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WASHINGTON ET SALAMANQUE. -

mm1B1rn

18·12.

449

drid, portéssur au moins dcux millc voitures, et

escortéspar l'arméedu Centre. lis formaient avec

cette armée une masse d'cnviron vingt-quatrc

mille individus, dont Ja moitiépourvus d'arrncs,

et bien peu pourvus de vivrcs. Joseph leur offrit

la sculc consulation qu'il ftlt en son.pouvoir de

lcur procurer, en se

pla~a1lt

au milicu. d'eux

pour partagcr lcurs infortunes. Parvcnu sur les

bords du Tagc, vcrs Aranjuez, il voulut savoir

si c'était toutc l'arméc anglo-portugaisc qui mar–

chait sur la capitale, ou si c'était un simpledéta–

chcment d'une ou dcux divisions, car, dans ce

dcrnicr cas, il aurait pu disputer la capitalc, ou

du moins ne pas s'en éloigncr bcaucoup, et at–

tcndre dans les cnvirons l'arrivéc de l'armée

d'Andalousic. Le généralTrcilhard, qui comman–

dait une cxccllcntc divisiondcdragons, futchargé

de reconnaitrc l'armécanglaise pour s'assurer de

la réalité des choscs. 11 le

fit

aux environs de

Madajahonda, sur les bords du torrcnt de Gua–

<larrama, avcc tant fi1-p1·opos et de l'igucur,

qu'il culbuta l'avant-gardc anglaisc, et lui cnlcva

1,00 hommesavec trois picccs de canon. Le rap–

port des officicrs anglais n'ayant permis aucun

cloute sur Ja préscncc de lord Wcllington et de

toutc son arméc aux portes de Madrid, on prit

enfin Je parti de se diriger par la routc d'Ocairn,

d'Alhacetectdc Chinchilla, sur Valcnce. On lais–

sait

a

Madrid encorc beaucoup de maladcs et de

blcssés. On les réunit au Retiro, fortifié dcpuis

longtcmps contrc les guérillas et Je peuplc de

Madrid, mais pas contrc lesattaqucs el'unearméc

réguliCrc, el on

y

pla9a une garnison de

dom~c

ccnts hommes sous le coloncl Laffond. C'étaicnt

douzc ccuts hommes sacl'Ífiés, car, par une né–

gligcncc de l'état-major de Joscph, on ne s'était

pas menic assurésiJcpuitsdu Retiro était pourvu

<l'eau. Pourtant cesdouzc ccnts hommesallaicnt

rcndrc un scrvicc important, cclui de sauvcr

quclques millc malades et blcssés du fer desgué–

rillas, pour les remcllrc

a

l'armée anglaisc, qui,

se cornportant commc

il

convicnt

3.

une nation

civiliséc, rcspcctait et faisait rcspectcr les hom–

mcs désarmés.

On quitta le Tagc vcrs le1

!)

aout par unecha·

lcur étouffantc, et avcc fort peu de ressourccs.

Ce l'Oyage dcvait ctrc, et ful des plus péniblcs.

Des cenL1incs de familics, quelques-uncs aisécs,

mais le plus grand nombre vivant

ii

Madrid de

lcursappointcmcuts, et derationsquancl l'argcnt

m:mquait, n'ayant plus ca routc ccltc ressourcc,

cncoml>raicnl les chcmins sur eles voiturcs mal

ullclécs, et chaquc soir

lcndnicnt

la nrnin aux

soldatspour obtcnir quclques restes de leur ma–

raudc. Partout on trouvail les habitants en fui te,

les grenicrs brulés ou vidés, et pcrsonnc pour

échangcr contre de !'argent un peu de pain ou

de viande. Au licu deshabit.ants on rencontrait

souvcnt d'atfreux guérilias, tuant sans pitié qui–

conquc s'éloignait de la colonne fugitive. Le

lendcmain, qu'on

fUt

fatigué, rnalade, moi.Jrant

de faim, il fallaitpartir du gite ou t'on avait passé

la nuit, si l'on ne voulait pas Ctre égorgé

a

la

vuc mcmcde l'arricre-garde. Voilacequi rcstait

de la royautéde Joseph, qu'ilavait paru si facile

de substitucr a ccllc de Charles IV, et qui avait

déja couté l'cnvoi de six cent millc

Frangr.is

en Espagnc, dont il survivait

á

peine trois cent

millc

1

Apres quclqucs jours de ccttc rctraitepénible,

bcaucoup de ces malhcurcux succombcrcnt. Un

ccrtain nombre, nepouvant plus suivrc, allercnt

se cachcr dansdesvillagcs, pour y implorcr une

pitié quesouvent ils n'obtinrcn't pas. Une pa1·tic

des troupes espagnolcs composant la gardc de

Joscph déscrta, et cnfin on arriva dcvant Chin–

chilla bcaucoup moins nombrcux qu'au départ.

Le fort de ce nom était occupé par l'cnncmi et

barrait le chcmin. 11 fallut se détourner 11

grand'pei~e,

et rcjoindrc la routc

;i

quclqucs

licuesplus loin.Aux confins de Valcncc, on rcn–

contra les avant-postcs du maréclrnl Suchet, et

ceux qui avaient cu Ja fo1·cc de continuer ce

difficilc voyagc curcnt

la

satisfaction de trouvcr

un pays tranquille, habité, riche et amical. Le

maréchal Suchct,

ú

qui cettc visite amenait ele

lourdcs churgcs,

re~ut

néanmoins avec un em–

prcssemcnt rcspcctueux le roi visitcur, et avcc

une sorte de fraternité la tribu fugitive dont ce

roi était suivi. Le marécbal pouvait s'cnorgueillir

de montrer

¡,

ses compatriotes un parcil échan–

tillon de la guer1·c bien faite, et de Ja conquctc

bien aclministréc. 11 introduisit le roi Joseph

<lans Valence, Jui ménagcaun accucil infinimcnt

meillcur que celui que ce princc avait jamais

l'C~U

a

Madrid, et prodigua

a

tout ce qui l'ac–

compagnait l'abondancc de ses magasins.

JI

avait

déja cnvoyé plus de 5 millions en numérairc

a

Madrid ; il paya en outre lasolde aux troupes de

l'arméc du Centre, babilla ccllcs qui en avaient

besoin, et fournit un gitc et des vivrcs

a

tousles

afrancesados. Ces dcrnicrs furcnt heurcux de

voir cnfin

a

Valcncc eles compalriotcs soumis

o

la

!'Oynulé nourcllc, car ils trouvaicnt chczcux, et

une excuse pour lcur attachemcnt

a

Joscph, et

des sympathics pour lcur miscrc. On élait entré