WASHINGTON ET SALAMANQUE. -
MAi
1812
421
rnent
a
eelle puissnnte Cité de Londi·cs, qui
a•·nil toujours formé la clientcle de l'illustrr.
ministre anglais. Quant
a
ce qui rcgardaiL spé–
cialcmcnt l'Amérique, ils
dé~iraicnt
un ordrc
de cboses régulier, soutcnaicnt volonticrs Je
gouvernemenl fédérnl, et désiroient se maintc–
nir enpaix nvcc toutcs les puissanccs. La Frunce
ole Louis XVI lcur eonvenait
¡,
peine, cellr tic
la Convention pas du toul, et eclle de N.1po!éon
fort peu, lis déplo1·aicnt les rigucurs de l'An·
glclcrrc cnvcrs lcur commcrcc; urnis ils ai–
mnicnt micux les souffrir que de se mclt1·c en
gucrrc avcc elle, et surtout n'araicnt aucune
confiancc dans le gouvcrncmcut de
fü1poléon,
c¡u'ils trouvaicut
ii
la fois révolulionnr!ire, clcs–
potique, nmbitieux et perturbnleu1· au plus
lrnut point.
Les démocratcs ou répuhlicains
1
commc on
les appelail
a
eelle époque VOisiue c11eorc de la
proclamatio11 de la rép11bliquc,étaicnt par leH1·s
inlérCls et
lcursopinionscxnctcmentlc
contrairc
desfédéralistes, Colonsde l'inté1·ieur pour la plu–
part, répandus dans la Virginie, fu Cnroline,
J"Ohio, Je Kenlucky, lerritoires riches en co·
tons, en tabacs, en sueres, en céréalcs, en bois
de toute cspcee, ils avaicntintérct i1 commerccr
avce la Frunce, qui avait grand bcsoin des pro–
duits de Jcur agriculture. Ayanl les gouts de
nos colons des Antillcs plutót que eeux des né–
gocin11ts anglais, ils préffraie11l nos produils
a
ccux
de
l'Angletcrre,
et
cnfin, avcc
les mccurs
des plnntcurs ils en araient les opinions, el
étaicnt porlés aux idécs i111modérémc11l libé··
rules, Ardents autrefois i1 provoqucr fa révoltc
conlre l'Angletel'l'e, ardents
ii
désircr, i1 pou1'–
suivre l'indépcndunee de l'Amérique, ilsavaienl,
¡,
la différence des fédéralistes, continué
¡,
ha'i1•
l'Anglctcrrc
mCmc
aprCs en
avoi1·
triomphé,
el
voulnienl aehever J'rouvre de lcur indépcndancc
en s'nrTrnnchissant du commcrcc, des usagcs, de
l'nlliancc de l'ancienne métropole. Nalurelle-
111cnt ils po1·taient
a
la Fronce la bienveillanee
i¡u"ils refusnient i1la Grande-Bretagne, lui eon–
SCl'\'nÍcnt une vive rcconnaissancc des scrviccs
qu'ils en
nvaicnl
rc9us, luí pnrdonnaicnt aisé–
mcnt ses cxcCs révolutiounaires,
élé moins ré••oltés que les fédéralisles, et, quoi–
q11'l'lle fúl tombéc sous un despolisme passager,
roynicnt
toujours
en
clic la nation
:ictil'C,
cn–
lrcpronnnte, dcstinéc en toul temps
¡,
préeipiter
les mouycments Je !'esprit bumain, 11Tilés au
plus hnut point des oulrngcs foits i1 leur pavil–
lon, ils élaient impntients de les Yenger; amhi-
COl'ISUt.o.r. 4.
tieux, ils tenaienl
a
conquérir le Canada, pous–
saient par ces rnotifs
a
la guerre avee I'An–
gleterrc, et formaienl des vroux pour que Ja
France, en ouvrnnt Jargement ses ports
:1
leur
cornmercc,
re~ut
lcurs produils agricoles du Sud
et de iiüucst, et fournit
ainsi
des arguments
o
lcur polémique véhémenle et passionnéc.
Des
que des nouvclles arri1•ées d'Europe ap–
portaicnt la eonnaissance de quelques cxccs
commis par les Anglais, les démocralcs lriom–
phaient,et lorsqueau contraircon apprenail que
les
Fi'nn~ais
avaient arreté encore quelque buti–
ment amfrieain , les fédéralistes disaient qu'i1
clre justes il faudrail déclarer la guerrc aux
deux puissanccs, et que., ne pouvanl sans folie
la faire
n
toutes deux,
il
fallait ne la faire
:'1
au–
eune. Les démocrates répliquaienl qu'il n'y
avait que des gens sans honneur, sans patrio–
tisme, qui pussenl souITrir la
presse
de leurs
matelots, la violation de lcur pnvillon; qu'an·
eiens eolons de l'Angletcrre, les fédéralistes rou–
laient le redevenir ;et les fédéralistes oinsi inju ·
riés, répondaient aux démocrales qu'ils étaient
des brouillons asservis
a
l'iníluenee franeaise.
Le chef du pom•oir exéeulif en ce rn'oment,
étail M. Uaddisson, ami et disciplc de Jefferson,
démocrate rnodéré, inslruil, clairvoyant, rompu
aux affaires, el lrouvanl dans ses Jumiercs per–
sonnclles un eorrcetif aux opinions trop vires
de son parti. Convaincu de bonoe foi que l'Arné–
rique avait bien plus d'intérét
a
s'allicr avec la
Frunce qu"avee l'Angleterre; que, toutenvoulant
resteren paix, afin de recueillirlcs immcnsespro–
fitsde la ncutralité,
il
fallail au moins faire res–
peeter les droits de cetle neutrnlité, il regardail
une gucrrc avcc l'Anglctcrrc commc
tÓL
ou tard
inévitable; mais il voulail
y
clre forcé par l'opi–
nion,
y
Ctrc secondé par la France, et
rccc\'Oir
de ccllc·ci
1
cn a.vantages commcrcinux leprix du
courage qu'on rnetlrail a défendre la cause du
droit
maritimc.
Sagc, mais aimant le pouvoir, il
avait une ambition, la seule jusqu"ici eonnuc
ehcz les présidents de l' nion, eelle d'obtcnir
une seeonde éleetion, d'éteudre ainsi de quatre
i1huit années la durée de Jr,ur présidence, ce
qui avail déja été la récompcnse et la gloire de
Washington et de Jefferson, le lerme de leurs
modestcs el palrioliques désirs. i\lais, s'il avait
dcvanl les ycux l'exemple de ces deux hommcs
illuslres,
il
avait aussi eclui de M. John Adams,
qui, nyant vouluen 1798 provoqucr une gucrre
avec Ja
l~rance,
avait manqué sn réélcclion, et
\'U
lcrmincr sa
gcstion nprCs quatre anuécs.
28