il n'avait plus

a

se cachcr,

carsi pour Ja Francc

il

étaiLun souvcrainabsolu,

cxigeant,

tyranniquc

mCmc,

il était aussi son

gé–

nél'al, son défcnscur, et il pouvait se montrcr 11

clic en surcté. Pour ne pas trop surprendrc, il

s'était fait précédcr par un offieicr qui portait

quclqucs Jigncs dcsLinées au A/onileur. Ces ligues

disaicntque, le Ll déccmbre, il avait asscmbléses

généraux

a

Smorgoni, t1·ansmis le eommandc·

mcnL au roi Mu1·at pour le tcmps sculcment Ott

le fruid paralyscrail les opéraLions militaires,

qu'il avait t1·avcrsé Varsovic, Drcsde, et qu'il

allail :irrive1·

it

Paris pour

y

prcndrcen main les

alfaires de l'Ernpire.

Ccllc nouvcllc étaiL indispensable i1 do1111c1·:,

car, si le 29' bullctin, i1 jamais célebre, laissait

e11t1·cvoir

une

piut.ie

de la vérité, il

devaiL CLrc

bic11tóL cr11cllcrnc11LeommcnLé pa1· la correspo11-

dancc des officic1·s avcc leu1·sfamillcs, el il fa!lait

y

parcr

en

montranLNapo!Con

présonL

it

Paris,

ce quiétaiLlcscul moyendomaintcnir les esprils

d1rns

lcurét.at

ordinail'c

de

cnlmc

1

de

soumission,

dedé1·oucmcnL sincere ou affcclé.