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WASHINGTON ET SALAMANQUE. -

M.11

·1812.

455

cherait sur Salamanque. Le comte d'Erlon, rcn–

f'orcé tant qu'on l'aurait voulu, mais

il

la condi–

tion de rester devant le général Hill, qui nedevait

pas changer de position, aurait laissé périr sans

secours le maréchal Marmont. Du reste,

a

Ja

guerre, c'est déja quclque chose que d'cntrevoir

seulement les desseins de l'ennemi : les deviner

complétement et sur-le·champ n'cstque le proprc

desgénies supérieurs. Or, le maréchal Jourclan,

esprit stir nrnis lent, avait bcsoin de temps pour

s'éclairer. Transporté sur les lieux, il :iurait sans

doute bicntót discerné la vérité; mais malade,

dégouté, allaché ¡, un roi qui, quoique hrave,

n'aimait pas

á

quitter Madrid, il était resté au

pala is, et, jugcant de lo in, n'avait jugé qu'il pcu

pres du véritable étnt <les choses. Au surplus, il

ful bientót détrompé, et pour le premicr moment

d'ailleurs les ordres donnés étaicnt suffisants,

car ils cnjoignaicnt

a

chacun de ccuxqui dcvaicnt

concourir

a

la lutte prochaine de s'y préparn-.

Quant au maréchal Suchet, qui était tropéloigné

et trop dépourvu de troupes pour envoycr des

seeonrs, on lui preserivit <le rcndrc

a

la cause

eommunc un genrc de scrvicequi ne devait de sa

part souffrir aucune difficulté, c'était de rappro–

cher davantage les forces du général Rcille de la

Nava1·re, pour qu'il fut plus focile 1 l'armée du

Nord de fournir le détachement qu'on lui avait

demandé, et de relever i1Cuenca les troupes de

l'armée du Centre, pour que cellc-ciflit pluscon–

centrée et plus disponible.

On peut aisément se figurer comment furent

accueillis les ordres de Josepb, donnés a1'cc fcr–

meté, mais sans cet accent dominateur qui n'ap–

partenait qu'a Napoléon. Le général Caffarelli,

qui commandait l'armée du Norcl, était prohe,

dévoué, brave comme tous les Caffa1·elli, mai;

douccment cnlClé, timide, nonpasde creur mais

d'esprit, el fort inféricur en intelligence

¡\

l'il–

lustre officier 1 jambe de bois qui avait foil la

fortune de cetle famille distinguéc. Sur les

l,G

mi lle hommcsque comprenait son arméc, elleen

avait pcrdu pres de10 mille pai· les dil'crsdéta–

ehcments envoyés

ii

l'armée de flussie; de plus,

les infatigables courem·s des provinccs basqucs

lui inspiraicnt de continuellcs inquiétudcs pour

les postes de l'intéricur et pour ceux clu littoml.

Persistan! comme legénéra!Dorscnne

ii

se eroirc

indépcndant du général en chef, il ne rcfusa pas

préeisémcnt d'aidcr le maréchal Marmont, mais

il ne dit ni quaocl, ni comment, ni en quel

nombre, il l'Ícndrait au secoursde ce maréchal,

et ne fit que des promcsses, dout avee quelque

prévoyance on devait se défier, bien qu'elles fus–

scnt sincCrcs.

Ion Andalousie, l'accueil aux ordres de Joseph

fut encore moins satisfaisant. Le maréchal Soult,

dcpuis qu'il était rassuré sur les conséqucnces

de sa campagne d'Oporto, avait toujours espéré

qu'il devicndrait le rnajor généralduroi Joseph.

Masséna ayant échoué en Portugal, Marmont

n'ayant pas la situalion nécessaire pour un te!

ró!e, et Napoléons'étant desa personne cnfoncé

en Hussie, le maréchal Sonlt avait cru que ses

espérapces allaient cnfin se réaliser. Mais Napo–

léon. pcusalisfait desopéral.ions dcl'Andalousie,

ne voulant pas d'aillcurs imposer ¡, son frcre un

major général qui lui déplaisait, avait choisi le

maréchalJourdan, qui n'avait accepté la quali:é

de nwjor général que par amitié pour le roi

Joscph. Le mécontentement du marécbal Soull

avait été extréme, et dans celle disposition on

n'al'ait pas grande chance d'ctre écouté en lui

demandan! de sccourir l'armée de Portugal,

a1•ec laquclle il n'avait ccssé d'étre en querelle.

De plus, il jugeait tout autremcnt que l'état–

major de Madrid les projcts de lord Wellinglon,

et croyait qu'au licu de songer ;, la Castille,

celui-ci était exclusivemcnt oecupé de ]'Anda·

lousie. 11 répondit par conséquent

a

Joseph, que

!'armée de Portugal allait cncore tout perdre,

11u'elle et son général se trompaient, que lord

Wellington nese préparait point ¡, marcher sur

Salamanque et sm· le maréchal Marmont, que

c'était

a

l'Andalousieseulequ'il en voulait, que

e'était done

a

lui, maréchal Soult, qu'il fallait

venir en aide, car le général Hill n'ét:iít que

la

téte de la grande nrmée britanniquc , prcte

a

se porter tout enticre sur Sé1,illc pour déli–

l'rcr Cadix ; que le langage tcnu

a

Cadix pa1·

les journaux de l'insurrection ne pcrmettait au–

cune incertitude 1 cct égard; que sans doule il

fallait rcnforccr le comte d'Erlon, mais pour sc–

courir l'armée d'Andalousie, et non pas cellede

Portugal, qui n'était point menacée.

C'était en vérité préter

ú

lord Wellington

d'étranges pensécs, que de lui supposcr pour

raison d'agir en Andalousie le clésir de sauver

Cadix, qui n'était pas en danger; e'était aussi

s'cn rapportcr

a

rle singuliers indices pour juger

les projets de l'ennemi, que d'ajoulcr foi aux

journaux de l'insu1·rcclion espagnole. Ce que

l'enncmi cut le moins fait assurémcnt, e'eút été

de publier ses résolutions,et,des qu'illrsannon–

~ait

ouvcrtemcnt, il ne fallait pas s'y arrt\ter.

Mais indépendammcnt de tous les renseigne-