WASHINGTON ET SAJ.AMANQUE. -
octonRE
1812.
trouvés longtemps, n'ayant plus sur le continent
delaPéninsulequcCarthagcne,CadixetLisbonne,
et réduils
a
s'yattaeher de touteslcurs forces pour
n'étre pas jetés
a
la mer, on comprend une joic,
que la surprise devait mcme convertir endélire.
La fatale cnlrcprisc de Russic, les négligcnces de
Napoléon
1t
l'égard ele la guerrc d'Espagne, le
oléfaut d'autorité de Joscph, les funcstes divisions
de nos généraux, avaient procuré aux Espagnols,
clsurlout au général britannique, ces succcs tout
a
fait inespérés
!
D'abord tres-cnorgucilli de son
t1·iomphe, lord Wellington s'était bientótsen ti
embarrassé ele ses auxiliaires, ele lcu1· conduitc
incliscri:le ou barbare, et avait lui-mcmeajouté
a
leurs fautes par l'ostcntation avec laquclleil avait
exercé son autorité. Le premicr soin
a
prendre
aurait dti ctrc de rassurcr leshabitants ele Madrid,
dont un grand nombres'étaitaccoutuméetpresquc
soumis i1 la domination ele Joseph, ele tenir pour
fail ce qui étail fait, d'oublicr cerlaincs choses,
de tolérer, de consacrer méme ecrtaines autres.
Don Carlos d'Espafia et ]'Empecinado devinrent
enquelquesorte les maitres de Madrid. lis com·
menccrent par fairc preter serment
a
la eonstitu–
tion de Cadix, qui venait d'étre achevée. Rien
n'était plus naturel, quoique cette constitution,
rernplie
a
la fois de príncipesgénóreux et dedis–
positions ehimériques, blessat une portie consi–
dérablede la nation espagnole, peu préparée aux
institutions qu'on venait de lui donner. Maisau
fond ce n'était pasa laconstitution quedonCarlos
et !'Empecinado cnlendaient lier les Espagnols,
c'était i1 l'autorité du gouvernement insurrec–
tionneldeCadix. Cela fait, il fallait s'expliqucr
a
l'égard desafrancesados, parmi lesquels on comp–
lait de grands pcrsonnages, beaucoup de fonc–
tionnaires, et r¡uelques milliersde soldats exeel–
lents. Tandis que don Miguel ele Alava, offieier
de l'al'mée espagnole <¡ue lord Wellington em–
ployail fréquemmcnt, et qui était le plus noble
des creurs
1 ,
pronon~ait
a
l'hotcl ele ville de
Madrid un diseours aussi humain qu'habile, don
Carlosd'Espaita el !'Empecinado tenaient un lan–
g:ige inscnsé, de naturc
it
ne ramencr pcrsonnc,
et
it
blesser au contraire tous les hommes raison–
nables. Joseph avait fait fl'apper 1 son imagr. de
fort belles monnaies, beaucoupplus belles que les
monnaics cspagnolcs, et tout aussi purcs, ¡rnis–
qu'elles étaient exaetement semblablcs pour la
forme et le litreaux monnaies frangaises. An lieu
t
Cclui que
nousa\'Ons connullepuis cornme
:imbassnllcur
a
Pai'isaprés 1nmortc\eFerrliuuncl
Vtl,ctpemlnnt
la
régcnce
dc larcincChristinc.
d'agir comme lous les gouvernemenls, mémc les
moins modfrés, qui se transmetlent les monnaics
les uns eles autres, sans s'ofl'usqucr des inrngcs
dont elles portent l'empreinte, on démonétisait
el frappait d'une pel'le les picccs 11 l'cffigie de
Joseph. Puis, au lieu de s'oceupel' d·amener des
clenl'ées
a
Thladricl, afio de mellre un tcrme
,¡
l'excessive cherté du ¡rnin, on perdait le tcmps 1
se donnc1· eles satisfactions de parli non moins
folles que clange!'euses. Aussi la miscre était-elle
extreme, eomme au temps oú les bandcs inter–
ecptaient l'anivage des vivl'cs. En fin
1t
ces extra·
vagances, qui doivent pa!'ait!'e fort naturelles
lorsqu'on songe au cal'actcre et
a
l'éduealion des
vainqueu!'s, lo!'d Wcllington ajoutait les fnutes
ele l'orgueil britannique.
11
s'était logé au palais
des rois, ce qui avait blessé la fierlé de la nation
espagnole, el, en prenant leRetiro, que lecolonel
Laffond lui avait liHé fauted'eau potable, il avait
détruit un établissement auquel les Espagnols
tenaicnt beaueoup, celui de la
China,
répondant
a
la fabrique ele Scvrcsen Frunce, et
a
la fabrique
de Meissen en Saxe. Ce n'était pas la peine en
vérité de pe!'dre vingt jours 11 eles futilités ou
a
des faules
!
Pcndant que lord Wellington se conduisait de
la so1·tc, le général Clausel avait rallié, réorga–
nisé, ranimé l'armée de Portugal, et, quoique
réduile
a
25 mille hommcs, l'avait ha!'dirnent
portée sur le Dou1·0, en présencc de l'armée an–
glaise, dont la masse principalc était postée sur
les bords de ce fleuve.
11
avait refoulé parlout
les avant-postcs cnnemis, et pris le temps d'en–
voyer le général Foy avec une division pour
rccucillir les garnisons d'Astorga, deBcnavcntc,
de Zamora, de Toro, inutilement dispersées su1·
une ligne qu'on ne pouvait plus défcndl'c. Le
général Foy était arl'ivé ll'op tarcl pour dégager
la gal'nison d'Astorga, forcéc de se remire la
veille
a
l'armée espagnole de Galice, mais il en
avait sauvé les malades, les blessés, avait rr–
cueilli les autres petils postes du Do111·0 et ele
l'Esla, et s'était réuniensuite augénéralClauscl.
Lord Wellington, se voyant ainsi bravé, avail
été obligé ele r¡uitte!' Madrid, et de venir cher–
che!' lejeuneaclvcrsairequi, avec lcsdébris cl'une
armée réccmmcnl batlue, se posait si ficremcnt
del'ant lui. Aprcs avoir établi le général llill
it
Madrid, il était reparli pourla Vieille-Castille, et,
recueillant en chemin l'ai:mée de Galice, il ª? it
marchésur Burgos avee
50
mille hommes.
Contraint de nouvcau
~1
rét.rogradcr, le géné–
ralClauselavaitquitté les bords1lu Douro, s'élait