WASHINGTON ET SALAMANQUE. -
NOl't»m
1812.
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daient pas
a
elre attaqués, et aussitót Anglais,
Espagnols, Portugais, munis d'échcllcs , s'élan–
cerent sur la premiereenceinte. Cettc fois cncorc
ils parvinrent
a
l'enlever, et coururent vers la
seeonde. Mais la brave garnison,sorlant en massc
deson chemin COUVert, les
re~ut
a
la balonnctte,
les chargea avec impétuosité, en tua un grand
nombre, et pour la troisiemc fois les rcjeta au
dela de l'enceinte un momcnt conquise. Meme
chose se passa
a
l'autre extrémité. Les assiégés
fermerent la breche pratiquée par la mine pres de
l'églisc de Saint-Roman,abattircntmeme l'église,
qui pouvaitétre utile
a
l'ennemi, et de nouveau
présenterent aux assiégeants un front formi–
dable.
11
y
avait trente et quelt1ucs jours que dcux
mille hommes, réduits par le fcu et la fatigue
a
quinze ccnts, rctranchés dcrriere quch1ucs ou–
vragcs
a
peine
ma~onnés,
et prolégés sculcment
par une rangée de palissades, en arrctaient cin–
quantemilleparleurhéro'iqucrésistance.Honneur
éterne]
a
ces braves gens,etaleur chef le général
Dubrcton
!
ils prouvaicnt ce que pcuvcnt c1i
cerlaincs circonslanccs déeisivcs les places bien
défcndues, car, en résistant ainsi, ilsdonuaicnt le
lcmps
a
l'armée de Portugal de se rcmcttrc
Cll
lignc,aux armécs du Centre et de l'Andalousic de
se porter sur le Tage,eta toutes de se réunir pour
accablcr lord Wcllingto11.
En effet le général Clauscl, ramcné sur l'Elirc,
avait
rc~u
des dépóts établis lclongdesPyrénécs,
ainsi que des pctilcs garnisons <le la fronticrc,
environ
iO
millc reerues, des chcvaux pour son
artilicrie et sa cavalcrie, ce qui lui procurait
55 millecombattanls.Legénéral Caffarclli, qu'on
a
vu,
troublé par l'épouvantail des !lottcs anglai–
scs,commelc maréchal Soult par eclui dugénéral
Hill, négiiger le dangcr principal pour le dangc1·
accessoirc, s'amcndait cnfin, et prCtait
it
l'arméc
de Portugal 10 millc hommcs qui, envoyés avant
la bataille de Salamanquc, auraicnl prévenu ·bien
des <lésaslrcs. Par malhcur le général Clauscl,au
momcnt de se mcttrc en marche
a
la tete <le ces
4~
mille combattants, avait tclicmcntsoulrcrt de
sa réccntc blcssurc,qu'il avait étéohligédequittcr
i'arméc. Le général Souham , vicjl officic1· de la
Républiquc,cxpél'imcúté et brave, le
rcmpla~ail ,
el vcnait au sccours de l'inlrépidc garnison qui
<lc¡rnis trcntc-quatre jours défendait les chétivcs
fortifications de Burgos.
Lo1·d Wcllington, placé cutre l'arméc de Por–
lu~al,
qui s'nvnn¡;nit au 11ord, et les
nr111écs
du
Cent.reet d'Andaluusic qui
s'avau~aicnt
au midi,
était dans !'une de ces situations difficiles, mais
grandes, dont le général Bonaparlc était sorti
jadis par des triomphes inou'is. Moinseirconspect
el plus actif, il aurait pu, en se conccntrant avec
la promptitudc et l'a-propos de l'ancicn générnl
de l'armée cl'Italie, se rendrc tour
il
tour plus
fort que chncune des deux armécs <¡ui le mena–
~aient,
battrc cclle de Portugal, pu is se jctcr sur
cel\c de Joscph, les accablcr !'une aprcs l'autrc,
et restcr définitivcmcnt maitre de l'Espagne.Mais
chacun a son génie, el il est puéril ele dcmandcr
a
tcl homme ce qui n'est possiblc qu'arcc les
qualités'de lcl autrc. Lord Wellinglon, sagc, so–
lide, mais lcnt, ayant des soldats qu'on ne mcnait
pas vite, qu'on n'exallait pas facilemcnt, n'était
pas fait pour conquérir l'Espagne en une campa–
gnc, mais
il
dcvait la conquérir en plusicurs.
C'était bien assez pour le triomphc de la politique
de son pays, et pour le malheur ele la nótrc
!
Voyant approcher l'armée de Portugal renfor–
cée, il abandonna aveedépit les murs deBurgos,
qui lui avaicnt eotité 5 mi lle hommcs et le pres·
tigc de la vicloirc, cL qui allaicnt proLaLlemcnt
lui coútcr Maddd. 11 soutinl plusicurs eombats
d'arrierc-gardc,danslcsquclslegénéralMaucune,
le méme qui avait si téméraircrncnt engagé la
bataille de Salamanque, lui Lua bcaucoup de
monde, el, apres s'ctrc
a
son tour eouvcrt clu
Douro, il cxpédia au général Ilill l'o1·drc de vcnil'
le joindrc a Salamanquc, si Madl'id ne iui scrn–
blait plus tcnabie en préscncc des armécs qui
marehaient sur ccllc capitalc.
Tcls ful'cnt les événcments que Joscph cL le
maréchal Joul'dan apprirent en al'rivant su1· le
Tagc. La sagc prévoyance du maréchal Jourda11
se trouvail ainsi juslifiéc, et Madrid <1ilaits'ouvri1•
cncorc une fois
a
la nouvelle royauLé. Le
50
oc–
tobrc, les armées du Centre et d'Andalousie fo1·-
lignc du Tage, sur laquclle 011 avait
crainl de lrouvcr 70 millc Espagnols, 1'01·Lugais
et Anglais réunis¡clicspassercnt sur lecorps des
arriere-gardes du général Hill, et pénétrere11L
le 2 novcmbre dans la capilale des Espagncs,
étonnée de ces fortuncssi diverses. Joseph y fuL
bien
rc~u;
car, aprcs ce qu'ils vcnaicnl de voir,
les habitants de Madrid, olfcnsés par l'orgucil
desAnglais,dégotités par la violcncc <lesguérilias,
eommcn~aicnt
1croircqucccttcnouvcllc royauté,
excrcéc par un princc doux et sagc, valail touL
autanl. pou1· cux que des Bourbo11s
dégén~ré'.,
condu1ls par des chefs de llandes. Joscpli, dc–
ploynnt. en ce
1nomcnt
une
activité
qui ne lui
étaitpasordi11ai1·e, apresavoirséjournéquarantc-