WASlllNGTON ET SALAMANQUE. -
JUIU,ET
1812.
44.5
ses infortuncs. Lo1·<l Wcllington, au contrairc,
était maitrc désol'mais de tcnir la cnmpagnc en
Castillc, et surlcs <lcrrii:rcsdcs
Fran~ais,
carnulle
partil n'y avait une force capablc de lui lcnir
tele. L'arméc de Porlugnl nllait elrc obli3éc ele
se rcplicr elcvnnt luijusqu'i1 ce qu'cllc rcncontrat
l'arméc elu Nord, c'csl-it-dircbicnloin; l'arméc elu
Centre était hcaucoup trop faible pour oscr l'ap–
prochcr; l'armécd'Andalousieétait horsdcporléc;
et il avait des lors le choix, ou de poursuivrc le
général Clausel, pourcssaycrdclc <létruirc, ou de
sejctcrsurMadrid ,pourycnlreren lriomphalcur.
'fclles élaicnl les cruellcs suites de la mauraise
volouté de ccux quin'araicnl passecouru
a
temps
l'arméc de Portugal, et ele l'imprudcnce de ccux
qui l'avaicnt cngagécdans uncbalaillc inutilc.
llcureuscment pom• celtc arméc, il lui arri–
vait, trop lar<l sans doute, mais utilemcnt cn–
core, un chef digne de la cornmandcr. Le géné–
ral Clauscl était jcunc, vigourcux de corps et
d'csprit, pcu ins'truit il cst vrai, et souvcnt né–
gligent, mais d'un imperturbable snng-froid,
tour
a
tour impétucux ou conlcnu, doué sur le
tcrrain d'un coup d'tcil supéricur, et moitié in–
souciancc, rnoitié vigucur
d'tunc,
supportant,
quoiquc n'ayant jamais commandé en chef, les
anxiétés du commandcment aussi bien que les
plus cxpérimcnlés capitaincs. Estimé des soldats
pour sa vaillancc, aimé d'eux pour sa bonhomic,
il était le scul qui pút en obtenir cncorc quclquc
soumission, et lcur foirc endurcr, sam; les ré–
volter, des cxemplcs de sévérité.
Ayant pris, toul blcssé qu'il était, et des mains
de deux généraux blcssés cux-mémes, le com–
mandemcnt en chef, l'ayant pris ou milieu d'unc
déroutc, il parut si pcu troublé, que le calme
rcntra daos les 1.imes, et l'ordrc avcc le calme.
Le 25 juillct,
iJ
réti·ograda sur le Do11ro le plus
rapidcmenl qu'il lui fut possiblc. Les Anglais
ayant tenté de le poursuivre avcc lcur cavalcric,
il les
rc~ut
en ca1·ré, et les malt1·aita. Par mal–
hcur, un carrédu G
0
légcr ne s'étant pas formé
a
tcmps, cssuya quclquc dommagc. Ce fut du reste
le seul accidcnt de ce gcnrc. Ilicntót onse lrouva
tlerriCrc le Douro, clébarrassé des Anglais, mais
nssailli d
1
uoc nuéc de guérillas,
qt~,
sans nous
íairc courir. aucun clangcr séricux, égorgcaicnt
ccpcndant nos ble sés, nos trainards, nos four–
ragcurs. Nos vivrcs étaicnt épuisés, les soldats
ay•nt consommé durant ces quelqucs jours de
nrnnrouvres les rcssourccs que le maréchal Mar–
mont lcur a\
1
ait ménagécs. lrrités pnr les cruautés
dont lcurs camaradcs étaicnt victimes sous lcurs
ycux, les soldats pillaicnt non-sculemcnt avec
avidité, mais avcc barbarie, se.souciant pcu de
détrnire un pa)'S inbospitalicr qu'ils ne pouvaient
pas gardcr, et qu'ils cspéraient ne plus re1•oir.
te général Clauscl cut la plus grande peine
a
réprimcr lcurs cxccs, et
a
plusicurs reprises
scntit l'autm•ité cxpircr dans ses mains. Ccpcn–
dant, gracc i1 lui, l'arméc ne ccssa pas de pré–
scntcr un ensemble que lord Wcllington, dans
sa louable p1·udcnce, ne voulut pas essaycr d'cn–
lamcr une nouvelle fois.
En ce morncnt arrivaicnt enfin une partic eles
sccour5 thnt
dcmandés,
si vaincmcnt
nttcndus,
et dont J1invraiscmblance, aprCs une trap longuc
attcnle, avait contribué
a
cntrainer le ma1·écLal
Marmont dnns des opérations téméraircs. Le
prcmicr jour de la retrailc, le général Clauscl
rcncontra un millicr d'hommcs que le général
Calfarclli avait lini par cnvoyer, et consistant en
dcux régimcnt.s de eavaleric et un détachcrncnt
d'artillerie attcléc. La dérision élait
~randc
en
vérité, el cút mérité une réprcssion
sé~Crc,
si le
général Ca!Ta1·clli n'avait eu pour excuse sa
bonnc foi, et le troublc que lui avait causé l'ap–
parition des flottcs anglaiscs sur les eótcs de
Biscayc.
Courngcux,
mais dépourvu de préscnce
d'csprit, il avail
Cl'U
a
un formidable déba1·quc–
mcnt, et, aulicudes dix mille hommcs promis, il
en avait cxpédié mi lle. Un aut1·e sccours, cclui-ci
décisif s'il 'fút arrivé
ii
tcmps, fut, non pas ren–
contré, maisaunoncé par une dépéche de Joscph,
au momcnt ou l'armée rcpassait le Douro. Ce
sccours était d'elll'iroo 15 rnillc hommcs, com–
prcnunt presquc In totalité de l'arméc du Centre,
queJoscph, en déscspoir decausc,.s'élait décidé
i1
conduirc lui-mcrne
a
Salamanquc, et qu'il
avait cncore mis plus de lcntcur
a
annonccr
qu'i1
amcncr.
11
était partí de Madrid le 21 juillct, et,
quoiquc lard, ce n'cút pas été trop lard, si trois
ou quatrcjours auparavant
il
cUt mandé ce mou–
vemcnt au maréchal Marmont. Malhcurcusemcnt
il n'avait écrit que le 21, jour de son départ de
Madrid, et il était bien impossiblc que le maré–
chal Marmont ftit avcrti le 22
o
Salamanque du
sccours c¡u'il allait rcccvoir. Prévcnu
it
tcmps,
ce mnréchal cUt ccrlainemcnt attcndu, cL,quoi–
<¡uc le nombre ne soit pus tinc rcssource assuréc
daos une balaillc aussi mal cngagéc que cclle de
Salamanquc, probablemcnt un te! rcnfort aurait
ou déterminé lord Wcllington 11
décampcr en
loute hatc, ou pro1oqué des combinaisoos dilTé–
rcntcs. En lout cas, il c1lt fallu bien du malheur
pour que 55 millc
Fran~ais,
tcls que ccux qui