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41,.0

Ll1'11E QUA11ANTE-SIXIÉME.

imprévues, qui font souvent réussir des eombi–

naisons médiocrcs, ou échoucr des combinaisons

habiles? Ou bienn'est-ee pas plutót un ensemble

bien proportionné de qualités, qui, méme sans

des faeultés supérieurcs, inspire ces détermina–

tions simples et fortes qui sauvent les armées et

les empircs? Quoi qu'il en puisse étre, le maré–

chal Marmont dans sa carriere n'a point passé

pour hcurcux, et, chosc singuliCrc, il était con–

fiant, soit que le couragc suppléüt en lui

it

la

fortune, soit qu'il ignorat sa destinée, qui alors

ne s'était pas révélée tout entierc. Te! était le

généralde l'armée frnngaisc en ce moment, etsi

0

011

avait pu péoétrcr !'avenir, on aurait du ctre

profondément inquiet en le voyant devant un

générnl calme, solide, d'unc prudencc consom–

mée, et clont le bonheur, soit eap!'iec du sort,

soit talcnt, ne s'était jamais démenti.

Le maréelwl Marmont, abrité derriere le

Douro, devait-il y restcr immobile? Saos cloutc

il cut mieux fait cl'attenclre l'initiative ele son ad–

versoirc, ele lui disputer le passage du Douro

tant qu'il pourrait, puis de se replicr méthodi–

quement sur l'armée du Nord, qui aurait bien

fini, de gré ou de force, quand elle aurait vu

l'ennemi ehez elle, par se joindre i1 lui. Mais il

était jcunc, plcin de vanité, ignorait les vucs du

sort, avait une arméc d'unc bravoureéprouvéc,

sur laqucllc les Anglais n'avaicnt pris aucun

as–

ccn<lnnt, qui rcculnit

i1

contrc-coour, et il vcnnit

ele reeevoi1· eles nouvelles r¡ni réduisaient

it

rien

ses espéranees de secours. D'un cóté le général

Ca!Tarclli, aprcs lui avoir annoneé un rcnfo1·t de

dix mille hommcs , lui mandait maintcnant

l'apparition des flottes anglnises entre Saint–

Ander et Saint-Sébasticn, la probabilité d'un

prochain débarqucmc11t, et en définitive ne lui

parlait plus du rcnfort promis. Or, si on doit cs–

pérer avec réserve de celui qui promct,

it

plus

forte raison ne doit-on ricn cspércr de cclui r¡ui

ne promct pas, ou qui, apt•Cs avoil' promis, ne

jll'OlllCt plus. Au mcrnc instant, Joscph, lui écri–

vant

it

la date du 50 juin une lcttrc qui arriva le

12juillct au quarticr général de l'arméc de Por–

tugal, lui faisait part de ses c!Torts pour amcncr

les armées du Nord et de l'Andalousie

¡\

le sc–

courir, sans lui dissimulcr le pcu ele chance

qu)il

avaiL

d'y

réussir. Pour comblc de disgrflcc,

Joscpb, soit qu'il ne füt pas prct, soit qu'it n'cn

crl1L pns le momcnt vcnu, ne lui disait pas s'il

pourrait se privcr en sa favcur d'un détacherncnt

de l'arméc du Centre. Le rnaréclinl Marmont dc–

vait clone se considérct' eonunc tout ;\ fait aban-

donné. Cet'les si ce maréchal avait cru pouvoir

eompter sur dix

a

douze mille hommes de l'ar–

mée du Centre, il aurait incontcstablcmcnt at–

tendu ce secours avant de rien entreprendre,

car on aime mieux partagcr l'honneur d'une vic–

toire, que de s'cxposer

a

porter seul le poids non

partagé d'une défaitc. Quant

a

l'armée d'Anda–

¡ousie, r¡ui aurait pu venir

a

son aidc, et qui

l'aurait <lit, ne füt-ce qu'a tilre de rcconnais–

sance, il n'en attcndait absolurnent rien, et les

dcrnicres lcttres de Joscph ne faisaient que com–

plétcr une conviction qui était forméc chcz lui

depuis longtemps. Les foits ultéricurs pi·ouvcnt

qu'il ne se trompait point.

Réduit

a

ses sculcs forces, comparan! son

arméc avec cellc de lord Welliogton, qui n'était

pas supérieure en nombre en ne voulant tenir

compte que des Anglais, se rappclant que les

batailles gagnécs par ccux-ci ne l'avaient été que

parce qu'on avait cu le tort de les attaqucr dans

des positions ou lcur maniere de combattrc les

rendait invincibles, il pensa qu'avcc des troupes

fortcment aguerrics, il pourrait manreuvrer au–

tour d'cux sans se compromettrc, leur fairc

abandonner la lignc du Douro, et les rmncner i1

In

fronticrc du Portugal sans livrcr bataillc; que

pcut-Ctrc mcmc, tandis qu'on chercherait ,, se

placer sur lcur lignc de communication afin de

les contraindrc

a

rétrograder, on pourrait oc–

cuper l'une de ces positions dél'cnsivcs oú les

avantagcs qu'on leur avait toujours laissés sc–

raicnt ccttc fois de notrc eóté. Les

1

1

ran~ais,

qui

cscaladnicnt si bien des positions presquc inabor–

dables, commc cclles de Talavera et de Busaco,

scraicnt bien autremcut rcdoutables, si, au Jieu

d'nvoir

a

les emportCl', ils n'avaicnt qu'a les dé–

fcndre, et les Anglaisbien moins heurcux, si, au

licu cl'avoir

it

défcndrc ces positions, ils avaient

¡, les attaquer. Cettc fois on scrait prcsquc sur

de la victoirc.

11

n'y avait done pas de témérité

a

vouloir manmuvrcr autour

des Anglais, et le

cas cl'unc bonnc position cléfensivc se rcncon–

trant, de songcr

a

lcur disputci· le tcrraio. A

toutcs ces raisons d'agir s'en njoutait une dcr–

nicrc d'un grand poids. Les Espaguols de l'arméc

de Galice assiégeaicnt Astorga,

qui

n'avait ·µas

pour plus de quinze jours de ''ivrcs. Pouvait·on

s'éloigncr de l'arméc anglaisc pom· allcr ravi–

taillcr cctte place? Et si on ne le pouvait passans

dang:cr,

n'allnit-on

pas Ctrc

toumé

sur sa d1·oitc

par la perle cl'Astorga, et condamné des lors

;'1

une rclraite indélinic?

Telles furcnt les idécs

aVt'C

lcs<111cllcs le mal'é-