LIVllE QUAllANTE-SIXIEME.
Porlugais du général Pakcnham. Le
·120'
régi–
menl leur lua
800
bommcs, el resta maitrc du
grand Arapilc. Le général Clauscl soutint avcc
vigucur l'atlaquc de front de ladivision Clinton,
rnais soulfrit cruellemcnt des fcux de llancde la
division LeiLh. On combattait de si pres, que de
toutc part les aénéraux furcnt blcssés. De notrc
cóté, legénérnl Ilonnct fut attcint gravemcnt; le
général Clauscl le fut aussi. Ducoté des Anglais,
le marécbal Dcresford, les généraux Cole, Lcith,
rc~m·entdes
blcssurcs plusoumoinsdangcrcuscs.
A
notre gauche, et
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la droilc des Anglais, le
eombaL n'élait pas moins violent. La division
Thomieres fut assaillic au milicu de la plaínepar
la cavalcric cnncmic, pcrdit sonchef, tué sur le
cl1amp de balaillc, et se replia en désordre. La
division fücnicr courut
a
son sccours, mais clic
fuL cntrainée pflr le rnouvcmcnt rétrogradc
1
el le
bravc 22°, voulant lcnir bon, ful fort mallrailé.
Le général Clauscl,qui vcnait de rcmplaccr dans
le cornmandcmcnt le général Bonnct, et qui,
quoiquc blcssé Jui-meme, n'avail pas quitlé le
champ de bataillc, pcnsa qu'il fallait se tircr de
cctLcéchauffouréc, etne pas tout risqucr en vou–
lunts'opinialrcrdavantage. 11ordonna laretraite,
et la dirigca avcc une grande préscncc d'csprit
''ers le plateauque nous n'aurions pasdü quittcr.
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y
appcla la division Fcrcy, qui étail rcstée
derricre la division Foy, a !'extreme droite, et y
ramcna Ja division Sarrut, moins cngagéc que
les autres divisions du centre. Dcrricrcce solide
appui se ralliercnt succcssivcment les divisions
ThomiCrcs et Brenicr, compromiscs au loinvcrs
nolregauchc, et les divisions 1\laucuncetClauscl,
violcmmcnl engagées au centre. La division
BonncL, qui, placée au grand Arapile, avaitcou–
vert
le
pied du mamelon deeadavrcs ennemis, se
rcplia égalcment dans un ordre imposant. Les
Anglais cssayCrcnt alors degravir
a
lcur tour les
hautcurs sur lcsqucllcs nous vcnions de nous
rcplicr. Maistous lcurscfforts se bl'isercnt dcvaut
les divisions Sarrut et Fcrcy. Malhcurcusemcnt
le général Fcrey, commanclanl la 5° division, fut
b!cssé
a
mort. Ccpcnclant, les Anglais ayantccssé
d'insistcr, nos divisions défili:rcnt l'une apres
l'auLrc dcrrifrc les divisions Sarrut et Fercy,
passcrcnt ensuite dcrricrc la division Foy, qui
était rcstéc immobilc a Calvarossa de Ariba, et
rcviorcot par le chcmin qu'elles avaient.suivi Je
matin dans de bien autres íntcotions que celles
d'unebataillc,el dausJ'cspérance d'un bienautre
résultat. Toute la cavalerie anglaise se précipita
alors sur ladivision Foy, qui, n'ayant pas encore
combatlu, élait chargéc de couvrir la relraite.
Cetle division rccut en carré les masses de la
cavalerie anglaise: lcur tua bcaueoup de mo¡¡dc,
et se retira en bon ordrc. On regagna ainsi vcrs
la nuit les bords de la Tormcs, et on repassa
cette riviere saos elrepoursuivi.
Tclle fut ectte funcsteet involontait'ebataille,
dile de Salamanque ou des Arapiles, qui cut pour
l'armécanglaiscdesconséqucnces fort imprévucs,
carelleJui procura une victoireinespérée, au lieu
d'unc relraite inévitablc, el commen9a, commc
on va Jcvoir, Ja ruine de nosaffaircs enEspagnc.
Certes, c'était ici Je cas, sans nier le mérite de
lord Wcllington et les fauLes du maréchal Mar–
mont, de croirc aubonhcur, car le résultat était
bien disproportionné au mérite du capilaine
anglais et aux fautes du général fran9ais. Un
cngagemcnt inattendu, trois généraux en chef
blcssés l'un aprCs
l'autrc, une
confusion inoui'e
aprcs plusieurs jours de la marche la plus fcrme
ctla plushcureuse, étaienl-ceass'czdecoups ter–
ribles, et on peut dire immérités? Cclle bataille
étail bien la preuvc que l'effct moral des événc–
mcnts de guerre cst Ja plupart du temps fort
supéricur
i1
leut' effet matériel. Si de notre cólé
les généraux ThomiCrcs et Fcrcy avaicnt été
tués; si Je marécha.J Marmont , les généraux
Jlonnet, Clauscl, Maueune avaicnt été blessés,
de lcur cóté les Anglais avaicnt eu le général
le Marchant tué, le maréchal Bcrcsford , les
généraux Cole, Leith, Cotlon sérieuscment blcs–
sés. Nous avions cinq
a
six mille hommes hors
de combat,et les Anglais
a
pcu pres autant.Nous
aviaos,il cslvrai,abandonné en outrc neufpiCces
de canon, qui, dcscenducs des hauteurs daos la
plaine, et ayant pcrdu lcurs chevaux , n'avaient
pu ctreramenécs. Ladifférencc dans les résultals
matéricls n'était done pas considérable, mais les
situations étaient profonclément changées. Nous
n'avions plusaucunechance de forccr les Anglais
a
rclrograder; des lors il fallaitrétrograder nous–
mCmcs,
avec une arméc non
pas
abattuc, mais
profondémcnl irrilée de ses longs malheurs,
a
laquclle n'avaicnt serví ni son incomparable bra–
voure, ni sn résignation aux plus cruclles souf–
franccs, et qui tanlót par une cause, tanlót par
une autrc, et prcsquc toujours par ladivision des
généraux, avait élé conslamment sacrifiée. 11
fallait la ramener der1·icre le Douro, peut-ctre
méme au dela, si on voulait Jui rendre la con–
fiance,etla résolution de se dévouer de nouvcau
a
une guerrc que, dansson boa sens, ellejugeait
détestable,et
a
des chcfsqu'elleaccusaitde toutes