LIVRE QUARANTE-SIXIE!IE.
ments <¡u'on avait pu rccucillir, la vrnie raison
de ne pas croirc
a
une tcntnlivc contre l'Anda–
lousie, c'est que lord Wellington n'avait ricn
i1
y foirr., tandis que, par un scul succcs enCastille,
il prcnnit toutcs nos armécs
h
revc1·s.
I~c
mnré–
ehal Soult ne ful point de cel avis ; il resta pcr–
suadé que legénéral Hill avait
50
n1ille hommes,
que lord Wcllinglon allait \ni en amencr en–
core
40
mille, el que e'était lui, lui seul, qu'il
fallait sceourir. Sa réponse fut eonséquentc avee
ces idécs.
Quant au maréclrnl Suchcl, qui ne voulait
point enlrer enconflit avee l'aulorilé deMadrid,
auquel du reste on ne dcmandaiL rico qui púl
compromettre les provinccs dont il était gouver–
neur, il fit ce qu'on désirait de luí. 11 rapprocha
une division italicnnc du général llcillc, el fit
remplaccr a Cuenca les troupes de l'arrnée du
Centre, quoique ce füt pour lui un grave incon–
vénicnt de s'étendrc aussi loin.
Ccpcndant le dangcr dcvenail 11 chaque instanl
plus prcssant et plus visible, el il était impossible
de doulcr dn point que lord Wcllinglon allait
attaqucr. Joseph, toujours dirigé par le maré–
cha\ Jou1·dan, éerivit au général Cafrarclli, que,
bien qu'il se prétendit indépendant de l'élat–
major de Madrid, il ne dcvait ni oublicr ses dc–
voirs militaircs qui lui prcscrivnicnt d'allcr nu
sccours d'un camnradc en péril, ni ses instruc·
tions nnléricurcs qui Jui cnjoignaicnL cxprcssé·
mcnt de scco111•ir l'armée de Portugal contre les
Anglais; qu'cn toul cas on lui en fnisail un
dcvoir fo1·mcl, et qu'on lui donnait l'nvis posilif
que lord Wcllinglon marchait sur Salamanr1uc
etsur l'arméc de Portugal. Quant
i1
l'arméc d'An–
dalousie, Joscph songca un momcnt
u
prend1·c
nne résolut.ion r¡ui aurail sauvé l'Espagnc, et
avee l'Espagne l'Empire pcut-élre.
11
songca :\
ordonnc1· l'évacuation de l'Andalousie, provincc
donl l'occupalion ne procurait pas de grands
avantngcs, el qui absorbait
90
millc hommcs,
dont. GO mil\e comballants, su01sanls pour acea–
blcr les Anglais. Alin d'ctrc obéi dans une tclle
délel'll1ination, il au1·ait fa\lu deslituc.r de son
commandement le nrnréclwl So11ll , qui se serail
peul-clre 1·efusé
i•
l'évacuation, ou qui clu moins
l'aurail opfrée lrop tard po11r ct1•e ul,ile al'armée
de Portugal. Mais l'abandon d'une vasle pro–
vincc, un mouvcmcnL rétrograclc trCs-1wononcé,
la destituliond'un mnréclJU\ i\lustre, étaicnt des
1·ésolulions que Joseph avait assez d'csprit pour
conccvoir, et pas nsscz de cnraclCJ'C ponr cxécu–
tc1'. Adéfaut de ces 1·éso\utions, voici ce qu'il
prescrivil. Le maréchal Soult foisait entrevoir
sa démission, des qu'on lui donnail des ordrcs
qui lui déplaisaient. Joseph lui envoya un 001-
cicr deconfiancc, militaire de beaucoup d'esprit,
le coloncl Desprez, avec mission de bien ohscr–
vcr tout ce qui se passait
a
l'arméc d'Andalousic,
de monlrer au maréchalson crreur relativemenl
au projct des Anglais, de lui faire comprendre
que c'étail vc1·s Salamanque el non \'Crs Séville
que marchait lord Wcllington, de lui rcnou1•e–
lrr enconséquence l'ordre impératif
ele
porter le
général Drouet d'Erlon sur le Tage, saos atlen–
drc ce que fcrnit le général Hill, de lui déelnrer
en out1·c qu'a la moindre mcnace de démission,
celte démission scrail imméclialcmenl accepléc.
En mCmc tcmps, il adrcssa au ministre de la
guerrc Clarke les dépcchcs les plus détail!écs,
pour
lui signalcr
tous
les dangcrs,
nous dirions
lrsridicules, si le sujct n'avait été sigrave,
de ccllc
situntion
d'un
roi
générnl
en
chef,
désobéi de tous ses généraux, et ne pouvant les
arncncr ni nu nom du dcvoir, ni au nom de lcur
intérCt bien cntcndu, ni au nom
enfin
d'unc au–
lorilé qu'ils méconnnissnicnt,
(1
sccourir cclui
d'cnlrc cux qni était dnns le péril le plus alar–
manl.
En allendnnt l'cffet de ces diverses démarchcs,
Joseph envoya un premicr sccours
~ll
maréchal
Mnrmonl. Depuis que ce marécl1al, par ordrc de
l'Empcrcur, avail quitté lavallée du Tage, pour
aller s'étaL!ir clans la valléc du Douro, i\ avait
laissé !'une de sesdivisions, cclledu générnl Foy,
sur le Tage, au ponl d'Almarnz. !.e maréehol
Mnrmont
en
nvnit ::igi ninsi
parce
qu'nvcc r::iison
il allaehail une gmncle importunce 1 ce pont, et
nux nomhrcux ouvragcs dont il
Pavnit
cntonré.
Nos forces actives dcslinées
il
s'opposer aux An–
glnis, étant par unedisposition vicicusc divisécs
en
dcux
pnrts, une en Andalousie,
l'nut.1·e
en
Castille, on ne pouvait parer Ucct
inconvénient
que pnr une grande facilité de communications,
afin de courir promptcmcnt de l'unc ¡ l'autre,
ainsi que le maréchnl Mnrmonl l'avait foil aprcs
la bataille pcrdue de \'A\bucra. Le Tagc étanl le
principal obstaele
it
franehi1·, le maréchal Mar–
mont
y
nvnit conslruit
un pont, des
ouvrngcs
fol'tifiés, el des
magasins.Cequisepnssail devanl.
nous ótail cl"aillcurs une
lc~on
frappanlc, donl il
eüt élé imparclonnaL\e de ne pas profiler. On
voyail. en effct du cóté des Anglais une sculc
nl'méc,
11n scul générnl, se portnnt altcrnativc–
mcnL du nord au midi, ay:mt
po111·
le fairc une
routc Jarge, bien e11t1·clcnur., jnlonnée de ponts