\\'ASfllNGTON ET S.11..IMANQUE.
1111 1812.
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D'abord il ne voulut pas rcstiluer les fameuscs
cargaisons arnéricaincs capturées en Hollandc,
parce qu'clles avaicnt une grande valcur, et
qu'cllcs appartenaient d'oillcurs a cettc classe
d'Amérieains qui s'élaicnt fails les eomploisants
du eommcrcc brilanniquc, et pour lcsqucls il
avait plus d'aversion que pour les Anglais eux–
mcmcs. JI donnait :\ l'appuide cettcrigncurdcux
bonncs raisons :prcmierement, que les proprié–
taircs de ces curgaisons, se trouvant en Europc
contraircmcnt a ]'acle de
non-intercourse,
y
étaicnt en violation des lois de leur pays, et dc–
vaicnt des lors ctrc considérés eomme dénatio–
nalisés: sccondcmcnt, qu'11la méme époquc on
avait arrcté en Amériquc des batiments frangais,
pour violation de l'actc de
non-interco11rse,
et
que l'orrcstnlion des Frangais autorisait natu–
rcllcment ecllc des Amél'ieains. A la vérité, les
Francais saisis étaicnt au nombre de trois ou
quati.'c, et lesAméricains au nombre de plusicurs
ccnlaincs. illais, en fait d'honncur, disait Napo–
léon, on ne compli1it pas, et mille Amérieains
capturés ne compcnsaicnt pasa sesyeux un scul
Fran~ais
nrnltraité dans les ports de l'Union.
Toutcfois il avait consentí
il
rcstilucr les qucl–
ques Américains saisis dcpuis la déclaration du
1"
novcmbrc 181O, c'cst-a-dire dcpuis l'olfrc
faite
a
l'Amérique de révoqucr les décrcls de
Jlcrliu et eleMilan, si clicacccptait les conditions
mises
a
ecttc révocation.
Quant au droiL des ncutres, Napoléon, en Je
rétal>lissant au profit des Américains, avait laissé
subsistcr divcrscs cxecptions. 11 renongait eom–
plétcmcnt
a
la faculté de rechcrehcr la propriété
cnncmic sous le pavillon ncutrc, et admcllait
que, le pavillon couvrant la marchandisc, le neu–
trc pouvait porlcr ce qu'il voulait en tous licux.
JI
rcnoncait
a
rcehcrchcr si un batimcnt améri–
coin avaÍt touché
a
J,ondrcs ou
ii
~Jaltc;
il rcnon–
gHit ég"lcmcnt :'1 tous les blocus fictifs; rnais il
prétcndaiL cncorc saisir un Américain qui scrait
trouvésous
COfl\'OÍ
anglais, commcdcvcnucnncmi
par ecllc association; il prétcndait en outre, les
Aoglaispersistant
a
bloqucr lcsrivagcsdc Francc,
intcrdirc ;\ tout b:itimcnLl'acccs des rivagesd'An–
gleterrc, et ne s'adrcssant pas en cela , disail-il ,
:iux Américains, rnais aux rivagcs d'Anglctcrrc,
enrcprésaillcdc cequi se fnisaiLcontrelesril'agcs
Je Francc. Enfin, ayant eles armées dcl'ant Lis–
bonnc et Cadix, il soutcnait que, porter des
fa–
rincs
a
Lisbonnc et i1 Cadix , c'était 1•iolcr un
blocus récl, et il "vait prcscrit de l'cmpccher.
Ces rcstl'ictions au dl'Oit pur des ncutrcs étaicnt
fort soulenablcs, mais lcur utilité récllc ne l'alait
pas le mauvaisc!Tet qu'cllcs devaicnt produircen
A1nérique.
Quant au comrncrcc, Napoléon, toujours soi–
gneux, en admetlant en Francc les Américains,
de n'y introduirc ni des batiments anglais, ni
eles produits anglais, avait imaginé des précau·
tionscxtrcrncmcnt minutieuses. D'abord il n'"vait
permis que dcux points de départ,New-Yo1·k et
la Nouvclle-Orléans, et trois points dºari·ivéc,
Dorcleaux, Nantes et le Havre. 11 avait cxigé que
chaquc gargaison fút, avant le départ d'Arné–
riquc, vérifiéc et inventoriée par ses consuls,
pour qu'il n'y cut pasen roulc substitution ele
valcur et de qualité. En outrc il avait dé;igné les
matii:res qu'on pourrait importer en Francc, en
avait exclu lesucrc et lecafé, qui sont d'originc
toujours doutcusc, et avaiL voulu qu'cn rclour
des marchaneliscs inLroduites , les Amérieains
fusscnL tcnus cl'cxportcr un tiersde la valcur ele
ces marchandises en vins, et dcux tiers en soie–
rics. Enfin, il avaiL soumis les objets importés
d'Amériquc au fomcux tarif du 5 aout 18-IO,
lcqucl eonsistait
a
substituer un droit ele 50 pour
cent
il
la prohibition absoluc prononcéc eontrc
tous les procluits cxotiques.
Lorsc¡ue les Américains admis dans nos ports
y trouvcrcnt ces génes, rclativcment aux points
de départ et d'arrivée, relatil'emcnL 11
la
nature
eles marehandiscs qu'ils pouvaicnt introduirc,
a
la nature et
a
la proportiondecellcs qu'ilsétaicnL
tcnus d'cxportcr , ils se plaignircnt vivcmcnt
d'un commcrce chargé de parcillcs cntraves, et
malheurcuscmcnl leursplaintes portécsauxÉtats–
Unis dcvaicnL y produire un rctcntissemcnL ¡,¡_
chcux.Napoléon, enc!Tct,se privait pour un bien
pctitavantagc cl'un résultat politique fort irnpo1·–
lant, celui d'unc déelaraLion de gucrre ele l'Amé–
rique
a
l'Anglcterrc.Touten ayantraison denepas
vouloi1· laisscr s'infiltrer les produits anglais en
Francc par le moycn des neutres, ilétait bien cci·–
tain qu'unc foislagucrrcdécforér, lesAméricains
nepuiscraient gui:rc lamatii:rc de Jcursimporta–
tioos dans les cntrcpóts
britanniqucs.Deplus, en
cxigcant des conslatations bien faitcs par clescon–
sulsd'une probitérigourcusc, il aurait pu se dis–
pcnscr de rcstreindrc
¡,
deux ports en Amérique,
n
troisportsen Francc, les pointsdc cléparlctd'nr–
ri1•éc; car c'était rcndrcaux
AngI.isle blocus ele
nos rivagcs trop fucile, que ele réduirc
á
trois le
nombre des poinls
n
bloquer. Quant aux mar–
ehandises, la plu1iart, commc les bois, les lahacs,
les farincs, étaient tcllement ¡ll'opres aux
l~tals-