LIVHE QUAHANTE-SIXIEnlE.
de troupes actives dont
il
disposait, et avec les–
qucls
iI
dcvait tenir tete
a
l'arméc de Murcie, qui
était ¡,Alicante, el11celle des Anglo-Sicilicns, qui
mcna~ait
de desccndrc
a
Tarragone,
il
ne pou–
vait pas consacrcr moins de6 mi lle hornmcs i1Ja
gardc de Valcnce et des postes principaux de
San-Felipe et de Sagontc. JI ne lui rcstait done
pas plus de 8 mille homrncs
a
joindr·e" J'armée
communc, dcstinée
ii
rnarcher sur Madrid, et
toutportait
a
croire que, ces huit millc homrncs
partis, on scrait dans l'impossibilité de conser–
vcr le royaume de Valcncc. Ainsi pour un si
faiblc rcnfort on s'cxposait
a
pcrdrc Valcnce, les
ressourccs de ce richc pays, J'avantage de tenir
éloignécs de la Catalognc et de l'Aragon les ar–
mécs de Murcie et de Sicilc, et cnfin les sculcs
communications toul
a
foit
súrcs avcc la Frn.ncc.
Si de plusl'arméc réunie, marchan! sur leTagc,
rcncontrait dcrricre ce fleuvc Jor·d Wcllington
avcc toutcs ses forces, si cllen'étail pas hcurcuse
dans une nouvcllc bataillc, on se trouvcrait dons
un vrai cul-dc-sac, ayant le Tagc formé dcvant
soi, et Je royaume de Valcnce formé dcrrii:rc,
situation aífrcusc et prcsque irr;cmédiablc. Sans
doutc entre les routcs de Madrid et de Valcrrce,
il y en avait une intcrmédiairc, aboutissantéga–
lcmcnt aux Pyrénécs : c'cstcellc qui allait par Ja
provincc de Cuad,1Jaxara joindrc Calatayud et
Saragossc; mais pour la prcndrc il fallait avoir
for·cé JeTage
ii
pcu pres 11 la hautcur· de Madrid.
Si on n'al'l'ivait pas jusquc-lii, il n'y avait pour
rcgngncl'
l'Aragon
quedes chcminsaffreux,
Ílll·
praticablcs
it
l'artilleric, rcmplis de bandcs in-
1•inciblcs dans lcurs défilés, et il ne restaitd'au-
1.rcrcssourcc que de rcrlcscend1·c sur Valcnce.
11
fallait done, avant toul, ne pass'cxposcr
i1
pc1·–
dre ccttc capitalc, et mcmc avcc la totalité de
ses troupes le maréchal Sucl1et n'étail pas aliso–
lument sl1r de siy maintcnir, car l'arméc anglo–
sicilicnne était uneforce inconnuc, el qui dcvait
ctrcsupposéc trcs-considérablc d'aprcs les bruits
répandusdans la contréc. Ainsigarder
H·
millc
hommcs conlrc cctlc armée et ccllc deCatalognc
n'était pasuncprétcntion biencxagéréc, s11rlo11t
s'il fallait succcssivcment les porter ele San-Felipe
l1 Tarragonc,
a
une dislancc decentlicues. Aussi
le marcchalSudrct préscntait-il un plan cntic–
rerncnt
con~u
dans Ja pcnséc de conser1'cr le
royaumcdeValencc. Valcncc,suivant lui, e'était
une cnpitnlc, une som·cc
1lc
gros rcvcnus, le
bord de la Méditcl'l'anéc, et cnfin lout le rcvcrs
des Pyrénées. En gardant cctlc partie de la
Péninsulc, on élniL
:1ss11ré
deconscrvcr ses com-
munications, on dcmeurait CD posscssion des
provinccs auxquelles Napoléon tcnait le plus, et
on pouvait toujours en partir pour recouv1'e1·
lesautres. En conscquence,
il
proposait de portcr
les armécs d'Andalousie et du Centre réuDics
dans la provincc de Guadalaxara (voir la cartc
o• '•5),
<l'y forccr le Tagc; cela foil, de séparcr
ces dcux armécs, ele ramcncr ccllc du Centresur
Cuenca, d'oú elle pourrait en tout tcmps don–
ncr lamain
a
l'ar·méc d'Aragon
Slll'
la frontiCrc
du royaumc de Valcnce, d'établir cclle d'Anda–
lousicdausla provincedeCuadalaxara; sa basesur
Calatayud, sa tetesur Madrid,et sadroitccD com–
munication constantepar la provincedeSoriaavec
l'armécde Portugal. Dela sortcles quatre armées
principales, cellcs d'Ai-agon, du Centre, d'Anda–
lousic, de Portugal,appuyécs les unesaux autrcs,
et adossécs aux Pyrénécs, pou1•ant toujours se
lrouver dcux ensemble en moins de jours que
l'cnncmi nemettrait
á
marchcr sur l'une d'elles,
possédant surcmcnt Valence, Tortose, Tarra–
gonc, Ilarcclonc, .Lerid:t, Sarngossc, Burgos,
Valladolid, provinccs 0[1, avcc une bonne admi–
nistration, clics sc1·aient cc1·taincs de vivrc Jar._
gemcnt, ne dcvaicnl jamais ctrc forcécs dans
Icor position, ni privécs de leurscommunications
avec la Francc.
Mais ce plan, exccllent quant
a
la conduite
ultéricurc, ne dispcnsait pas pour Je momcnt.
d'une opération commune
i1
tous les projcts,
cellc de rcmontcr sur Madrid, afin d'y forccr la
ligne du Tagc. Comment dcvait-on s'y prcndrc
pour ccttc opération dclicate, ii laqucllc lord
Wcllinglon, s'il agissait commc nutrcfois le
général Bonapal'tc en Italic, pouvail opposcr de
grnvcs olJstnclcs? C'est
ii
surmonter cette
diíli·
cullé qu'il f'nllait s'appliqner, et que s'appliqua,
en cffct, le maréchal Jourdan. .J}cxposé de son
opinion, modelerarc de justessc de vucs, d'exac–
tiludc d'asscrlions, de haute prudcncc, satisfoi–
sait
¡,
tout. el aurait mérité que cclui qui eon–
seillait si bien pút encorc exécutcr lui-mémcses
proprcs conccptions, ou ctre compris, respecté
et ohéide ccux qui étaicntchargésde lesexéculcr
;\ sa place.
Avant tout, il fallait, sclon Jui, rcmo11lcr' sur
Madrid par le haut Tagc, afin d'allcr douncl'
la
main
it
l'nrméc
de
Portugal,
et avcc les trois
armécs réunics de Portugal, du Centre, d'Anda–
lousic, marchc1·sU1:les Anglais /¡ la tete de
80
ou
90
mi lle honrmcs, et de
150
boucl1cs ¡, fcu. Sans
doutc, si
on
avnit
couru
véritablcrncnt lednngcr
de rcncontr·cr· lord Wcllington établi avec toutcs