WASHINGTON ET SALAMANQUE. -
JUIJ.LET
·1812.
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n'avait appris que le 211', par de vagues rumeurs,
la funestc balaillc de Salamanque, et s'était te11u
1 distance des Anglais pour ne pas s'cxposcr
lui-mCmc
a
une catastrophc; mais
i1
n'avait pas
voulu rcbroussel' clicrnin, cLrcposscr immédin–
temcnt les montagncs du Guadarrama, dans
l'intcntion de r1mdrc, s'il le pouvaiL, quclquc
scrvicc
o
l'armée de Portugal.
JI
lui en rcnduiL
un véritablc en effcL par sa scule préscncc :
c'étaiL d'occuper l'attcntion de lord Wcllin¡;tou.
Ayant communiqué avcc le général Clausel, cL
ayant su que ce général désirait que l'armée du
Centre se tint cncore quelquc tcmps en vuc,
afin de ralcntir la marche de lord Wellington, il
dcmeura sur le rcvers du Guadarrama, et n'cn
pa1·tit que lorsque l'arméc de Portugal se ful
paisiblcment rctiréc sur Burgos, et que ses pro–
pres dangers l'obligcrent lui-méme
a
se replicr
sur Madrid.
11
rentra dans cette capi tale profon–
dément affcelé, et n'attcndant que des désastres
de la déplorable siLualion oú alluit le mcllre
l'événcmcnt de Salamanque.
JI
était de rctour
le
9
aouL de celle excursion qui aurait pu éLre
si utile, et qui l'avait été si pcu.
Le parti
a
prendre ú'était malhcurcuscmcnt
que trop indiqué par la naLurc des choses, eL
par le rudc coup dont
011
vcnait d'etrc atteint.
Puisqu'on avaiL éLé baLLu fautc de se réunir 11
Lemps contce l'enncmi commun, il dcveoait cn–
core plus évidcnt qu'il fallait se concentrcr au
plus tót, et fnire expier aux Anglais la journée
de Salamnnque par une grande bataillc, livréc
avcc toutes les forces donL les
F1·an~ais
dispo–
snicnt en Espagne. Mais cctlc eonccnLration de
forces ne pouvait étrc obtenue que par l'évacua–
tion immédialc de l'Andalousic, évacuation re–
grettable, et que Joseph, tout en l'ordonnant,
déplorait fort, car l'effct moral en
dcv~it
ctre
fticbcux, el le gouvcrnemcnl de Cadix en d.cvail
recevoir un puissant cncouragcmcnt.
ll
fout
ajoutcr que cc1'laincs mcnécs
auprCs des
mécon·
lenls de Cadix, dcstinécs
a
rattucher
a
Joseph
plus d'un pcrsonnngc imporlnnt, allaicnt Ctrc
inlcrrompucs, et probablemenl abandonnécs.
Eu effct, les cortes de Cadix eu opérant des ré–
formcs désirnblcs, nrnis quelqucfois prématurées
ou cxccssivcs, avaicnt amené de profondcs divi–
sions, et bcaucoup d'hommcs, les uns
foligués
prince 11 1
uy:1i11rns,ctciontilau1·riilcu grand hrsoi11.C'cs1lc
jugcmcn1que rorlt1íü¡iolt!on sur toulccclleaffoirc, 1¡11anll
il íul a11oisé
~
l'égard de la bnt;1illc de Snlamanquc,
et
c¡u'il
.tc1'inlJl\usjuslccn\'Cl'SSOnfrCrcctcu1·crs lcmajorg:énfral.
ltr1ppro1n•aleursdétcrminations
1
muislcsjugca tardir('s. Daus
de la guerrc, les autres craignant en Espagne
une révolulion scmblable
o
cclle de France,
disaient qu'autunt valait se ratlachcr au gouver–
ncment de Joseph, qui donnerait Ju puix et des
réformes sans révolution. C'est aux hummcs
pcnsant et pO!·lant de Ju sorte que nous devions
en partie la soumissiou de l'Aragon, de Valence
et de l'Andalousie. L'évacuation de cctte der–
nicre province allait foi1·e disparaitre ces com–
menecments de soumission, el Joseph n'y répu–
gnait pas moins que le maréchal Soult. Mais,
pour elre dispensé d'un te] sacrificc,
il
eut fallu
baltrc les' Anglais, et comme on n'en avait pas
pris le moyen, l'abandon immédiat et complet
de l'Andadousie était la seule maniere d'éviter
de plus grandsmallicurs. Joseph éc1·ivit done au
maréchal Soult une lcttre sévhc dans laquclle
il lui ordonnait d'une
fo~on
absolue (avec injonc–
tion de rcmctlrc son comnwndcment au eomte
d'Erlon s'il ne voulait pas obéir) de quitter l'An–
dalousie, c'cst-a-dire d'évacuer les ligncs de
Cadix, Grcnadc, Sévillc, de sauver tout ce qu'on
pourl'ait sauver, et de se replicr sur la Manche.
La réunion
a
l'armée du Centre des 60 mille
combaLtants du moréchal Soult permettrait de
conserver·~ludrid,
et, en y ajoulanL l'arméc de
Portugal, fournirait le moycn d'aller chercher
lord Wellington parlout ou il serait, et de lui
lirrcr une batailledécisive avec des forces qui ne
foisscraient pas la victoire doutcuse. A ces con–
ditions on serait dispensé d'abandonncr Madrid,
ce <1ui importait bien plus que de conserver
Séville et Grcnadc. Mais on avuit lord Welling–
ton entre soi et l'armée de Portugal, libre de
choisir entre la poursuite de rarméc vain–
cue ou l'occupution triompbantc de la capi–
t:ilc, et l'oo ne savait en vérité laquelle de ces
choscs il préféreruit. S'il se décidait
a
marcher
sur Madrid, il était évident qu'il faudrait éva–
eucr ccllc capitale, car le ruaréchal Soult ne
pouvait pas arrivcr
o
tcmps pour la sauvc1»
Ces tristes doulcs furent bicntót lcvés par les
mouvemcnls de lord Wellinglon. Aprcs avoir
poursuivi quclqucs jours l'armée de Portugal, et
J'a\!oir mise hors dejcu, il s·arrCta uux environs
de Ya!ladolid, et
1·c~roussa
chemin pour se di–
rigcr sur
~ladrid.
Quoiqu'il y eut un grand cffet
moral
a
produire en OCCUpant la eapitalc de l'Es-
tcpmuier111omont{l'irl'itation, il sc mou1raLcaucou11plus sé·
v~reparccqu'il
i¡;norait lcs íaits, qu'il ne sutjamriis complé–
lcmcnt;
un pcumicu:i:instruit plus tarJ elunpcu pluscalme,
il s'cntintau rcprochedc lentcur, maisil y persislri.