WASHINGTON ET SALAMANQUE. -
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1812.
des scrviccs d'al'gcnt, élail daos l'impossibilitéde
lui en rcndrc aucun aull'C: et pourtant ce n'élait
que des seeours que ces diverses armées se se–
raicnt pl'clés les unes aux autres, surtout cclles
du Nord et d'Andalousic
a
l'orméc de Po1·tugal,
qu'on aurail pu attendrc le salut de nos afTaircs
en Espagnc
!
Lernaréchal Jourdan, qui joignait
a
un jugcmcnt sur une pl'ofondc cxpéricnce du
commandcment, et auqucl il ne manquait, poul'
olrcvraimcnt ulile, que de la jeunesse eldu gotit
ii
servir sous un ordre de choses qui lui était an–
tipathiquc, sentait bien le vice de cetlc situaLiun
et le
fit
sentir
u
Joseph , auc¡ucl
il
présenta un
rapport complct et frappanl. Muis que fairc?
Écrirclt Paris pour rcccvoir,aprCs dcux mois, du
due de Fcltre (M. Clarkc), minisl!'e laboricux
maisévasif, une réponsc aussi longur. c¡u'insigni–
fianlc, élail l'uniquc ressource
a
cspércl', surloul
Napoléoo étanl parli,el n'ayant pas plus le moyen
que la volontc de s'occupcr en ce momcut des
afTaires d'Espague. Néanmoins le maréehal Joul'–
dan adressa au ministre de la gucrre le rapport
circonstanciéde la situation qu'il arait déja
!JI'·-
senté
a
Joscph, alin de réduirc
i1
ce qui était
juste la respoosabilité de l'état-major de Madrid,
et cnsuitc s'altacha
a
devincr, et
a
íairc
co1u~
prendre
a
lOUSd'oti a!Jait l'enir Je dangcl',
D'enncmi redoutablc, il n'y en avait qu'un,
c'était J'arméc anglaisc. Lord Wclli1¡gto11 ayanl
prisCiudad-llodl'igo en janvicr,Badajoz en mars,
ayanL cmployé avril et mai
a
faire reposcr ses
ti·oupcs, devait agir en juin. N'ayant plus de
places
a
eonqué!'il', il fallaiL qu'il cnlrcpl'iL une
marche ofTcnsivc.
Ou
sedirigel'ait-il ? S'avance–
rait-il par Badajozen Andalousie, ou¡rnr Ciudad–
Rodl'igo en Vicillc-Castillc? 'fellc étaiL la r¡ucs–
tion, el clic élait fucile
ii
résoudre, d'aprés les
indices qu'un avait rccucillis, surtout pour un
hommc qui avait autanL ele discerncrncnL r1uc le
maréchal Jourdan.
En cfTcl, Badajoz p1·is, lord Wcllinglon s'étail
reporté au nord d11 Portugal avcc la massc de
ses ll'oupcs, et s'était placé
a
Fucnte-Guinaldo,
lt
<¡uelqucs licues d'A.)méida et de Ciudad-llodl'igo,
mcna~ant
ainsi la Vicillc-Caslillc, cLJ'arméc de
Pol'tugal,qui était chargée dedéfendrcectlc pro–
vincc. En admcltanl toujours la possibilité d'unc
fcinte, il clait ccpcndant évidcnt qu'il o'auraiL
pas transporté loutc son arméc du midi 011 nonl,
pour la faire rcdcsecndrc du nord au midi un
mois plus lard. Les feintes ne vont pas jusq11'it
ép11iscr des soldats ele fatigue, sous 1111 cli111at
dévoranl, pour inspirer <1uclr¡11cs do11tcs
a
]'en-
ncmi. Ce qui élail une fcintc évidcmment, c'élait
la préscncc it Badajoz d11 gé114ral
Hill
avec quel–
ques troupes anglaiscs et port11gaises, dont on
s'efTol'gait de grossir l'apparcnce pour faire illu–
sion, et accréditcr lasuppositiond'uneentreprisc
eonlre l'Andalousie. Outre la préscnce de lord
Wellington
a
Fucnle-Guinaldo, il y avait de son
projet beaucoup d'indices sccondaircs trcs-írap–
panls, tcls que des mouvcments de troupes dans
le llcira, Tras-os-Montes, Léon, d'immcnses ma–
gasins1 la Corogne, el de oombrcuxéquipages
de mulctsdans laGalice. Cespréparatifs dctoutes
sorles indiquaicnt,de maniere
a
n'cn pouvoirdou–
ter, des projcts contrc laVicillc-Castillc. Indépcn–
dammenl de ces raisons de détail, il yavail cnfin
uneraisongénérale, qui devail ctre décisive pour
quiconque réfléchissait, c'est qu'cnse portan! au
nord, lord Wcllington s'cmparail en une marche
ele nos eommunicalions, et, comme nous J'avons
dil, faisait avec un seul sucecs tombe1·tout nolre
étahlisscmcnl militaireen Espagnc, tandis qu'en
se porlanl au midi,
¡¡
n'arrivait
a
d'aulre résul–
tat que d'inr¡uiétel' l'armée d'Andalousic, de
l'obligcr peut·élrc 11 abandonncr la comédie du
siége de Caclix, muis rien au dela, toutes choses
d'ailleurs qu'il obtenait beaucoup plus surement
en
opé~ant
par le nord, car il nous faudrait bien
évaeuer l'Andalousie, la Manche, et peul-élre
Madrid, Jorsqucoousse!'ionsmenacés en Caslillc.
La canlp"agnc du général Moorc, qui, mCmc avec
Napoléon SU!' les bras, avail coutésipeu aux An–
glais, et avait failli leur procurer de si grands
avantagcs, était une
lc~on
it
ne jamais oublicr.
Aussi le maréchal Jourdan avcc son cxpé–
ricncc, Joscph avcc son esprit juste, ne s'y
tro111pcreobils poiuL, el ne conscl'\'erent-ils pas
le moindre doutc 1 cct égard. En tout cas, le
nH11·échal Marrnoul, que le dangcr louchait de
pres et rendaiL attcnlif, oc lcur cu aurait laissé
aucun.
11
se bata, des les prcmiers joursde mai,
ele lcur annoncer que les Anglais venaient
a
lui,
de commenccr co méme temps ses préparatifs
de concentralion, et ele dcmandcr des SCCOUl'S
a
g1·a11ds cris. Joscph et le rnaréchal Jourdan
vi–
rcnt sur-]e-cbarup CC qu'iJ y avail
a
faire, Cl le
vircnL avcc une sU1·cté
de
jugcment qui était nn–
lurclle de laparLdu maréchal Jourdan, vouéde–
puis sa jcuncssc
a
laearricre mililairc, mais fort
méritoire de la parl de Joscph, étranger
a
Ja
profcssion des armes. Si en ce momcnl lcur au–
lorilé
a
tous dcux eúl été respectée, ricn n'ctit
été plus facile que ele rcudrc vainc la tentativc
de lord Wcllington, el d'en tircr mémc l'ocea-