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LIVRE QUARANTE-SIXIEME.
ioconciliablcavcc Lout ce qu'on pourrail lui pres- néc précédcntc malgré les dislanccs; mais pou-
crit·c de Madrid.
vail·on raisonnablcment attendre quelqucassis-
tc reste de la Vicillc- Castillc, le royaume de lance pour le maréehal Marmont du maréchal
Léou, la province de Salamanque, jusqu'au bord Soult, qui n'avait jamais voulu rendre aucun
clu Tage,étaicotoccupés par l'armécde Porlugal. serviecili'arméedePorlugal;dugénéra!Dorsennc,
La tache de celle armée était fort étendue, puis- qui, se glorifiant deson róle spécial, se rcgardait
qu'cllc devait se baUrc au bcsoin dcpuis Astorga eommc souverain du nord de l'Espagnc, et de
jusqu'uBadajoz, sur une ligoe de cent cinc¡uantc l'infortuné Joseph, roí nominal de l'Espagnc en-
lieucs au moins. Du rólc d'arméc de Portugal il
ticrc, qui avait
a
peine de quoi gardcr Madrid et
ne luí restait que le titrc, car elle n'uvait plus la
ses cnvirons? 11 ne fallait pas s'en flattcr, et cc-
prétcnl.ion d'cntrcr clansccroyaumc, et clicavait pendant ce mémc maréclrnl Marmont, qui rnoins
pour objct unique de ten ir tétc aux Anglais, qu'aucun
aul.rcavait chance d'Ctrc scCouru, était
surlout si, en se portan! au nord, ils essayaicnt justemcnt cclui qui en avait le plus besoin, car
de se jcter dans la Vicillc-Castille, el de menacer il était él'ident que lord Wcllington, maitrc dé-
notre lignc de communication, commc avait fait sormais de Ciudad-Rodrigo et de Badajoz, véri-
jadis le géné1·al Moorc, commc lord Wcllington tables portes du Portugalsur l'Espagnc, passcrait
pouvait élrc tenté de
Je
fairc encorc. Pour cecas, par la prcmiere et non par la scconde, car la
le maréclwl lt!armont, qui comrnandail cctte ar- scconde leconduisait en Andalousie, ou il n'avait
méc, avait missiou de s'opposcrrésolllmcnt
a
la rien d'utile
a
foire, oU il
y
avait mCme dangcr
;\
marchedes Anglais. Le général Dorsennc luí de- s'cnfonccr, tandis que la prcmicre le conduisait
vait des sccours, Joscph lui en elcvait de son coté en Castille, d'ou
il
prcnait nos armées
a
rcvcrs,
en faisant partir de Madrid une portion ele l'ar- et pouvait arracher d'un scul coup l'Espagnc de
méc du Centre, et le maréehal Soult, rcmontant nos mains. Lord Wcllington, saos montrer ces
d'Andalousic en Estramadure, avait orelrc de luí vucs vastcs, profondes, hardies, qui constituent
cnvoycr par le pont d'Almaraz quinze ou viugt le génie, avait montré un jugcmcnt si saín, si
mille hommcs de renforL. Si, au contraire, lord forme, qu'on ne dcvait gui:rc doutcr de la routc
Wcllington se portait par le Tagc su1· Madrid, qu'il adopterait, et Napoléon par loutcs ses in-
commc il l'avait eléj1 cssayé lors de la bataillcde slructions prouvait qu'il l'avait lui-mémc parfai-
Talavcra, le maréchal lt!armont devail franchir tcment deviné. Or, pour fairc facc 11
l'arméc
le Guadarrama, dcsccndrc par Avila sur le Tagc, britannique, portéc cettc annéc u
1,0
mille An-
ct couvrir Madrid. Si enfin lord Wcllington me- glais préscnts audrapeau, et u 20 mi llePortugais
na~ait
de nouvcau la bassc Estrarnadurc, ce qui dcvcnus bons soldats, c'cst.a·dire
a
60 mi llecom-
s'était vu lors du prcmicr et du sccond siégc ele battants, le maréchal lt!arrnont avait 52 millc
Badajoz, le ma1·échal Marmont dcvait passcr le hommcs cnviron, de la prcrnicrc qualité il cst
Tagc au pont d'Almaraz, et se rnontrcr jusqu'ii
v1•ai,
commandés par d'cxccHcnts divisionnaircs,
Badajoz mcme, trajet immcnsc de plus de cent tcls que les généranx Bonnct,Foy, Clauscl, Tau-
licucs, que ce maréclial avaitcxécuté l'annéc pré- pin, mais elispcrsés sur une vastc étcndue de
cédcntc pour allcr au sccom·s du maréchal Soult. pays. Napoléon, toujours occupé des provinccs
Croyant pcu
u
cclle dcrniercsupposition,et crai- du Nord, avail voulu que le maréchal Marmont
gnantsurtout pour nos communications dans un rcnvoyñt le généJoal Bonnct dans les Asturics, et
momcnt ou il allait s'éloigncr du centre de son c¡uc cclui-ci rcpassat les montagncs pour s'établir
cmpire, Napoléon avail ramcné la résidcncc
a
Oviédo, ce qui cnlcvait tout de suite
a
l'arméc
ordinai1·c du maréchal Marmont du Tagc sur
le
de Portugal 7 millc soldat.set le géoéral Bonncl.
Douro, dcPlascnciasur Salamanquc, ce qui avail llcslaicnt
!;o
mille hommcs. 11 en fallait 1,500
u
rendu si fucile
a
lord Wcllington de s'cmparcr Astorga, 500
a
Zamora, 500 i1Léon, ·1,000
a
Val-
dc lladajoz. Napoléon pcnsait avec raison que la ladolid, ·1,000
a
Salamanquc, I ,500 répartis cn-
súrcté de notrc établisscmcnt enEspagnc dépcn- tredc moindrcspostes, tclsque Bcnavcntc, Toro,
dait uniquemcnl du zclc que les généraux ci- Palencia, Avila, etc... , 2,000 au moins sui· lcs
dcssus mcntionués mcttruicnt i1 se portcr au routcs, ce qui réduisait le maréchal Marmont
u
sccours les uns des autrcs, et le lcur avait fort 57 millc com!Jattants tout au plus, en supposant
rccommandé. On ne pouvait pas úoutcr du zi:lc qu'il püt réunir assez tót les divisions qui étaicnt
que lcmaréchalMarrnont mcU.rait
1i
venir cu aidc i1Valladolid avcc cclles <¡ui étaient sur leTagc.
au maréchal Soult, puisqu'il l'avait déj1 fait l'an- Ce n'étaitplus assczpourrésistcr il60 millcAnglo-