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Lll'l\E QUARANTE-SIXIEME.

nécessilé d'oeeupcr Alba obligeait

a

défilcr

a

gauchc pour rcmonter la Tormcs, de haler son

mou1·cmcnl. Le lendemain 14, le tcmps était

alfreux, et la fol'!unc, comme dégoútéc de gens

qui sav:dcnt si pcu saisir ses favcurs, ne scml>lait

pas vouloir les seeondcr. A peine si on apcrcc–

rnit les cuncmis dcvant soi. Pom·tant

011

pouvait

distingucr

h

tr·nrci·s

le hrouillard lcs A11gliiis qui

dCfilaicut de

notl'C

droilc 11

notrc gauchc, pour

quillc1· Salamauque, cLs'ad1cmincr sur Ciudad–

l\od1•igo. Plusieurs cxplosionscnlcnducs

fo

cóté

de Salamanquc, en 1·él'élanL la deslruelion

1·0·

lontai1•c

d'tmc

parlic

des

munilions

de

l'cnncmi,

suflisaicnt po11r indiqucr une

rclrnitc

commcn–

céc. Joscph et Jourdan insislerent pour c¡u'on

fondit au moins avcc la cavalcric sur Parméc

nnglaisc, :ifin d'cn cnlc\'cr quclquc portion. Le

ni:11·échal Soull., circonspeet au dernicr poinl,

alléguaul pour son excuse l'obseurité du lcmps,

voulut avnnt de s'nvanccr avoir

été

rrjoint pnr

loulc l'arrnéc de PorLugul, ne líL pus mcme don–

ncr sa eavalc1·ie, eL, lol'S!1uc les85 millc

Fran~ais

furc11t réunis, t1·ouva les Anglais hors

cl'nUcintc,

et en plcinc relraiLe sur la roule de Ciudad–

Jlodrigo.

La confusion, l'irritaLion dans les lroisarmécs

furcnL extremes. L'élat de l'atmosphcrc, la len–

tc111· de l'arméc de Portugal, qui, forcéc de rc–

monlcr au-dcssus d'Alba de Tormcs, ne pouvaiL

cepcndanl pus arrivcr plus vite, furcnLles rai–

sons inrnginécs pour cxcuscr ce déplorableavor–

lcmcnl. On suivil les Anglais eneorcun jour ou

dcux, et on cut pour résultat de cellc formida–

ble cunccnlralion Je forces cnviron lrois millc

prisonnicrs, qu'on ramassa sur

les

roulcs l1

In

quruc

d'u11 c1111c111i

réduit

i1

nrnrchcr

plus rapi–

dcmenl qu'il n'en avaiL l'habitude.

Josrph '"'nLru dans Madrid, el

pla~a

ses trois

:1rmécs en

cantonncmcnls, l

1

arméc de Portugal

e11 Caslillc, cclle du Centre aux cnvirons de Ma–

drid, ecllc d'Andalousic sur le Togc, entre Aran–

jucz t•L Talal'Cl'a.

Tcllc ful en Es1n1gne cctte triste camp:igne de

1812, qui, aprcs avoi1· débuté 1rnr la perle des

places de Ciudad-Jlodrigo el ele Badajoz que

nous :nions impru<lc111111cnt clécouvcrtcs, tantót

pour

prcndrc

Vnlcncc, lantót pour achcmincr

une parlie <lc 11os troupes sur les roules de Hus·

sic,

s'i11!cno111pit

un

momcnt;

puis rcprit, et

fut sig1rnléc par la pe1·tc de la bulaillc ele Sala–

lllnnquc, duc

ñ

l'éloigncmcnt de Napoléon,

i1

l'uulorilé insuílisante ele Joseph, uu rcfusele con·

COllrS ele cerlainsgénéraux,

O

la lenleUI' de JOlll'·

dan, i1 la témériLé de Marmont; eampagnc qui

se termina pai·la sortic de

~ladrid,

par l'évacua–

tion de l'Andalousic, pat· une réunion de forces

qui, quoique lardive, aurait pu fairc cxpicr i1

lord Wcllinglon ses trop facilcs succcs , si la

eondcsccndancc de Joscph et de Jourdan, dis–

ccrnunl lc bon parli

a

prendrc, n'osant pas le

foirc prévaloir, n'avait amrné une derniCrc dis–

gr:icc, ecllc de voir une armée de

1,0

millc An·

glais échappcr

¡,

85 millc

Fran~ais

plaeés sur

lcUI' ligue ele communieaÜon. Ainsi,. elans ecllc

année ·1812, les Anglais nous avaicnl pris les

dcux places importantesde Ciudad-Rodrigo et de

Badajoz, nous avaienl gagné une bataille déci–

sivc, nous avaicnt un moment cnlcvé Madrid,

nous avaicnL forcés

a

évacucr l'Andalousic, nous

avaicnt hravés jusqu'a Burgos, el, en revenant

sains et saufs d'une pointc si hardie, avaicnt

mis 11 nu toulc la faiblcsse de notresilualion en

Espagnc, faiblcsse due

a

plusicurs causes déplo–

rablcs, mais toutcs rcmonlanl

¡,

une seulc, la

négligenec de Napoléon, qui, lout grand c¡u'il

élail, n'avail pas le don d'ubiquité, cL, ne pou–

vant pas bien commandcr de Paris,

le

pouvail

eneo1·e moins de Moscou; qui, se décidant enlin

¡,

eonfier sonautorilé i1 son frerc, ne la lui avait

pas déléguéc touL entiere, par déliunce, par pré–

vcnlion, par on ne sait qucllc humeur déplacéc!

Vouloir louL cnli•cprcndrc

a

la fois, vouloir clre

pu1·1out en mcmc tcmps, s'élourdir cnsuile sur

ce qu'on élait forcé de négligcr,

!el

avait élé, lrl

élait encare le triste seerct de celle funeste

guerrc d'Espagne

!

Aprcs l'atlcnlal c¡ui l'avait

commencéc, on ne pouvaiL rien inwginer de pis

que In négligcncc

<JUi

la continuait

!

Du rcstc, tant d'événcmcnls

a

la foisdésastrcux

au nord, fr\chcux au moins au midi, devaient pro–

duirc et produisirenL clfeclivcmenl unc immcnsc

émoLion en Europc. Que de surprisc, <1ue de

salisfaclion purmi ces innomb1·ables cnncmis que

nous nous étions allirés ele toulcs parls

!

L'An–

glctcrrc, c¡ui, oublianl <1u'cllc clait so1'lic de

Madrid, 11c songeuit qu'il l'honncur d'y élre

C'lllréc; qui,

:lprCs

:woir rcndu Sévillc au gouvcr–

ncmcnt. ele Cadix , se llatlaiL d'avoir prcsque

délivré la Péninsulc de ses cnvahisscurs; qui,

nprCs

nroir fort c11couragé

la

résistance

de

l'crn–

pcreur Alcxandre sa11s enriencspércr,

ét:1il

tuut

étonnée <l'rqlprcndrc que nous aiTivions vnincus

su1· le Niérnrn, se Jinait

ii

une sortc de joiedé–

li1·a11lc

!

Malgré loulc la eréelulité de la haine,

clic osail

a

peine ajoulcr foi aux nouvcllcs ré1rnn–

ducs en Eu1·opc, et, en publianL nos malheurs